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L’égalité vue par Patrick Lagacé

Rares sont les femmes qui n’ont jamais subi de gestes sexuels non sollicités.

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Bandeau :Photo : @ Robert Ferron

Patrick Lagacé, celui qui s’est fait connaître à plus grande échelle en coanimant l’émission Les francs-tireurs, est aujourd’hui l’un des chroniqueurs vedettes de La Presse. Également journaliste collaborateur à la radio au 98,5 FM, il trouve le temps de (et, on le devine, prend plaisir à) coanimer Deux hommes en or à Télé-Québec. Reconnu pour son franc-parler et ses prises de position parfois à contre-courant, Patrick Lagacé livre ici son point de vue sur certaines réalités féministes qui, constate-t-il, échappent trop souvent aux hommes.

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Un geste égalitaire que vous avez posé ou une parole antisexiste que vous avez dite et dont vous êtes fier?

Une chronique en particulier, intitulée Parce que c’est compliqué?, dans la foulée de l’affaire Ghomeshi, en plein mouvement Agression non dénoncée. J’expliquais aux hommes que s’ils veulent saisir l’ampleur du problème des agressions non dénoncées, ils n’ont qu’à demander à leurs blondes, à leurs mères, à leurs sœurs, à leurs amies : rares sont les femmes qui n’ont jamais subi, par exemple, de gestes sexuels non sollicités. C’est une réalité qui échappe aux hommes et dont les femmes ne parlent pas ouvertement, pour un tas de raisons. C’est une chronique qui m’a valu des centaines de réactions, le plus souvent de lectrices qui me remerciaient.

Quel film ou quelle série incarne le mieux le « à bas les stéréotypes »?

Il me vient à l’esprit le dernier Star Wars : le réveil de la force, bêtement. Si Luke Skywalker était le héros du premier film de 1977, Rey est l’héroïne du récent opus. La chose est naturelle.

L’affirmation ou la remarque la plus sexiste que vous ayez entendue? Vous avez la chance de répliquer, vous dites quoi?

Chaque fois que j’entends « la » employé pour qualifier une femme, ça m’irrite. « La » Marois, par exemple. « La » Snyder. Ça vient de femmes, même, parfois. « La », généralement, est réservé aux objets, et quand il s’agit de désigner des personnalités publiques, « la » est utilisé pour dénigrer. On ne dit pas « le » Couillard.

J’ai récemment écrit une chronique sur Lise Payette, que j’ai trouvée déconnectée dans toute sa lecture de l’affaire Jutra. Des gens m’écrivaient pour me féliciter, parfois en parlant de « la Payette » : j’essaie de dire à ceux-là que ce n’est pas nécessaire.

Dans l’actualité, qu’est-ce qui vous fait le plus grincer des dents ces temps-ci en matière d’inégalité femmes-hommes?

Ces gens qui dénoncent le hijab au nom de l’égalité hommes-femmes ici, mais qui ridiculisent dans d’autres chroniques les féministes en général, et leurs revendications en particulier. Dans les médias, mes collègues producteurs d’opinions hurlent plus souvent sur le hijab des travailleuses en CPE que sur l’iniquité salariale ou un cabinet ministériel composé en majorité d’hommes.

L’égalité n’est toujours pas pleinement atteinte. Pour vous, le nerf de la guerre, le problème, c’est quoi?

Un passif, d’abord : des siècles d’inégalité acceptée et légalisée. Les avancées sont « récentes », à l’échelle de l’humanité : au Québec, le droit de vote des femmes n’a pas 100 ans, par exemple. Ensuite, je pense que le nerf de la guerre est souvent législatif : légiférer contre le harcèlement sexuel, légiférer pour l’équité salariale, légiférer pour contrer les congédiements liés aux grossesses, légiférer pour des congés parentaux, etc. L’État peut et doit imposer certaines avancées.