Aller directement au contenu

Éducation et stéréotypes : socialiser le genre humain

… et déboulonner les mécanismes d’exclusion

Auteur路e :Sébastien Boulanger

Bandeau :Illustration : © Nadia Morin

Révision linguistique :Révision linguistique : Bla bla rédaction

Dès 1978, dans le premier chapitre de son avis fondateur Pour les Québécoises : égalité ou indépendance, le Conseil du statut de la femme se préoccupe d’éducation et de socialisation. La socialisation comprise comme ce processus qui, dès l’enfance, incite filles et garçons à intégrer nombre de rôles, de normes et de comportements différenciés selon leur identité sexuelle. À l’époque, le Conseil identifie les stéréotypes sexuels véhiculés dans des espaces charnières comme la famille, le milieu scolaire, l’adolescence et les médias. La cible? Proposer de nouvelles avenues pour déconstruire les comportements qui freinent la pleine participation des femmes à la vie sociale, politique et économique du Québec. Aujourd’hui, si certains stéréotypes de genre ont la vie de moins en moins dure, ils contribuent toujours néanmoins à alimenter de multiples mécanismes d’exclusion. Un dossier présenté dans le cadre du 50e anniversaire du Conseil!

Les enfants ont une propension à intégrer les réalités qu’on leur présente. Bien souvent, les histoires qu’on leur raconte – et quand elles deviennent leur préférées, ce sont souvent les mêmes soirs après soir – transmettent une vision plutôt homogène, traditionnelle et souvent non réaliste du monde. L’enfant aura tendance à reproduire les modèles et comportements qu’il a appris, qui correspondent à un attribution des rôles sociaux féminins et masculins figés et stéréotypés, et qui laissent peu de place de la diversité. Ces idées préconçues et réductrices véhiculées à travers la littérature contribuent à renfoncer les inégalités entre sexes. 


Julie Miville-Dechêne (2016)
Présidente du Conseil du statut de la femme (2011 à 2016)

L’éducation est l’assise du vivre-ensemble. À l’occasion de ses 50 ans, le Conseil et la talentueuse autrice et illustratrice Anne Villeneuve ont travaillé de concert à concevoir Cap Égalité, une bande dessinée jeunesse inédite. Ancré dans un milieu assurément atypique pour les filles, ce récit original déconstruit avec humour plusieurs stéréotypes inégalitaires, et met de l’avant la solidarité et l’entraide qui permettent de s’en affranchir. Le 19 septembre dernier, l’album édité par Les Publications du Québec était officiellement lancé devant public aux Archives nationales à Montréal. Un compte-rendu de Charles-Édouard Carrier.

Féminicides, discours masculiniste et nostalgie des « racines perdues », politiques discriminatoires… le journaliste Mickaël Bergeron prend le pari d’une masculinité différente. « Je remarque depuis quelques mois que plusieurs hommes espèrent et attendent que des gars s’avancent sur la place publique avec de nouvelles façons de voir la masculinité, une introspection, un examen de conscience et une forme de libération. Dans l’intimité, bien des gars sont tannés de la violence masculine, mais la prise de parole en public se fait plus discrète. » Un plaidoyer pour une diversité masculine, à cultiver dès la petite enfance.

À ce chapitre, le paysage québécois de l’éducation affiche une sous-représentation masculine marquée, en particulier au primaire et dans les services de garde, des milieux presque exclusivement féminins. Au-delà de la pénurie actuelle d’enseignant·e·s au Québec, la journaliste Mélina Nantel pose la question : « Pourquoi s’inquiéter de la faible représentation masculine en éducation? Pour offrir non seulement des modèles masculins essentiels aux jeunes garçons en quête de représentativité, mais aussi pour déconstruire les stéréotypes de genre, un pas fondamental dans l’évolution de notre société. »

L’univers de la sexualité demeure un bastion hétéronormatif, blanc, accolé de tabous et de stéréotypes tenaces. « Si la sexualité a été repoussée dans les marges du système d’éducation, d’autres sources d’informations – vraies ou fausses – sont venues combler le vide, comme la pornographie ou les réseaux sociaux. Un effet qui peut contribuer à la reproduction des inégalités de genre et à l’invisibilisation de portions de la population, comme les personnes de la diversité raciale, sexuelle et de genre, ou les personnes aînées. » Devant ce constat, Miriane Demers-Lemay a rencontré des sexologues éclairées, mobilisées, qui proposent de nouveaux espaces de dialogue.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) s’est imposée comme un partenaire de choix pour plusieurs réalisations du Conseil à l’occasion de son 50e anniversaire. Les deux organismes partagent en effet un principe fort : celui de l’importance de l’éducation et du rayonnement du savoir. Marie Grégoire est présidente-directrice générale de BAnQ. Elle y est entrée avec la promesse de mobiliser l’institution pour faire du Québec une société apprenante. À travers un portrait intimiste, la journaliste Mylène Moisan nous présente les audaces de celle qui souhaite amener BAnQ dans tous les foyers québécois!

Le 14 septembre dernier, le Musée de la civilisation inaugurait son nouvel espace collectif Voie libre avec la présentation du forum philosophique Rendre l’égalité possible. Le thème? Socialisation et stéréotypes sexuels. Une formule novatrice et participative, trois panélistes de marque et des échanges animés sur la masculinité, la représentation médiatique de la diversité sexuelle et les métiers dits traditionnellement masculins. Un événement présenté à l’occasion du 50e anniversaire du Conseil, en collaboration avec le magazine Gazette des femmes.

En juin 1975, après un stage pratique à l’Institut de police du Québec, Nicole Juteau est embauchée par la Sûreté du Québec. À 19 ans, elle devient la première policière québécoise. Nicole Juteau travaillera pendant 24 ans à la Sûreté du Québec, dont 18 ans comme agente double pour l’escouade de la moralité et agente de renseignement criminel durant la guerre des motards. Elle prendra sa retraite à l’âge de 46 ans. Nicole Juteau répond à nos cinq questions sur l’égalité!

Enfin, à l’occasion des 50 ans du Conseil, le magazine Gazette des femmes passe le bâton de parole aux jeunes. L’objectif? Recueillir les aspirations, les préoccupations et les rêves d’une génération montante, d’une jeunesse engagée qui pose un regard lucide sur les réalités complexes qui la touchent. Meryam Chagouri a 18 ans. Elle est née à Montréal de parents marocains. Elle participe dès 2019 à l’émission 100 Génies, où elle brille pendant 4 saisons par l’étendue de ses connaissances, sa curiosité et sa bonne humeur contagieuse. Meryam partage avec nous les valeurs qui la font briller.

Bonne lecture!