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Mes Terre-Neuviennes de A à Z

Elles sont d’abord Terre-Neuviennes comme nous sommes avant tout Québécoises. Leur coin de pays, elles le racontent, …

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Elles sont d’abord Terre-Neuviennes comme nous sommes avant tout Québécoises. Leur coin de pays, elles le racontent, l’écrivent ou le chantent, même en français. Au-delà de la distance, nous sommes des mêmes eaux.

Je ne sais rien du mouvement des femmes à Terre-Neuve. Mais au fil d’une douzaine de séjours sur leur île en 30 ans, j’ai croisé plusieurs Terre-Neuviennes en mouvement. Pour préserver et faire rayonner leur culture. Pour améliorer le sort de leur communauté. Entre autres. En m’installant au clavier pour les présenter, deux prénoms me sont d’abord venus en tête : Anita et Zita. Puis plusieurs autres. Des mots-clés aussi, pour mieux situer le contexte de leurs actions. En oubliant K, W, X et Y, il y avait là matière à un abécédaire…

Anita (Best). Elle avait un an lors du référendum de 1948 qui a scellé l’adhésion de Terre-Neuve à la Confédération canadienne, par une mince majorité de52%. «Quand ma grand-mère a appris ce résultat, elle a, comme plusieurs femmes d’ailleurs, revêtu un brassard noir en signe de deuil. Elle l’a porté jusqu’à sa mort », m’a-t-elle raconté. Pour exprimer son identité, Anita a trouvé une autre voie : elle chante les mots et les airs des ancêtres. Les siens, Irlandais,mais aussi ceux des francophones de la côte ouest de l’île. À l’Université Memorial, elle enseigne également l’histoire sociale de Terre-Neuve à travers ses chansons. Une histoire remplie de marins et de pêcheurs; de mères de nombreux enfants, redoutant la cruauté de la mer ou pleurant leurs naufragés; de femmes fortes tenant le fort; d’un peuple exploité par de riches marchands; d’amours et de tours pendables aussi. « Sans les chansons, la musique et l’humour, les gens du peuple auraient pleuré sans arrêt tellement leur vie était dure », m’a-t-elle expliqué en 2008, pendant le Newfoundland & Labrador Folk Festival de St. John’s, organisé par la Folks Arts Society, dont elle est la présidente.

Bateaux. Au milieu des années 1970, le port de St. John’s était rempli de gigantesques navires étrangers pleins à ras bord de morues. Les villages
environnants vivaient aussi de ces pêches miraculeuses. Aujourd’hui, les pétroliers dominent le port de la capitale. Dans les communautés côtières, des milliers d’anciens pêcheurs vont sur la Mainland (ainsi appellent-ils le Canada) pour travailler. Leurs femmes tiennent le fort, sur l’île…

Colleen (Power).Auteure-compositrice- interprète de langue maternelle anglaise, elle a signé, en 2007, le premier album de chansons contemporaines en français de la province : Terre- Neuvienne. Un geste audacieux dans une province qui compte 99,5% d’anglophones! Son amour de notre langue lui vient de son enfance à Placentia (autrefois Plaisance). Cette localité fut, sous Louis XIV, la capitale française de Terre-Neuve. Colleen a reçu à deux reprises le titre d’artiste alternative de l’année par Music NL, l’équivalent de l’ADISQ. Cette mère de bientôt trois enfants a son île dans la peau, au point de s’en être fait tatouer les contours sur son bras droit.

Divorce. En 2003, la province affichait le plus bas taux de divorce au Canada, 15,9%, soit trois fois moins que le Québec, à 46,1%.

Exil. En 2004, 87% de la population vivant à Terre-Neuve en 1992 y habitait encore. Environ 5% avait quitté l’île pour l’Ontario et 4% pour l’Alberta.

Françoise (Enguehard). Depuis son arrivée sur l’île il y a plus de 30 ans, cette native de Saint-Pierre-et- Miquelon a largement contribué à la reconnaissance des droits des Franco– Terre-Neuviens, entre autres le droit à leurs écoles.Depuis 2006, elle est présidente de la Société nationale de l’Acadie. Françoise est également la lauréate 2010 du Prix des lecteurs de Radio-Canada pour son roman L’archipel du docteur Thomas.

Guinness. La célèbre bière irlandaise est reine au Ship, un pub incontournable de St. John’s pour découvrir la vitalité et la diversité de la scène musicale de l’île.

