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Le Conseil du statut de la femme : une mission fondamentale pour la marche vers l’égalité

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Le Conseil du statut de la femme est un organisme gouvernemental unique. Porteur d’une triple mission de consultation, d’étude et d’information publique, le Conseil joue un rôle de veille auprès du gouvernement sur tout ce qui touche de près ou de loin à l’égalité et au respect des droits des femmes. Si le Québec marche aujourd’hui fièrement vers l’égalité, c’est entre autres grâce à cet organisme phare qui, depuis 50 ans, s’affirme comme un haut lieu de réflexion, de savoirs et de rencontres. Retour sur une mission unique et sur l’importance du rôle du Conseil dans la société québécoise.

En 50 ans d’histoire, le Conseil aura constitué le porte-voix institutionnel de l’avancement de l’égalité au Québec. Si ses activités ont évolué au fil des ans, son rôle et sa mission demeurent, tandis que sa pertinence, elle, s’affirme et se renouvelle.

« On ne peut pas dire que l’égalité est atteinte au Québec, on est plutôt en marche vers l’égalité. Le Conseil renvoie l’image de cet avancement, de la manière dont cet avancement s’opère, et en démontre les acquis tangibles », affirme Rakia Laroui, vice-présidente du Conseil, et membre de celui-ci depuis 17 ans.

Un rôle-conseil

Selon la présidente du Conseil, Me Louise Cordeau, le Conseil a d’abord pour mission de conseiller l’État. « C’est un regard objectif sur les enjeux d’égalité, qui contribue à l’action législative et gouvernementale. »

Comme conseiller du gouvernement, le Conseil produit des avis, formule des recommandations et peut saisir la ministre responsable de la Condition féminine de toute question relative au statut des femmes. Il assure également une vigilance constante pour que les décisions et les interventions de l’État respectent les besoins, les spécificités et les intérêts des femmes.

À travers les époques, le Conseil a étudié les conditions de vie des Québécoises, et a suivi de près l’évolution des enjeux d’égalité. Grâce à la production de centaines de rapports, de recherches, d’avis et de mémoires, la mission d’étude est le noyau central de l’expertise de l’organisme.

Un regard objectif

Rakia Laroui, vice-présidente et membre du Conseil, et professeure titulaire à l’Unité départementale des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Rimouski

« On considère que le travail fructueux s’effectue dans la collaboration, et non dans la confrontation. Le Conseil est un organisme consultatif, et la crédibilité des recommandations que l’on porte s’appuie sur nos résultats de recherche », explique la présidente, Louise Cordeau.

« De plus en plus, les recommandations du Conseil sont considérées par le gouvernement », se réjouit Rakia Laroui. « Quand on présente nos mémoires, on perçoit une écoute, une considération et un désir de répondre positivement. » Selon la vice-présidente, la crédibilité grandissante du Conseil résulte d’abord de son expertise en matière de recherche et de documentation.

Avec les années, le Conseil a produit et analysé une quantité phénoménale de données et s’est constitué une banque documentaire importante. La valeur de cette documentation s’inscrit dans une méthodologie scientifique rigoureuse, conjuguée à un contact régulier avec le terrain. Par ses recherches qualitatives, qui prennent par exemple la forme de récits de vie ou d’entrevues, le Conseil réussit à marier l’approche scientifique et les contextes de vie concrets des Québécoises.

« Mes étudiantes et étudiants se réfèrent de plus en plus aux travaux du Conseil pour bâtir leur cadre théorique ou encore pour aborder une problématique », affirme Rakia Laroui, qui est également professeure titulaire à l’Unité départementale des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Rimouski.

Depuis 1974, le Conseil gère le Centre de documentation Marie-Lacoste-Gérin-Lajoie, le plus grand centre au Canada spécialisé en documentation francophone sur le féminisme et la condition féminine. Ce centre soutient le travail d’analyse, de recherche et d’information du Conseil. Il offre également une assistance en matière d’information et de documentation au personnel de la fonction publique et aux chercheuses et chercheurs intéressé·e·s par la condition féminine et l’égalité des sexes.

Les travaux du Conseil frayent ainsi leur chemin au-delà des cercles gouvernementaux, et réussissent à atteindre les plus jeunes générations concernées par les enjeux défendus par l’organisme.

