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8 séries féministes d’ici et d’ailleurs à visionner en rafale

Quand le féminisme s’empare du petit écran!

Date de publication :

Si le féminisme se déploie partout sur le Web, est porté par diverses personnalités publiques et se décline en de nombreux livres, la télévision n’est plus en reste et tire désormais efficacement son épingle du jeu en proposant des contenus plus égalitaires. Tour d’horizon de quelques séries féministes à dévorer sans attendre.

Quatre séries d’ici

Les brutes

Impossible de passer à côté de ce duo qui, dans un condensé de quelques minutes, réussit à démystifier divers concepts féministes plutôt complexes avec humour, pertinence et ouverture. Dans cette websérie présentée par Télé-Québec, les journalistes, chroniqueuses et animatrices Judith Lussier et Lili Boisvert explorent des sujets peu évidents comme la justice sociale, la grossophobie, l’hétéronormativité ou la non-binarité. C’est drôle, juste assez grinçant et ça secoue nos idées préconçues.
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Féminin/Féminin

On le sait : l’hétéronormativité est partout dans la culture populaire, et tout particulièrement à la télévision. Il est donc rare qu’on voie d’autres configurations amoureuses et sexuelles sur nos écrans. Mais il y a Féminin/Féminin, qui nous fait entrer dans la vie de plusieurs femmes lesbiennes. Réalisé par Chloé Robichaud (Sarah préfère la course, Chef de meute), ce projet est une bouffée d’air frais dans le paysage télévisuel québécois avec ses personnages attachants et ses dialogues truffés de répliques intelligentes et savoureuses. Et, pour une (trop rare !) fois, ces femmes ne sont pas réduites qu’à leur orientation sexuelle. Enfin, les sexualités lesbiennes ont une visibilité à l’écran et sont représentées de manière non stigmatisante. On aime.
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M’entends-tu?

Cette série écrite par Florence Longpré, celle qui incarne la fameuse Gaby Gravel dans Like-moi, est campée dans un milieu social défavorisé où trois jeunes femmes – Ada (Florence Longpré), Fabiola (Mélissa Bédard) et Carolanne (Ève Landry) – se démènent pour survivre. Dans cet univers, la consommation de drogues et d’alcool est le lot du quotidien. Je sais : il y a le personnage de Pretzel, une femme trans interprétée par Christian Bégin, un rôle perçu comme très problématique par certaines personnes trans qui y voient une caricature stéréotypée nuisant à la reconnaissance de leur parcours et de leur identité*. Pas faux. Cela dit, il y a aussi du bon dans la série : on donne (enfin !) un rôle d’importance à une femme racisée (Mélissa Bédard) et on met en lumière sa situation socioéconomique. M’entends-tu? est intéressante pour son regard intersectionnel** qui scrute l’expérience de trois femmes résilientes et solidaires qui vont de l’avant, malgré les différentes oppressions qu’elles subissent. Et ça, ça nous amène carrément ailleurs.
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Les patronnes

Connaissez-vous la théorie des six degrés de séparation? C’est l’idée qu’on peut être lié·e à n’importe qui sur la planète par le biais de six personnes maximum. C’est ce que Laurence Davidson et Camille Mongeau ont décidé d’expérimenter en ciblant nulle autre que Michelle Obama ! Le but : trouver six femmes exceptionnelles qui, en jouant de leurs différents contacts, vont réussir à les mener à l’ex-première dame des États-Unis. Rien de moins ! Un excellent prétexte pour parler d’autonomisation, d’ambition au féminin et pour présenter des femmes de tête qui ont suivi leurs rêves. On y croisera, entre autres, Carolle Brabant, directrice générale de Téléfilm Canada, et Nathalie Bondil, directrice générale du Musée des beaux-arts de Montréal. C’est aussi l’occasion de découvrir d’autres femmes inspirantes qui témoignent des œuvres d’art qui les ont influencées ou de leur vision du féminisme.
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Et quatre séries d’ailleurs…

The Handmaid’s Tale (La servante écarlate)

Ce choix peut paraître évident, mais encore trop peu de gens ont exploré l’univers de Margaret Atwood à l’écran. Soyons honnêtes : c’est dur à voir, ça rentre dedans, ça fait hurler et pleurer de rage… Efficacement filmée à l’aide de gros plans qui créent une ambiance anxiogène, la série peut être difficile d’approche de prime abord. Il faut outrepasser cela pour s’y plonger et découvrir à la fois un classique de la littérature canadienne, une fiction déstabilisante et une dystopie qui donne froid dans le dos tellement elle est ancrée dans une réalité proche de la nôtre en cette ère pro-Trump. À découvrir sans faute.
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Sex Education (Éducation sexuelle)

