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Perspective jeunesse : l’égalité de Attou Mamat

Briller par ses valeurs

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Temps estimé de lecture :3 minutes

Bandeau :Photo : © Alexandre Cossette

À 24 ans, Attou Mamat est la cheffe de l’opposition officielle de la 74e législature du Parlement jeunesse du Québec, une simulation parlementaire et journalistique non partisane pour les jeunes de 18 à 25 ans. Chaque année, depuis 2018, elle siège à l’Assemblée nationale pour débattre d’enjeux contemporains avec une centaine de jeunes de partout au Québec. Juriste de formation, Attou est diplômée de l’Université McGill avec un baccalauréat en droit civil, un Juris Doctor et une mineure en études de genre, de sexualité, de féminisme et de justice sociale. Elle poursuit actuellement son parcours à l’École du Barreau du Québec. Dans ses temps libres, elle s’adonne à la poésie et à la musique. Une plume à la main, une guitare sur les genoux ou un violon à l’épaule, Attou travaille à créer des espaces de réflexion et de guérison à travers la performance artistique.

Enfant, je voulais devenir politicienne. Je m’imaginais dans ce rôle que j’idéalisais, en partie pour son prestige, mais surtout pour l’influence qu’il permet d’avoir sur une communauté.

Or, alors que je nourrissais ce rêve, je peinais à me reconnaître parmi les visages élus dans les institutions démocratiques qui se voulaient les miennes, les nôtres. Les femmes se faisaient peu nombreuses en politique et les femmes noires, encore moins.

Bien qu’il y ait eu des progrès sur ce front dans les dernières années, plusieurs barrières persistent. Les éclats du plafond de verre nous retombent dessus à coups de violences genrées. L’accès des femmes au pouvoir est souvent rattaché à une volonté de nous tenir responsables des erreurs de nos prédécesseurs. On nous place au sommet quand tout va mal pour qu’on réalise des solutions miracles. La barre est haute et l’échec, impardonnable.

Ça en pousse plusieurs à quitter la politique et en décourage d’autres de s’y lancer.

En parallèle à ce constat, j’ai découvert que la politique peut prendre plusieurs formes et que nos institutions démocratiques ne sont pas les seuls lieux décisionnels dignes de ce nom. La politique, c’est aussi le renforcement des communautés par des actions plus informelles – et peut-être moins valorisées – comme des soupers ou d’autres occasions de rencontre.

Quand autant de femmes que d’hommes sortiront de l’opacité pour se “jeter dans le monde”, pour déployer leur ego, pour pratiquer leur liberté dans un univers qu’elles auront contribué à constituer plutôt que dans une situation subie et constituée avant elles et par d’autres; quand autant de femmes que d’hommes répondront de leurs actes qui auront un poids sur la société, la planète sera différente. Accéder au pouvoir quel qu’il soit, c’est se mettre en situation de responsabilité. C’est ainsi que dans leur quête du pouvoir, les femmes ne revendiquent pas un droit de plus mais la possibilité d’être “en devoir”.

C. McKenzie, Francine (1988). « Le pouvoir en soie… et le pouvoir en soi… ».
Gazette des femmes, vol. 9, no 6, p. 2.

The personal is political. Nos expériences qui relèvent de la sphère privée influencent nécessairement les décisions publiques, et vice-versa. L’éducation politique commence par les expériences vécues au quotidien.

Aujourd’hui, la politique, à mes yeux, c’est d’abord et avant tout favoriser le dialogue. Stimuler des réflexions profondes. Faire preuve d’humilité. S’ouvrir à l’autre, tout en restant fidèle à ses propres convictions. Bâtir des ponts pour surmonter les clivages qui nous séparent.

Ces pratiques, je les retrouve notamment au Parlement jeunesse où, depuis maintenant presque 75 ans, des jeunes de tous genres se réunissent chaque année pour imaginer ensemble un monde différent. Un monde où le leadership féminin rayonne. Un monde où chacune et chacun a son mot à dire. Un monde empreint de bienveillance où une véritable coconstruction est possible – où on redéfinit les lieux décisionnels à notre image.

Les inscriptions au Parlement jeunesse du Québec sont actuellement ouvertes jusqu’au 1er novembre 2023.

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