Porter les voix

Au fil des ans, le Conseil réaffirme sa pertinence et sa présence grâce à un vaste réseau de diffusion de ses travaux. Il mise aujourd’hui sur une variété de productions, de modes de diffusion et de partenariats. Par sa mission d’information publique, le Conseil joint ainsi aussi bien les femmes que le grand public, grâce entre autres à ses publications vulgarisées, à ses outils pédagogiques, à sa participation à divers événements ou encore à ses séries de balados, véritables porte-voix en matière d’égalité.

Édité par le Conseil depuis 1979, le magazine Gazette des femmes permet par ailleurs d’approfondir différentes réalités chères à l’organisme à travers le prisme journalistique. La Gazette devient pour le lectorat un outil de documentation féministe de choix, et un lieu de contact avec des intervenantes pertinentes, des courants émergents et des points de vue originaux. « Pour informer le public sur les enjeux d’égalité, le Conseil jouit d’un rayonnement exceptionnel et de productions extraordinaires », affirme la présidente, Louise Cordeau.

Une indépendance pour faire progresser l’égalité, ici comme ailleurs

Bien que relevant du gouvernement du Québec, le Conseil du statut de la femme mise sur une autonomie certaine au sein de l’appareil d’État. Le Conseil, qui est composé de 10 membres issues des milieux syndical, universitaire, associatif et socioéconomique, entreprend de nombreux travaux qui couvrent un large spectre des enjeux d’égalité.

Cette autonomie est déterminante pour le Conseil au Québec, mais s’affirme également au sein d’autres instances nationales de consultation, comme le Haut Conseil à l’Égalité de France. Selon sa présidente, Sylvie Pierre-Brossolette, cette indépendance est primordiale, car elle assure d’offrir une liberté dans la recherche et dans le choix des sujets abordés.

« Pour informer le public sur les enjeux d’égalité, le Conseil jouit d’un rayonnement exceptionnel et de productions extraordinaires.  »

– Me Louise Cordeau, présidente du Conseil

« Il n’y a pas de problème de relecture avec le gouvernement. C’est nous qui choisissons les sujets sur lesquels nous voulons apporter un éclairage, toujours avec l’idée d’améliorer la situation des femmes. L’objectif, c’est de faire progresser l’égalité et les droits », affirme la présidente.

Pour Sylvie Pierre-Brossolette, le sérieux d’organisations comme le Haut Conseil à l’Égalité de France et le Conseil du statut de la femme au Québec repose sur cette expertise en matière de recherche. « On peut prendre le temps de faire une étude en écoutant la société civile, et produire des rapports qui mettent en lumière les injustices. C’est important de le faire, car les associations ne disposent pas toujours de moyens », dit la présidente.

Le mythe de l’égalité réelle

Andréan Gagné, membre du Conseil, et directrice générale par intérim et vice-présidente communications corporatives chez Edelman Canada

Selon Andréan Gagné, qui siège depuis quatre ans au Conseil du statut de la femme, les enjeux de diversité et d’inclusion prennent de plus en plus d’importance et font partie des préoccupations actuelles de la société québécoise.

« Les femmes québécoises évoluent, le contexte dans lequel elles vivent évolue. Le regard que porte le Conseil dans ses recherches sur ces nouvelles réalités est extrêmement inclusif, et ça vient naturellement avec le profil des femmes autour de la table. »

« On a la chance d’avoir des pionnières qui ont mené de multiples batailles qui ont été gagnées », poursuit Andréan Gagné. « Mais siéger au Conseil m’amène à réaliser que bien que l’égalité avance, de nouveaux défis se posent : la conciliation travail-famille, les conséquences de la pandémie sur les femmes, la cyberréalité des femmes… C’est un éternel recommencement, et c’est positif, car le Conseil a ainsi une éternelle pertinence. »

La présidente, Louise Cordeau, se réjouit de l’attention que suscite le 50e anniversaire du Conseil du statut de la femme, affirmant qu’il s’agit d’une belle opportunité pour parler d’égalité au Québec. « C’est l’occasion d’apprécier tout ce qui a été accompli, de mesurer les défis et d’envisager, à la lumière des outils dont nous disposons, les meilleurs moyens de poursuivre le chemin. C’est surtout le moment choisi pour réaffirmer notre attachement à un Québec fier de ses valeurs, à un Québec qui a l’égalité à cœur. »

Bannière 50e anniversaire CSF