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Récits de pionnières : le pouvoir inspirant des fonds d’archives

Trésors de femmes

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Temps estimé de lecture :4 minutes

Photo : Québécoises debout[e]!, vers 1970. Archives nationales à Montréal, fonds Antoine Desilets (P697, S1, SS1, SSS9). Photo : Antoine Desilets.

Essentielles à la compréhension de l’histoire et complémentaires aux livres et aux journaux, les archives regroupent tout document produit ou reçu par une personne physique ou morale (organisme, entreprise, ministère, etc.) qui témoigne d’une époque, d’une personne ou de l’évolution de la société. À ce chapitre, le Québec répertorie plusieurs fonds d’archives dédiés aux femmes. Tour d’horizon de ces trésors indispensables à la sauvegarde de la mémoire collective.

Dominique Michel et Janette Bertrand, qui ont fait don de leurs archives personnelles à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), n’ont pas besoin de présentation. Mais que nous apprend une lecture sur la vie de Gabrielle Gaudreault, fondatrice et première directrice du Conservatoire de musique de Chicoutimi pendant un quart de siècle? Que découvre-t-on en parcourant les pages du journal de Pauline Laurin, infirmière de la Côte-Nord? Que contiennent les correspondances d’Anne-Marie Palardy, née en 1871 d’une famille bourgeoise? ou encore les notes manuscrites d’une épouse de marchand qui faisait les comptes et gérait l’entreprise familiale à la fin du 18e siècle?

Un accès privilégié

Des artistes aux féministes engagées, des pionnières aux femmes de l’ombre, elles sont plusieurs à avoir décidé de léguer aux Québec une partie, voire la totalité, des précieux documents qui ont marqué leur parcours. Récemment, c’est Jeanne Larocque Blackburn qui a fait don d’un fonds d’archives à son nom, à Saguenay. Un geste qui permet de mieux comprendre la réalité d’une femme en politique, devenue ministre, et en région de surcroît.

« Quand quelqu’un décide de donner son fonds d’archives, c’est quelque chose de très personnel. C’est le reflet d’une parcelle de vie et c’est là où ça prend tout son sens, selon moi, pour nous aider à comprendre un contexte sociologique et historique au fil des parcours d’humains », explique Marie Grégoire, présidente-directrice générale de BAnQ.

Ces trésors d’archives, accessibles gratuitement, peuvent être consultés sur place ou en ligne par l’entremise de la plateforme Advitam (qui signifie pour la vie en latin). « Les demandes de consultation sont très variées, explique Myriam Gilbert, archiviste-coordonnatrice à BAnQ. Des étudiantes et des étudiants, des journalistes, des historiennes et des historiens, des gens fascinés par l’histoire ou d’autres qui veulent en savoir plus sur leur famille et leurs origines consultent les archives. »

Notre histoire, une boussole pour le futur

Si, par exemple, le Conseil du statut de la femme a pu contribuer aux grandes avancées égalitaires des dernières décennies, c’est grâce à ces femmes qui se sont engagées et qui ont fait en sorte que la société québécoise devienne plus ouverte. Les fonds d’archives contribuent, à leur façon, à faire avancer la cause des femmes et s’ajoutent aux efforts pour la construction d’une société égalitaire et inclusive.

De l’arrivée des premiers colons français à aujourd’hui, ces documents d’une richesse inestimable illustrent de façon authentique et sans filtres l’évolution du rôle des femmes en quatre cents ans d’histoire. Page par page, une photo, une phrase, un dessin, une lettre à la fois, ils honorent ces femmes précurseures qui ont lutté pour faire avancer le Québec.

« C’est important que les jeunes femmes réalisent que d’autres avant nous ont travaillé fort, ont eu la vie dure et se sont battues pour qu’aujourd’hui elles aient le choix de faire des études, de mener une belle carrière, d’avoir la vie qu’elles souhaitent, mariées ou non, avec ou sans enfants. En 2023, ça va de soi, mais il y a cinquante ans, c’était une autre histoire. Et il y a encore beaucoup de pays dans le monde où ce n’est malheureusement toujours pas le cas », réfléchit Myriam Gilbert. En 2020, l’archiviste a d’ailleurs prêté sa plume à l’ouvrage Reflet de mémoires, qui soulignait le centenaire des Archives nationales, en signant le chapitre Québec au féminin.

Valoriser le savoir et la culture

BAnQ tend vers un objectif d’accessibilité pour l’ensemble des Québécoises et des Québécois. « C’est faire du Québec une société d’apprenantes et d’apprenants, où l’on acquiert des connaissances toute la vie. Quand plusieurs pans de nos collections deviennent accessibles en ligne ou sur place, quand des gens avec une expertise unique sont capables de mettre en contexte, d’expliquer et d’accompagner le public dans ses recherches, c’est comme ça qu’on ouvre les horizons. On s’est donné comme mission de démocratiser l’accès au savoir et à la culture », conclut Marie Grégoire.

Quatre documents tirés de fonds d’archives de femmes à consulter en ligne

L’outil Advitam suggère plusieurs centaines de milliers de documents conservés par BAnQ, dont les plus anciens datent du 16e siècle. Voici quatre documents issus de fonds d’archives de femmes au contenu à la fois singulier et fascinant, accessibles en ligne.

Certificat de bonne conduite décerné par H. L. Lelièvre – 6 juillet 1810
Certificat de bonne conduite accordé à Marie-Magdeleine Banville et à sa fille Geneviève Vallée, de la Baie-St-Paul, par H. L. Lelièvre, en 1810.

Carnet de voyage de Clémence DesRochers
Carnet de Clémence DesRochers rédigé lors d’un voyage en France, en 1979.

Journal personnel – 1936-1938
Journal personnel de l’infirmière Jacqueline Noël, écrit alors qu’elle était éducatrice des quintuplées Dionne.

Fonds Lady Louisa Anne Whitworth-Aylmer – 1831-1927
Album relié ayant appartenu à Lady Aylmer dans lequel elle raconte, entre autres choses, ses visites à l’Hôtel-Dieu, à l’Hôpital général et au monastère des Ursulines de Québec, et où elle souligne avec admiration le dévouement des religieuses.