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Élire une femme, ça change la donne!

La diversité au cœur des enjeux… et de la solution

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Temps estimé de lecture :4 minutes

Bandeau :Photo : © Colin Lloyd (unsplash.com)

Lorsqu’on constate le nombre grandissant de candidatures féminines aux élections municipales, on doit reconnaître les retombées de l’élection d’une femme à la mairie de Montréal en 2017.

Cette première historique a permis à des femmes de s’identifier à cette nouvelle élue et de croire qu’il est possible de se lancer en politique municipale. Les chiffres de 2021 parlent d’eux-mêmes : 35,5 % de candidatures féminines comparativement à 31,3 % lors des dernières élections en 2017. Chez les 35 à 44 ans, 45 % des personnes candidates sont des femmes, une proportion qui grimpe à 49,6 % chez les 18 à 34 ans!

Je crois aussi que la pandémie y est pour quelque chose. Les femmes ont été sur la ligne de front durant cette crise. Que l’on parle de conciliation famille-travail, de relance économique, de violence conjugale, de racisme, de conditions de travail des travailleuses essentielles, de crise de logement, d’inégalités… parce qu’elles ont été les plus durement touchées, le désir d’apporter des changements concrets dans la vie des citoyen·ne·s pousse des femmes à présenter leur candidature. Elles sont au cœur des enjeux et sont, tout à la fois, au premier plan de la solution.

Leadership féminin

Dorothy Rhau

D’ailleurs, plusieurs pays qui ont su gérer avec succès le début de la crise sanitaire sont dirigés par des femmes. Pensons à Jacinda Ardern en Nouvelle-Zélande ou à Angela Merkel en Allemagne, des femmes qui ont démontré de grandes qualités de leader devant l’urgence.

Plusieurs études ont aussi montré que les entreprises à haut rendement ont des femmes dans des postes décisionnels. Je pense à Hydro-Québec qui, sous la direction de Sophie Brochu, a décroché récemment son plus gros contrat d’exploitation.

Si aujourd’hui tant d’entreprises déploient des efforts considérables pour valoriser la parité et la diversité, c’est grâce à des femmes comme Caroline Codsi, fondatrice de l’organisme La Gouvernance au Féminin, ou encore Sévrine Labelle et Danièle Henkel, respectivement présidente-directrice générale et porte-parole d’Evol (anciennement Femmessor). L’organisme a d’ailleurs récemment élargi sa mission traditionnelle d’accompagnement des femmes, grâce à un fonds de 52,5 millions de dollars visant à soutenir l’entrepreneuriat inclusif de la « grande diversité » (entrepreneur·e·s racisé·e·s, immigrant·e·s, membres des Premières Nations et de la communauté LGBTQ2+, etc.).

Et la diversité politique dans tout ça?

Tout comme pour le leadership féminin, dès que la diversité se met de la partie dans une organisation, les retombées positives se décuplent. Sans compter que les candidates issues de la diversité sont dotées d’une faculté de distinguer les angles morts.

Régine Laurent s’avère un parfait exemple. La présidente de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, chargée de trouver des solutions aux problèmes persistants de la DPJ et de réviser la Loi sur la protection de la jeunesse, avait comme mandat la protection des droits de tous les enfants québécois. Grâce à son vécu, à son expérience professionnelle et parce qu’elle est une femme noire, elle a su utiliser le pouvoir qui lui a été conféré par le biais de cette commission pour dénoncer le traitement que vivent les familles autochtones et la surreprésentation des enfants noirs à la DPJ.

Pour apporter des solutions innovantes, des résolutions justes et équitables qui toucheront l’ensemble des citoyen·ne·s, pour aborder des sujets sans négliger les angles morts, il est nécessaire que des élues issues des minorités culturelles occupent des postes exécutifs. Actuellement, on parle de sécurité publique : est-ce qu’on prend en considération le profilage racial? L’environnement, les logements abordables et salubres sont-ils analysés sous la loupe de l’intersectionnalité?

Pour aborder des sujets sans négliger les angles morts, il est nécessaire que des élues issues des minorités culturelles occupent des postes exécutifs.

J’applaudis le courage des chefs et cheffes de partis qui, à Montréal, ont stratégiquement encouragé des candidates racisées à se présenter dans des comtés gagnants et à la mairie d’arrondissements. Signe d’une volonté politique de faire plus de place à la diversité.

Ainsi, Dominique Ollivier se présente dans le district du Vieux-Rosemont. Si Projet Montréal demeure au pouvoir, elle deviendra la présidente du comité exécutif de la Ville.

Chez Ensemble Montréal, Emilia Tamko est candidate dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. L’aspirante élue est fondatrice de l’Université dans la Nature, un OBNL qui vise à promouvoir les savoirs scientifiques à propos de l’effet de la nature sur la santé mentale et physique.

Dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, Mouvement Montréal fait preuve d’audace en présentant Kassandre Chéry Théodat, une enseignante et résidente du quartier qui connaît bien les réalités de son milieu et qui est prête à relever les défis.

Le nom de Valérie Plante est désormais inscrit aux côtés de ceux des autres pionnières qui ont fait avancer la cause des femmes en politique. Et qui, par le fait même, sont un modèle d’inspiration pour plusieurs.

Kettly Beauregard, première élue noire à siéger à l’hôtel de ville de Montréal, a ouvert la voie à d’autres femmes noires. Cathy Wong a motivé un homme comme Daniel Tran à faire ses premiers pas en politique. Maintenant, dans cette ère de vérité et de réconciliation, je suis impatiente de voir un jour des femmes autochtones prendre leur place dans l’arène politique municipale.

Une plus grande diversité, davantage de candidatures féminines et un plus grand nombre de femmes élues aux élections municipales ne peuvent qu’être bénéfiques pour toutes et tous. Pour faire de nos villes et villages un lieu décisionnel de proximité par excellence, d’où germent des règlements, des programmes et des modes de financement plus égalitaires et plus inclusifs.

Née à Montréal et d’origine haïtienne, Dorothy Rhau s’est fait connaître en tant que première femme noire humoriste francophone au Québec et au Canada. Depuis juillet 2018, elle se concentre sur son implication dans la société, notamment comme présidente de l’organisme à but non lucratif Audace au Féminin, dont l’objectif est de contribuer à l’émancipation et à l’autonomisation sociale et économique de la femme noire. Elle a également créé, en 2016, le Salon international de la femme noire (SIFN), un nouveau projet d’entrepreneuriat social. Dorothy Rhau s’est récemment jointe à l’équipe de Danielehenkel.tv comme chroniqueuse.