Humour. Parmi les humoristes canadiennes, la plus cinglante dénonciatrice des injustices commises envers les femmes et les démunis est la Terre- Neuvienne Mary Walsh. Son hilarante galerie de personnages a franchi les frontières de l’île grâce à l’émission This Hour Has 22 Minutes, sur CBC, dont elle est la conceptrice. Elle met sa notoriété au service de plusieurs combats, comme le maintien d’un système public de santé… en santé. Pour son apport à l’éveil social des Canadiens, l’Université McGill lui a décerné un doctorat honoris causa en 2009.

Île. Immense. La septième plus grande de la planète. Des icebergs la frôlent d’avril à juillet.

Janette (Planchat). En 1999, cette Écossaise de naissance a fondé Teatro, la seule troupe de théâtre jeune public francophone de la province. Elle la dirige toujours. Elle est également membre de la chorale francophone de St. John’s, La Rose des vents.

Linda (Lafortune).Pendant ses années terre-neuviennes (2001-2009), cette artiste québécoise créait des épinglettes aux formes des jolies maisons de bois de St. John’s. L’un de ces bijoux a financé et fait connaître un refuge pour femmes victimes de violence conjugale. Elle en avait représenté la façade sur l’épinglette et gravé, au verso, le numéro de téléphone. Le bijou pouvait être offert à des femmes dans le besoin, même en présence de leur mari.

Mary (Barry). Cette native deSt. John’s a eu la piqûre pour le français et la chanson à Québec, en 1984.Venue dans la Belle Province pour quelques jours, elle est restée sept ans avant d’aller étudier la musique en Colombie-Britannique, puis de faire des spectacles partout au pays. De retour dans sa ville d’origine, elle a lancé en février dernier son quatrième album, Chansons irisées, réalisé à Québec par Bruno Fecteau, le directeur musical de Gilles Vigneault.

Natalie (Beausoleil). Sociologue et artiste originaire de Québec, elle vit à St. John’s. Elle enseigne au Département de santé communautaire et des sciences humaines de la faculté de médecine de l’Université Memorial. Elle est la cofondatrice et la codirectrice du réseau canadien Body ImageNetwork, dont la mission est d’amener les jeunes à développer une image corporelle positive pour prévenir les désordres alimentaires.

Obésité. À 23%, la population de Terre-Neuve-et-Labrador se classe au troisième rang en ce qui a trait au taux d’obésité au Canada (derrière les
Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut). Et elle occupe la triste première place au palmarès de l’embonpoint, à 37%.

Pamela (Morgan). Une des grandes voix de l’île. Elle a été la chanteuse du groupe pionnier du rock-trad au Canada : Figgy Fuff (dont le nom renvoie au cousin terre-neuvien du pouding chômeur). « Quand nous avons joué à la place Jacques-Cartier, à Montréal, dans les années 1970, les gens nous trouvaient trop rock. Quand j’y suis retournée plus tard, en solo, les gens me trouvaient trop trad », m’a un jour confié Pamela.

Québec. « Nous avons tellement en commun avec les Québécois! Une culture différente du reste du Canada et une capacité exceptionnelle à faire la fête. » Cinq minutes de conversation au Ship ont suffi pour entendre ça.

Rocher ou The Rock. Le surnom de Terre-Neuve. À cause de sa géologie.

Santé? Les Terre-Neuviennes ont étéles premières victimes connues des ratés des tests de cancer du sein, en 2007.

Travail. En 2006, seulement 48% des Terre-Neuviennes occupaient un emploi rémunéré (contre 56% des Québécoises). Leur revenu d’emploi représentait seulement 65% de celui des hommes.

Université. Toujours en 2006, seulement 12% de la population terreneuvienne possédait un diplôme universitaire. Le plus bas taux au Canada. Elle détient par contre le taux le plus élevé de diplomation postsecondaire, à 35%.

Vote. Les Terre-Neuviennes ont obtenu le droit de vote en 1925, soit 15 ans avant les Québécoises. Elles devaient cependant avoir 25 ans pour s’en
prévaloir. En 1948, elles ont pu voter à 21 ans, comme les hommes.

Zita (Cobb). Cette richissime philanthrope consacre sa fortune, son temps et ses puissants réseaux à contrer l’exil des habitants des îles Fogo et Change –
à 16 kilomètres au large de Terre-Neuve – en transformant ces dernières en destinations géotouristiques d’envergure internationale vouées aux arts, à la culture, à la gastronomie et à l’environnement. Par l’entremise de la fondation de Zita, la Shorefast (« amarres » en français), une course annuelle de petits bateaux à rames est organisée entre les deux îles. Lemontant des bourses remises aux gagnantes et aux gagnants est identique.