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L’égalité vue par Anja Okuka

« Je suis féministe parce qu’une femme forte m’a mise au monde pendant une guerre civile, avec la promesse que demain sera toujours meilleur. »

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Temps estimé de lecture :4 minutes

Bandeau :Photo : © Stéphane Audet

Anja Okuka est vice-présidente du développement des affaires et du marketing chez Café Castelo à Québec, où elle assure la relève de l’entreprise familiale aux côtés de son frère. Impliquée dans plusieurs organismes philanthropiques et dans la communauté d’affaires, elle est notamment administratrice au sein d’une société d’État et du Centre des congrès de Québec, et leader d’un cercle de femmes entrepreneures pour le Réseau Mallette. Elle anime aussi des ateliers et des conférences en milieu scolaire. Depuis ses débuts comme entrepreneure, elle a été récompensée à de nombreuses reprises pour son parcours, remportant entre autres le prix de la Jeune personnalité d’affaires décerné par la Jeune Chambre de commerce de Québec. Préoccupée par la place des femmes dans le milieu entrepreneurial et dans le monde, Anja est l’une des figures inspirantes du documentaire Les héritières, un projet phare du Conseil à l’occasion de ses 50 ans. Elle nous parle aujourd’hui de féminisme et d’égalité des chances!

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On connaît l’importance d’éduquer les filles et les garçons aux relations égalitaires, de leur transmettre des modèles exempts de stéréotypes. Dans quelle mesure les modèles féminins de réussite en affaires contribuent-ils à atteindre ces objectifs de diversité et d’inclusion?

C’est très simple : parce que le fait que ça existe et que c’est visible, ça devient une possibilité réelle et atteignable pour d’autres. Briser le plafond de verre peut être difficile, mais lorsque nous y parvenons, nous le faisons pour les générations futures. Les faits concrets sont essentiels pour renforcer notre argumentation, et nous avons de nombreux exemples tangibles d’entrepreneures qui prouvent que le leadership n’a pas de genre.

C’est une des raisons pour lesquelles je fais des ateliers et conférences dans les institutions scolaires : pour parler d’entrepreneuriat, pour que ce soit une carrière envisageable pour les plus jeunes. Ce n’est pas tout le monde qui a eu la chance d’être élevé, comme moi, par deux parents entrepreneurs qui m’ont montré que toute entreprise peut être créée selon nos valeurs et nos passions, et cela, peu importe nos différences.

Je suis féministe parce que…

Je suis féministe parce qu’une femme forte m’a mise au monde pendant une guerre civile, avec la promesse que demain sera toujours meilleur.

Je suis féministe parce que j’ai été élevée par une femme et un homme qui m’ont montré qu’il y a plus de similitudes que de différences entre les gens, et que les différences créent un équilibre.

Je suis féministe parce que d’autres femmes avant moi se sont battues, et c’est pour cette raison qu’aujourd’hui, je peux être une femme entrepreneure, que j’ai pu aller à l’université, que je peux voter et que je peux faire évoluer la société.

Je suis féministe pour ces femmes qui n’ont pas les mêmes possibilités que moi. Je le suis pour les femmes du Québec, mais aussi pour les femmes de l’Iran, les femmes de l’Afghanistan, les femmes de la Corée du Nord, les femmes de l’Arabie saoudite, les femmes de l’Afrique subsaharienne.

Quelle personnalité féministe vous inspire le plus?

Juste une? Désolée, mais je respecte rarement les consignes et je fais souvent à ma tête… donc voici deux de ces personnalités féministes inspirantes!

D’abord ma mère, Nikolina Okuka. Elle était enceinte de moi durant la guerre civile dans notre pays natal et elle m’a appris que la personne la plus forte n’est pas celle qui prend un fusil, mais celle qui choisit l’amour. Elle m’a appris qu’il est possible d’être une maman présente, une femme d’affaires épanouie, une artiste peintre internationale et surtout une belle humaine, qui est toujours en symbiose avec ses valeurs.

Puis Mileva Einstein-Marić – eh oui! la première femme d’Albert Einstein. Comme l’expression le dit : « Derrière chaque grand homme se cache une femme. » Et dans cet exemple, cette phrase prend tout son sens. Mileva a été au cœur de plusieurs thèses et découvertes de son mari. Mais elle n’a jamais cosigné leurs découvertes, puisqu’une femme physicienne aurait pu en réduire la portée étant donné les préjugés sexistes de l’époque. Je trouve important de garder son nom vivant, autant que celui de son mari.

Trois mots qui décrivent pour vous le féminisme?

Sororité, autonomisation, reconnaissance.

Qu’est-ce qui vous fait grincer des dents ces jours-ci en matière d’égalité entre les femmes et les hommes?

La vie n’est pas une bataille de genres : les hommes autant que les femmes sont important·e·s. On ne peut pas rabaisser un genre pour en remonter un autre. C’est simplement un travail d’équipe dont chaque joueur·euse a le même niveau d’importance. Et il faut savoir le reconnaître pour l’épanouissement de chacun·e.

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