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Princesses nocives ou inoffensives?

Quand les princesses prennent toute la place, prudence!

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Pour la troisième année consécutive, votre fille de 6 ans insiste pour se déguiser en princesse pour l’Halloween. Soudain, un doute vous assaille : la masse de stéréotypes véhiculés par Cendrillon et Jasmine finira-t-elle par modeler sa personnalité, ses choix de vie? Une récente étude portant sur l’influence de la « culture des princesses » sur les enfants pourrait vous aiguiller.

Sans trop de surprises, l’étude Pretty as a Princess, publiée en juin 2016 dans Child Development, conclut que oui, la culture des princesses nourrit les stéréotypes de genre. Chez les filles et les garçons.

En suivant, à un an d’intervalle, une cohorte de 198 petits Américains de 3 à 6 ans, Sarah M. Coyne, professeure à l’Université Brigham Young, en Utah, et son équipe ont découvert que jouer souvent avec des jouets de princesses Disney et regarder des films de princesses au moins une fois par semaine augmente les comportements féminins stéréotypés chez les deux sexes.

Pour les filles, cela se traduit entre autres par une inclination pour les jeux tranquilles (la poupée, le ménage, la cuisine), une réticence à prendre des risques et à essayer de nouvelles choses ainsi que par une crainte de se salir. Un peu inquiétant, non?

« Quoiqu’il n’y ait rien de mal en soi à exprimer sa féminité ou à se comporter d’une manière genrée, un comportement féminin stéréotypé peut poser problème si les filles en viennent à croire que leurs perspectives dans la vie sont limitées en raison d’idées préconçues sur le genre, ou si elles se privent de certaines activités essentielles afin de se conformer à des notions stéréotypées de la féminité (éviter d’explorer son environnement ou de jouer à certains jeux pour ne pas se salir, par exemple) », précise Mme Coyne dans son étude.

Dans une entrevue publiée sur le site de nouvelles de l’Université Brigham Young, elle précise que les filles qui adhèrent fortement aux stéréotypes de genre « ont l’impression qu’elles ne peuvent pas faire certaines choses. Elles ne sont pas très confiantes qu’elles peuvent bien réussir en maths ou en sciences », entre autres.

Chez les garçons adeptes de Raiponce et La belle et la bête, les comportements reconnus comme « féminins » ont aussi été observés, à un moindre degré. Mais, jolie surprise : on a surtout noté, chez ceux qui font partie d’une famille où on parle de ce qui est présenté dans les médias, qu’ils étaient devenus plus soucieux des autres et plus serviables. Une belle façon de contrebalancer les modèles de durs à cuire qui leur sont servis en abondance.

Donc, votre fille veut encore se déguiser en princesse. Pas de panique, tempère la professeure. L’important, dit-elle, est de s’assurer que les princesses ne représentent qu’un champ d’intérêt parmi tant d’autres chez votre enfant, et surtout de discuter des bons et moins bons côtés de ces modèles avec elle – ou lui. Car il n’est jamais trop tôt pour aiguiser son sens critique…

Des chiffres

  • 96 % des filles et 87 % des garçons ayant participé à l’étude avaient déjà regardé des films ou des émissions de princesses Disney
  • 50 % des filles regardaient ce type de films ou d’émissions au moins une fois par mois, contre 29 % des garçons
  • 61 % des filles jouaient avec des jouets de princesses au moins une fois par semaine, contre 4 % des garçons

Le cas de Mérida

Dans une entrevue publiée sur le site de nouvelles de l’Université Brigham Young, Sarah M. Coyne souligne que les princesses Disney ont vécu une forme d’empowerment au fil des ans. En effet, Mérida, la frondeuse archère qui refuse de se marier (Rebelle, 2012), n’a rien à voir avec la passive Blanche-Neige. Par contre, la professeure déplore que lors de la mise en marché des produits dérivés de Rebelle, Disney ait maquillé Mérida et modifié son physique pour la rendre plus « féminine », en plus de faire disparaître son arc. Deux pas en avant, un pas en arrière…

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