Aller directement au contenu

Les hormones à l’heure des choix

La ménopause, autrefois appréhendée, est vécue de façon plus positive aujourd’hui. Comment s’y retrouver dans le flot d’informations sur les hormones qui peuvent en soulager les symptômes?

Date de publication :

Auteur路e :

La ménopause, autrefois appréhendée, est vécue de façon plus positive aujourd’hui. Comment s’y retrouver dans le flot d’informations sur les hormones qui peuvent en soulager les symptômes?

Le recours aux hormones, principalement l’œstrogène, comme traitement des symptômes de la ménopause a commencé vers 1960 pour atteindre son apogée entre 1965 et 1975. En 1975, les premières études révèlent que la prise d’œstrogène, alors l’un des médicaments les plus vendus en Amérique du Nord, augmente de 5 à 14 fois les risques de cancer de l’endomètre. On lui attribue également l’augmentation des fibromes utérins, des troubles de la vésicule biliaire et de certains cancers du sein et des ovaires.

Actuellement, l’hormonothérapie regagne du terrain et la documentation médicale lui est favorable. L’ajout de progestérone ainsi que la diminution radicale des doses d’œstrogène ont presque éliminé les risques de cancer de l’endomètre. Le traitement le plus utilisé se rapproche de la production hormonale normale des ovaires : de l’œstrogène pendant environ vingt-cinq jours auquel on ajoute de la progestérone à partir du 10e ou du 14e jour, puis une période d’arrêt d’une semaine. La progestérone provoque un saignement mensuel de privation qui ressemble aux règles, mais cet effet s’atténue avec le temps.

En plus des traditionnels comprimés, l’œstrogène se présente sous forme de disque autocollant appliqué sur la peau ou de crème vaginale. Le disque fait passer l’œstrogène directement dans le sang et constitue une avenue intéressante pour celles qui ont des problèmes de foie. Cependant, le taux d’hormones ainsi absorbé est inconstant. C’est pourquoi le disque doit être considéré comme un bon deuxième choix. Pour les femmes souffrant de sécheresse vaginale sévère, la crème agit très rapidement et peut être utilisée pour des périodes relativement courtes. Comme pour les comprimés d’œstrogène, le disque et la crème doivent être pris avec des comprimés de progestérone. Les injections d’hormones sont maintenant déconseillées.

L’hormonothérapie convient-elle à toutes les femmes ménopausées? « Dans les ateliers sur la ménopause auxquels je participe, je présente les différents choix qu’une femme peut faire, explique Diane Corbeil, omnipraticienne au CLSC du Marigot à Laval. Imaginons une roulette avec des pointes. Une de ces pointes est l’hormonothérapie, mais il y en a d’autres : la mise en forme physique, comprenant l’exercice et l’alimentation, la mise en forme psychologique comme apprendre à relaxer et à gérer le stress, la consommation restreinte d’alcool, de médicaments et de tabac. Cette décision ne se prend pas juste avec sa tête, il faut aussi tenir compte de ses valeurs et de ses émotions. »

Il n’y a pas deux femmes qui vivent leur ménopause de la même façon, mais environ 20% d’entre elles ont des symptômes vraiment pénibles, alors que 10% ne ressentent à peu près rien durant cette période. Chez la majorité, la ménopause se manifeste de façon variable en durée et en intensité mais demeure tolérable.

La plupart des femmes connaissent des irrégularités menstruelles : saignements entre les règles, durée de cycle variable et flux menstruel souvent plus abondant. On assiste également à l’apparition des fameuses bouffées de chaleur. La muqueuse vaginale s’amincit et produit moins de sécrétions. Durant cette période, l’ostéoporose peut s’installer, rendant les femmes âgées plus susceptibles de se fracturer les os.

Des changements moins spécifiques peuvent également affecter certaines femmes : sentiments de dépression, insomnie, vulnérabilité affective, douleurs musculaires et articulaires. Mais beaucoup d’événements peuvent se produire durant cette période et être à l’origine de difficultés émotives : la maladie ou même le décès d’un des parents, le départ des enfants et parfois un divorce. Il est donc difficile d’attribuer ces changements à une cause précise.

Mesurer les risques

Selon Diane Corbeil, les œstro-progestatifs sont efficaces pour alléger ou faire disparaître tous ces symptômes ainsi que d’autres manifestations, telles l’insomnie, les douleurs musculaires ou la dépression, si elles sont causées par le déséquilibre hormonal. Il existe également d’autres façons de pallier ces inconvénients : les médecines douces comme l’homéopathie et l’acupuncture, les massages, certains produits, tel le ginseng, et des infusions d’herbes médicinales procurent un soulagement suffisant à beaucoup de femmes. Ces moyens demandent plus d’efforts personnels, mais ils comportent peu de risques.

User de prudence

Actuellement, la mésentente des experts au sujet des hormones de ménopause est telle qu’il est impossible d’évaluer les risques du traitement avec certitude. Toutefois, l’œstrogène étant utilisé depuis plusieurs années déjà, les dangers associés à son usage sont bien identifiés.

L’ajout de la progestérone peut contrer ou atténuer certains de ces risques; cependant, on possède peu de données sur l’effet à long terme de cette hormone. Contrairement à l’œstrogène, sécrétée à vie par les glandes surrénales et les tissus adipeux, la progestérone disparaît complètement du corps à la ménopause. Il y a lieu de se demander si sa présence n’interfère pas avec le processus normal d’adaptation du corps à la postménopause.

Par ailleurs, en invoquant la prévention de l’ostéoporose, des maladies cardiaques et parfois même du cancer du sein, plusieurs médecins recommandent à leurs patientes de prendre des hormones à vie, afin de préserver leur santé. Or les études publiées jusqu’à maintenant demeurent contradictoires à ce sujet.

Selon Lucette Proulx-Sammut, rédactrice du bulletin Une véritable amie, le traitement hormonal est indiqué dans les cas suivants : ablation des ovaires, symptômes très sévères de ménopause et risques sérieux d’ostéoporose. « Nous faisons face à beaucoup d’incertitude, ajoute-t-elle, car la recherche médicale ne pourra pas donner de réponses définitives avant plusieurs années. »

Avant d’envisager un traitement, surtout s’il est à long terme, il convient de bien peser le pour et le contre en évaluant les bénéfices escomptés et en tenant compte des contre-indications selon son histoire médicale et celle de sa famille.

Attention!

A moins de contre-indications formelles, l’œstrogène ne doit jamais être pris seul, mais en traitement combiné avec de la progestérone. Il faut prendre la plus petite dose efficace et cesser le traitement dès que possible. Les contre-indications absolues sont les suivantes : cancer de l’endomètre, certains types de cancer du sein et du rein, maladies hépatiques et rénales graves ou chroniques, antécédents de caillots sanguins ou d’inflammations des veines dans les jambes, saignement vaginal inexpliqué. Il existe également plusieurs autres contre-indications « relatives » exigeant une évaluation médicale soignée : diabète, hypertension, obésité, tabagisme, etc.

Quoique les doses d’hormones soient plus faibles que celles des anovulants, le traitement peut occasionner des effets secondaires : nausées, prise de poids, migraines, saignement mensuel de privation et autres. En tout temps, assurez-vous d’un suivi médical attentif.