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Grossophobie : chassez l’erreur

Un enjeu féministe oublié

Auteur路e :Sébastien Boulanger

Bandeau :Illustration : © Nadia Morin

Révision linguistique :Révision linguistique : Bla bla rédaction

On la croise à l’épicerie, au bureau, dans les lieux publics, dans la cour d’école, sur nos réseaux… La grossophobie fait la une du quotidien de milliers de gens. Elle s’immisce dans la vie de tous les jours, au travail, dans l’intimité. Encouragée par des standards uniformes prescrits par l’industrie de la mode ou du divertissement, elle laisse des cicatrices.

La grossophobie se traduit par des attitudes hostiles et discriminatoires envers les personnes grosses. Femmes et hommes. Comme en témoigne la capsule du Conseil du statut de la femme La grossophobie en 76 secondes…, ces comportements ont des répercussions sur la santé physique et psychologique des personnes visées. La peur de prendre du poids pousse des gens vers le surentraînement, de mauvaises habitudes alimentaires, le décrochage scolaire, la dépression ou l’isolement.

Entre autres manifestations de grossophobie, l’étrange refus de l’industrie du vêtement de vendre les produits… dont une part importante de la population a pourtant besoin. Le journaliste Mickaël Bergeron jette d’emblée un éclairage sur ce secteur qui, de fait, refuse souvent d’offrir des vêtements de grande taille. L’auteur de l’essai La vie en gros : regard sur la société et le poids démontre aussi que, si elle ne s’arrête pas au genre, la grossophobie est une discrimination qui touche les femmes de manière spécifique. Ce qui en fait un enjeu féministe important.

Une vision partagée par Édith Bernier, autrice et conférencière spécialisée dans la lutte contre la grossophobie. « Je suis consciente que ce n’est pas un combat strictement féministe. Mais il faut reconnaître que la grossophobie a, depuis toujours et encore aujourd’hui, beaucoup plus d’impact sur la vie des femmes que sur celle des hommes. » Édith Bernier, qui mise sur la pédagogie et la vulgarisation afin de riposter à la grossophobie, estime que toutes et tous ont un rôle à jouer dans ce combat pour la dignité.

Du corps à la science, il n’y a souvent qu’un pas. Édith Ducharme est étudiante à la maîtrise en génie physique à Polytechnique Montréal et lauréate de l’Ordre de la rose blanche 2019. Ses travaux portent sur le développement d’un système de thérapie laser révolutionnaire dans le domaine de la chirurgie médicale. Depuis quelques années, les universités manifestent un véritable enthousiasme en faveur des étudiantes en sciences et en génie. Si les efforts d’intégration portent fruit au baccalauréat, qu’en est-il de la place des femmes aux cycles supérieurs de ces facultés? Environnement compétitif, pression de publier, bourses et subventions : les attentes sont immenses. Les étudiantes se butent-elles à des critères d’excellence pensés par et pour les hommes? Chronique d’une jeune scientifique engagée.

« Les découvertes ne sont pas réservées aux hommes : elles le sont aux scientifiques, hommes ou femmes. » Ces paroles sont celles de la microbiologiste, généticienne et biochimiste française Emmanuelle Charpentier, lauréate du Nobel de chimie 2020 avec sa collègue américaine Jennifer A. Doudna. Depuis la création de la prestigieuse distinction en 1901, à peine 57 femmes ont reçu un Nobel, contre 873 hommes. Un piètre score de 6 %. Pour la journaliste Anne Vouaux, ce doublé féminin constitue un véritable vent de fraîcheur au panthéon de la science. Ce Nobel est en effet remarquable à la fois par l’application prometteuse de la découverte – des ciseaux moléculaires qui permettent de couper l’ADN à des endroits très précis –, mais aussi pour la reconnaissance des femmes dans le cercle des nobélisé·e·s.

Enfin, Pascale Navarro s’entretient avec les autrices de l’essai La liberté n’est pas un crime. Né de la rencontre entre la militante iranienne Shaparak Shajarizadeh et la journaliste Rima Elkouri, ce récit retrace le parcours de l’activiste dans son combat contre l’obligation de porter le voile en Iran. Une lutte qui l’a conduite à fuir son pays natal. À travers des scènes troublantes, le livre présente avec brio les arguments et les idées de Shaparak Shajarizadeh, rendant hommage à son courage.

Bonne lecture!

En cette fin d’année difficile, toute l’équipe du magazine Gazette des femmes vous offre ses meilleurs souhaits de bonheur, de santé et de paix. De très joyeuses Fêtes, une bonne année 2021 et au plaisir de vous retrouver dès janvier avec une édition double remplie de belles choses!