Aller directement au contenu

Perspective jeunesse : être et vieillir

Le dénominateur humain

Date de publication :

Auteur路e :

Bandeau :Photo : © Annabelle Lehouillier

À 17 ans, Alexia Lehouillier-Berthiaume est une militante pour le climat, un engagement de tous les instants. En 2023, la Montréalaise a participé au Laboratoire des jeunes journalistes en environnement, une initiative parrainée par le média de solutions Unpointcinq et la Fondation Monique-Fitz-Back dans le cadre de sa campagne Sors de ta bulle. Alexia a un intérêt marqué pour la politique ainsi que pour la musique francophone, qu’elle aspire à faire rayonner. Son secondaire tirant à sa fin, elle souhaite consacrer ses prochaines années à militer pour freiner les changements climatiques et bâtir un monde meilleur.

Inutiles à la société, passives, férues de pétanque… Les personnes âgées cumulent de nombreux préjugés à leur égard. Encore davantage lorsqu’il s’agit des femmes. Les aînées sont victimes d’une intersectionnalité entrecroisant sexisme et âgisme. On voit souvent les femmes aînées comme des personnes faibles. On les imagine vêtues d’un petit châle.

De manière générale, vieillir, pour une femme, c’est être perçue par la société comme une personne qui est sur son déclin, qui perd son pouvoir d’attraction, sa sexualité, sa valeur…

La pression de paraître jeune et le manque de soutien pour passer à travers la ménopause peuvent grandement affecter les femmes.

Passé un certain âge, les femmes aînées désertent nos films et séries télévisées et sont souvent limitées, lorsqu’elles y apparaissent, à jouer des rôles de mère ou de grand-mère. Comme si, en vieillissant, la fenêtre des possibles de qui nous pouvons être se refermait lentement, jusqu’à nous restreindre à notre étiquette familiale.

La société aurait pourtant tout à gagner à ce que plus de femmes âgées investissent l’espace public et qu’on soit bienveillant(e)s envers elles. Côtoyer des femmes aînées est important pour se rappeler les combats féministes des dernières décennies, pour se souvenir des acquis. Les femmes aînées apportent de la douceur dans nos cœurs et un rythme plus lent qui est bénéfique pour tout le monde.

Quand je pense à ma vieillesse, je suis à la fois inquiète et empreinte d’une once d’espoir. En contexte de crise climatique, est-ce que je peux accepter de vieillir sans avoir milité à 100 % pour que les générations qui suivent n’aient pas à le faire? Je pense que je ne suis pas encore assez confiante en l’an 2080 pour ça. Pour l’instant, je préfère ne pas tout miser sur le temps libre de mes vieux jours et vivre le moment présent le plus fougueusement possible.

« La société aurait pourtant tout à gagner à ce que plus de femmes âgées investissent l’espace public. »

Je vois aussi la vieillesse comme un but, lointain et sincère, de faire vieillir mes amitiés. Parfois, je m’imagine dans la même maison de retraite que mes meilleures amies, à discuter sur la galerie en nous berçant. Je nous vois belles, sereines et radoteuses dans le bon sens. Oui, on portera peut-être un p’tit châle, mais je nous souhaite d’être encore ouvertes et enthousiastes à l’égard des nouveautés que les « jeunes » vont apporter.

Je nous souhaite d’avoir tellement été quelqu’un que notre principale caractéristique ne soit pas d’être vieilles.

Je nous souhaite de continuer à créer, à faire de l’art et à utiliser notre temps à bon escient.