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Femmes du monde : des initiatives féministes

Perspectives universelles

Auteur路e :Sébastien Boulanger

Bandeau :Illustration : © Nadia Morin

Révision linguistique :Révision linguistique : Bla bla rédaction

Après une année historique à creuser le legs féministe d’ici – parce que 50 ans de Conseil, c’est un peu notre histoire! –, le magazine Gazette des femmes entreprend 2024 sur des traverses différentes. En croisant des perspectives qui donnent à découvrir, nous visitons des femmes du monde, leurs regards, leurs horizons, leurs actions. Chacune à leur manière, ces initiatives féministes, souvent locales mais toujours nécessaires, laissent des traces universelles.

Lancé par la Suède en 2014, le concept de diplomatie féministe revendique cette résonance mondiale. Si la dénomination est relativement récente, l’approche n’est pas étrangère aux valeurs scandinaves. Depuis l’annonce par le gouvernement suédois de la première politique étrangère féministe au monde, une douzaine de pays, dont le Canada et la France, se sont inspirés du principe. Malgré des contours parfois flous, la diplomatie féministe pourrait bien s’avérer l’outil de paix d’une génération nouvelle. Un texte éclairant d’Hélène Mercier.

« Je n’étais jamais allée à l’ONU avant, je ne connaissais absolument rien des protocoles diplomatiques, je n’avais jamais mené d’enquêtes […]. On m’a dit : “le secrétaire général de l’ONU veut vous parler”. » En 1996, Louise Arbour quitte son poste de juge à la Cour d’appel de l’Ontario pour devenir procureure en chef des Nations unies, au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda. La journaliste Mylène Moisan a rencontré Louise Arbour, une femme à contre-courant qui a toujours fait les choses hors de sa zone de confort. Portrait de l’engagement d’une dame exceptionnelle.

Dans les pays de l’Asie de l’Est, les féministes se rassemblent autour d’un même combat : la lutte contre la misogynie ambiante et les traditions patriarcales inspirées du modèle social confucéen. Au Japon, dans la foulée du mouvement #MoiAussi, les essayistes féministes connaissent un engouement inédit, qui dépasse les frontières de l’archipel. Correspondante à Tokyo, Johann Fleuri a rencontré certaines de ces autrices et libraires qui, entre l’essor et la renaissance du féminisme japonais, sont à l’avant-garde d’une minirévolution dans le milieu de l’édition japonaise.

Au Bélarus, la dérive totalitaire du régime d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, a largement ébranlé la société civile. Les organisations féministes n’y ont pas échappé. En exil en Pologne ou en Lituanie, les Bélarussiennes dissidentes s’organisent et tissent des réseaux de soutien. De Varsovie, Patrice Senécal constate que plusieurs initiatives prennent forme, en particulier celles qui visent à soutenir les réfugiées, les prisonnières politiques et les femmes victimes de violences domestiques au Bélarus.

Pour lutter contre la précarité menstruelle et briser le tabou tenace autour des règles au Sénégal, une entreprise sociale aux idées plein la tête propose une série de produits et de solutions pour informer les jeunes et les moins jeunes. Au collège de la Somone, un village situé au sud de Dakar, la journaliste Clémence Cluzel a pu apprécier les fruits du travail de Marina Gning, cofondatrice de l’organisation solidaire ApiAfrique.

La route du village de Chorchana, où vivent une vingtaine de familles, offre une vue imprenable sur le Caucase. Chorchana se trouve à proximité d’une zone de tensions avec la République autoproclamée d’Ossétie du Sud, une région qui a fait sécession de la Géorgie en 1991 lors de la chute de l’Union soviétique. Premier État à reconnaître la souveraineté du territoire, la Russie érige depuis 2008 une frontière physique autour de l’Ossétie du Sud. Devant l’isolement et l’exode, des femmes de Chorchana se mobilisent pour sauver leur village. Clément Girardot s’y est rendu.

En septembre 2023, l’historienne Aïcha Limbada publie aux éditions La Découverte l’essai La nuit de noces – Une histoire de l’intimité conjugale. Pour la journaliste Cécile Calla, si l’histoire de l’intimité conjugale est limitée en raison des rares sources disponibles, « elle souligne crûment le double standard de la morale, des normes et des rôles sexuels qui perdure […]. En nous éclairant ainsi sur les racines de nombreuses injonctions et normes patriarcales, le livre d’Aïcha Limbada est une belle contribution aux débats féministes d’aujourd’hui ». Recension d’un ouvrage singulier.

Bonne lecture!