C’est LA série de l’heure ! Campée en Angleterre, Sex Education parle, on l’aura deviné, d’éducation à la sexualité. On y suit Otis, un jeune homme dont la mère est sexologue, et ses ami·e·s du collège. Après avoir entendu Otis réconforter un élève à propos d’une problématique de nature sexuelle, Maeve, la badass de l’école, lui propose un marché : elle lui trouve des client·e·s et il fait la thérapie (on parle ici d’écoute active et de quelques conseils bienveillants ; en aucun cas, on ne réduit le boulot de thérapeute à cela). C’est par l’entremise de ces courtes séances et en suivant le quotidien d’Otis et de son entourage que la série met en lumière les différentes réalités sexuelles des jeunes. Sex Education est réalisée avec beaucoup d’humour et de finesse, même si certaines scènes et propos peuvent être très crus (alerte de divulgâcheur : les premières minutes sont très explicites). Cette innovante série totalement féministe aborde des sujets divers comme l’avortement, l’orientation sexuelle, le consentement, l’identité et l’expression de genre, l’homosexualité, l’homophobie, les poils, le vaginisme, le cyberharcèlement, le désir (ou son absence), l’amour, l’amitié. On en redemande !
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Big Mouth

Si Sex Education vous intrigue, vous devriez jeter un coup d’œil à celle-ci. Également située dans un collège, cette série animée pour adultes de Netflix nous ouvre les portes de l’univers fascinant de… la puberté ! En plein bouillonnement hormonal propre à l’adolescence, Big Mouth aborde plusieurs éléments qui troublent et, parfois, angoissent les jeunes : la grosseur du pénis et des seins, le début des menstruations, l’éjaculation nocturne, la masturbation, l’orientation sexuelle, les fantasmes, entre autres… Il faut savoir que le langage est (très !) vulgaire, mais la série en elle-même est hilarante, décoincée et directe… Ça fait du bien ! Le plaisir sexuel féminin est au cœur des intrigues (l’épisode où Jessi découvre ses parties génitales est juste parfait !). Mention également à la variété des personnages : plusieurs sont issus de la diversité et certains sont ouvertement féministes. Si vous avez envie d’un moment rigolo pour décompresser, c’est pour vous.
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The Chilling Adventures of Sabrina (Les aventures effrayantes de Sabrina)

Dans les dernières années, la figure mythique de la sorcière a connu un regain d’intérêt au point de ramener à l’écran – pour notre plus grand bonheur – Sabrina the Teenage Witch, un ancien sitcom très populaire. La jeune sorcière revit sous les traits de Kiernan Shipka, dans une version revampée, décidément plus effrayante, sombre ET féministe ! La série met l’accent sur l’autonomisation de la jeune femme : sa capacité à se choisir et à transgresser les diktats familiaux en matière de sorcellerie. Entourée de ses ami·e·s proches, Rosalind, une jeune femme afrodescendante, et Susie, une personne non binaire, Sabrina affirme son féminisme de différentes façons, notamment en initiant au sein de son école un club nommé… WICCA*** (Women’s Intersectional Cultural and Creative Association) ! Bref, cette nouvelle mouture a de quoi réjouir.
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Les séries à saveur féministe prennent de plus en plus de place sur nos écrans, et c’est une excellente nouvelle. Tellement qu’il devient difficile de choisir parmi tous les titres proposés : Sense8, Girls, Dear White People, Trop, The Marvelous Mrs. Maisel, Jessica Jones, Quart de vie… Ce ne sont plus les options qui manquent. Une ombre reste au tableau : la sous-représentation des groupes minorisés (c’est-à-dire les personnes autochtones, racisées, en situation de handicap, etc.), surtout dans les premiers rôles. En voilà un beau défi pour l’industrie : pas game de faire mieux !

Et vous, quelles sont vos séries féministes préférées?

*https://quebec.huffingtonpost.ca/florence-ashley/m-entends-tu-pretzel-personnages-cisgenre-transphobes-decennie-tele-quebec_a_23614526/

**L’intersectionnalité est une théorie féministe qui permet d’analyser la situation des groupes minorisés (les femmes noires, par exemple) et d’arriver à faire ressortir les différentes oppressions qu’elles vivent. On considère alors qu’elles sont « à l’intersection » de différentes oppressions. Par exemple, une femme noire lesbienne se trouve à l’intersection du sexisme, du racisme et de l’homophobie.

***La Wicca ou le wiccanisme est une religion païenne fortement associée aux sorcières, qui implique un lien très fort avec la nature et son pouvoir guérisseur.

Myriam Daguzan Bernier est autrice de Tout nu! Le dictionnaire bienveillant de la sexualité (Éditions Cardinal, ), créatrice du blogue La tête dans le cul, collaboratrice à Moteur de recherche sur ICI Radio-Canada Première et journaliste indépendante. Elle est également formatrice et spécialiste Web et médias sociaux à l’INIS (Institut national de l’image et du son). Actuellement aux études à temps plein en sexologie à l’Université du Québec à Montréal, elle prévoit devenir, dans un avenir rapproché, une sexologue misant sur une approche humaine, féministe et inclusive.