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Si la Charia charrie?

Les pressions internationales – dont celles du Canada – n’y auront rien fait. Fin janvier, quelques semaines …

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Les pressions internationales — dont celles du Canada — n’y auront rien fait. Fin , quelques semaines après avoir accouché, la jeune Nigériane Bariya Ibrahim Magazu a bien reçu, en public, 100 coups de fouet prescrits par un tribunal islamique. Son crime ? Avoir eu des relations sexuelles hors mariage (contre son gré ?) avec trois hommes. Après avoir subi son châtiment, elle est rentrée à pied, chancelante, dans son village à 15 kilomètres. Il y a un an, Zamfara a été le premier de neuf États à prédominance musulmane au nord du Nigeria à adopter la loi islamique, la Charia. Parmi les groupes qui ont essayé de sauver Bariya, l’organisation de femmes Baobab est intervenue avec force, visitant la jeune fille, faisant appel, en vain, au président nigérian, et demandant aux musulmans dans le monde de manifester leur désaccord avec une sentence aussi excessive, contraire à la Constitution du Nigeria et au conventions de l’ONU. Mais la démocratie nigériane demeure fragile, et le président Olusegun Obasanjo a refusé de s’en mêler, par crainte d’exacerber les tensions entre musulmans du nord et chrétiens du sud, qui ont déjà fait des milliers de victimes depuis deux ans. Entre-temps, dans le nord du pays, la police harcèle les femmes qui désobéissent aux règles islamiques. À Kano, 200 passantes ont été incarcérées, sous prétexte qu’elles se prostituaient. En fait, les rebelles avaient été vues avec des hommes, enfreignant ainsi l’interdiction de mixité dans les lieux publics. Loin de là, en Indonésie, les femmes se heurtent à la même intransigeance. C’est le pays musulman le plus populeux du monde : 90 % des 210 millions d’habitants vénèrent Allah. Un islam modéré, dans un État laïque. Mais la province rebelle d’Aceh, qui se bat depuis 25 ans pour son indépendance, se distingue par une observance de plus en plus fanatique de la loi islamique. Alcool interdit, discothèques saccagées et code vestimentaire imposé… Chrétiennes ou musulmanes, les femmes d’Aceh se résignent à se voiler la tête, à se couvrir les jambes et les bras, à éviter les vêtements ajustés et transparents. Gare à celles qui résistent : l’an dernier, des jeunes guerriers de l’islam ont attaqué un groupe de femmes devant une mosquée et leur ont rasé la tête avant de les faire parader dans la ville. Attention : la montée du fondamentalisme n’est pas réservée aux seuls pays à population musulmane. Avec l’arrivée de George W. Bush à la présidence des Etats-Unis, la séparation de l’Église et de l’État, chère aux démocraties occidentales, en a pris un coup. Le , jour même du 28e anniversaire de Roe contre Wade — le jugement de la Cour suprême légalisant l’avortement —, le très pratiquant Bush Jr annonçait que son gouvernement ne subventionnerait plus les organismes américains soutenant l’avortement à l’étranger. Et au 20 000 militants pro-vie qui manifestaient ce jour-là à Washington, il envoya le message suivant : « Toute personne, à tous les stades et à toutes les saisons de la vie, est créée à l’image de Dieu. » Voilà qui a le mérite d’être clair.