Aller directement au contenu

L’égalité vue par Martine Biron

« Le féminisme ne peut être passif : on veut et on doit être dans l’action, au bénéfice du plus grand nombre de femmes possible. »

Date de publication :

Auteur路e :

Temps estimé de lecture :3 minutes

Bandeau :Photo : © Catherine Mercier

Martine Biron est ministre des Relations internationales et de la Francophonie et ministre responsable de la Condition féminine. Titulaire d’une maîtrise en science politique de l’Université Laval et formée au baccalauréat dans cette même discipline à l’Université du Québec à Montréal, elle a travaillé pendant 30 ans en tant que journaliste et analyste politique. En 1993, elle fait son entrée à la Société Radio-Canada, où elle se démarque comme figure féminine pertinente et crédible. Reporter nationale dans l’ouest du Canada et des États-Unis, elle s’intéresse particulièrement à la politique. Martine Biron a couvert deux campagnes électorales fédérales et cinq campagnes provinciales. On lui a également confié plusieurs mandats comme journaliste à Washington. Depuis 2016, on l’a surtout connue à titre d’analyste politique à Québec sur l’ensemble des plateformes de la Société Radio-Canada. Efficace et rigoureuse, elle fera le saut en politique en 2022, animée par son envie de servir le Québec et de contribuer à son développement économique.

Logo de la Gazette des femmes

Le pire ennemi de l’égalité, c’est…

De baisser les bras. Nous avons la chance au Québec de vivre dans une société qui valorise les femmes et les hommes. Nous avons des mesures sociales fortes pour assurer la place des femmes en société et pour préserver leur sécurité. Je pense à notre réseau de CPE, à notre régime d’assurance parentale, aux tribunaux spécialisés, aux bracelets antirapprochements.

Ces mesures peuvent laisser croire que l’égalité est atteinte au Québec. Mais on constate que les femmes sont toujours peu représentées dans certains domaines, qu’elles sont encore les principales victimes de violences sexuelles et conjugales. Et pour toutes les femmes qui, à juste titre, aspirent à plus, on ne doit pas baisser les bras.

Quelle personnalité féministe vous inspire le plus?

Janette Bertrand : une battante qui cultive toujours sa passion. Dès le début de sa carrière, elle s’est imposée comme figure médiatique féminine avant-gardiste. Elle a tôt fait d’aborder des sujets tabous, mais toujours avec élégance et discernement. Madame Bertrand a pavé la voie à toute une génération de femmes dans l’espace public et a permis qu’on ait des discussions essentielles sur les droits des femmes. C’est une grande dame.

Trois mots qui décrivent pour vous le féminisme?

S’impliquer, expliquer, s’entraider.

Trois verbes d’action. Le féminisme ne peut être passif : on veut et on doit être dans l’action, au bénéfice du plus grand nombre de femmes possible. On doit s’impliquer, c’est-à-dire qu’on doit prendre part à des initiatives qui valorisent la place des femmes et la défense de leurs droits.

Il y a aussi tout un travail d’explication, de pédagogie à faire. Il faut sensibiliser l’ensemble de la population aux enjeux spécifiques vécus par les femmes. Il faut expliquer pourquoi la parité, c’est encore d’actualité et essentiel.

Le féminisme, c’est également de l’entraide. Entre femmes, nous devons nous entraider et ne pas laisser nos différences nous diviser. Si on veut un Québec égalitaire, il faut qu’entre femmes, on se propulse mutuellement vers le haut.

Je suis féministe parce que…

J’ai les mêmes droits que tout le monde. Même si les femmes ont des droits reconnus pour lesquels des générations de femmes se sont battues, force est de constater que ces droits sont moins solides que ceux des hommes. Ils sont susceptibles d’être renversés, ici comme ailleurs. Le meilleur exemple récent est le renversement de l’arrêt Roe c. Wade aux États-Unis. Ce triste événement nous rappelle que rien n’est gagné et qu’il faut encore nous assurer de solidifier nos acquis.

Dans l’actualité, qu’est-ce qui vous a récemment réjouie en matière d’égalité entre les femmes et les hommes?

J’observe sur la scène internationale une forme de solidarité en matière de condition féminine. Un partage de connaissances et d’expertises s’effectue. Par exemple, la France s’inspire de nos tribunaux spécialisés en matière de violence sexuelle et conjugale. Le Québec, lui, s’est inspiré de l’Espagne pour protéger les femmes victimes de violence avec des bracelets antirapprochements. Ces échanges sont bénéfiques pour les femmes de partout dans le monde et nous forcent à nous élever mutuellement.

Bannière 50e anniversaire CSF