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L’égalité vue par Nicole Juteau

« Arrêtons de penser qu’on est obligées de montrer qu’on est capables. Oui, on est capables! »

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Temps estimé de lecture :2 minutes

Bandeau :Photo : © Collection patrimoniale de la Sûreté du Québec (1976)

En juin 1975, après un stage pratique à l’Institut de police du Québec, Nicole Juteau est embauchée par la Sûreté du Québec. À 19 ans, elle devient la première policière québécoise. Pour permettre son assermentation, l’Assemblée nationale du Québec doit modifier le règlement numéro 7, qui réservait jusque-là la profession… aux hommes! Nicole Juteau travaillera pendant 24 ans à la Sûreté du Québec, dont 18 ans comme agente double pour l’escouade de la moralité et agente de renseignement criminel durant la guerre des motards. Elle prendra sa retraite à l’âge de 46 ans. En novembre 2020, l’embauche de Nicole Juteau en tant que première policière au Québec a été désignée comme évènement historique par la ministre de la Culture et des Communications.

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Plusieurs films et séries télé montrent des femmes prendre leur place à la tête de corps de police et d’enquête. En 2023, dans la vie réelle, la profession est-elle accueillante pour les femmes au Québec?


Effectivement, les films et séries donnent souvent le goût aux jeunes femmes de rejoindre le milieu policier, en voyant que tout se passe bien, que tout est simple, facile… Mais il peut arriver que ce soit différent de ce qu’elles pensaient, notamment au regard de l’acceptation par les confrères masculins.

Quand on débute dans la police, on fait de la patrouille. Après quelques années, on peut faire partie de différentes escouades. Certains domaines comptent déjà plus de femmes, comme le service d’identité judiciaire (empreintes, scènes de crime), le service d’enquête sur les crimes majeurs ou encore l’escouade de la cybercriminalité. Quant au recrutement, il n’y a, à mon sens, aucun problème sur ce plan aujourd’hui.

Y a-t-il une relève féminine durable dans le milieu policier, comme dans d’autres métiers à forte prédominance masculine?

Dès 1972, j’ai commencé en Techniques correctionnelles au Collège Ahuntsic. Le programme Techniques policières était à l’époque interdit aux femmes. J’ai réussi quand même l’année suivante à l’intégrer (le nouvel orienteur n’était pas au courant que les femmes n’y étaient pas admises!). Mais j’ai dû signer un document de désengagement du Collège, qui précisait que le programme n’offrait pas de perspectives d’emploi pour les femmes…

Aujourd’hui, dans les programmes de Techniques policières, certains groupes comptent plus de femmes que d’hommes. La relève féminine commence réellement à bien s’installer.

Quelle personnalité féministe vous inspire le plus?

Dans ma famille, nous étions quatre frères et quatre sœurs. Il n’y avait aucune différence de traitement entre nous. Dans les années 1960, ma grand-mère a initié mes frères à la chasse. Ma mère aimait beaucoup deux personnalités qu’elle regardait à la télé : Aline Desjardins, qui animait l’émission Femme d’aujourd’hui, et Janette Bertrand. Alors par la force des choses, j’ai connu ces femmes et elles m’ont grandement inspirée. Je pourrais aussi citer Micheline Lanctôt.

Trois mots qui décrivent pour vous le féminisme?

Égalité. Ténacité. Être soi-même.

Nommez une valeur égalitaire qu’il faut absolument transmettre aux générations futures.

Rester soi-même et faire valoir ses idées malgré certaines contraintes avec les confrères masculins. Arrêtons de penser qu’on est obligées de montrer qu’on est capables. Oui, on est capables!

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