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Signaler, c’est déjà protéger

C’est au Directeur de la protection de la jeunesse que vous devez adresser votre signalement .

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C’est au Directeur de la protection de la jeunesse que vous devez adresser votre signalement . Si le DPJ n’y donnait pas suite et que vous jugiez que les droits d’un enfant s’en trouvent lésés, vous pourriez alors contacter la Commission de protection des droits de la jeunesse (CPDJ), l’ombudsman des jeunes en difficulté.

Cet organisme, tout en assurant votre anonymat, procéderait à une enquête afin de vérifier s’il y a réellement lésion de droits. Le cas échéant, il veillerait à ce que des correctifs soient apportés.

Même lorsque, sur la base des informations fournies au DPJ, un signalement est retenu (c’est toujours le cas pour l’abus sexuel par l’un des parents), il peut arriver qu’à cause du nombre élevé de signalements reçus, l’évaluation de la situation ou la prise de mesures de protection tardent. De nombreux efforts sont faits pour tenter d’éliminer ce problème.

Au nom de l’enfant

Si, volontairement, vous vous acquittez pas de l’obligation de signaler et que cela vienne aux oreilles du Directeur de la protection de la jeunesse, vous pourriez vous voir imposer une amende allant de 200 $ à 500 $. Quiconque entraverait par ailleurs le travail du DPJ ou de la Commission de protection des droits de la jeunesse pourrait également payer une amende semblable. La personne qui omettrait ou refuserait de protéger un enfant dont elle a la garde pourrait quant à elle être passible d’une amende allant de 500 $ à 1000 $. Le plus malheureux dans tout cela? Un ou une enfant… victime du silence de son milieu.

Ne craignez pas de signaler si la situation le commande. Le signalement ne peut vous causer aucun préjudice personnel. De fait, la Loi sur protection de la jeunesse établit clairement que nul ne peut dévoiler ou être contraint de dévoiler son identité sans votre consentement. Si, par ailleurs, un enfant désire saisir les autorités compétentes d’une situation compromettant sa sécurité ou son développement, ceux de ses frères et soeurs ou de tout autre enfant, il ne faut pas hésiter à lui apporter l’aide nécessaire comme l’ordonne la loi. Aucune poursuite en justice ne peut être intentée contre une personne pour des actes accomplis de bonne foi.

Un enfant ne devrait jamais être victime du silence de son milieu.

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Les recherches démontrent en fait que le seul refuge qui peut convenir à une victime d’inceste, c’est le foyer de groupe: quand elle se retrouve avec d’autres filles qui ont vécu les mêmes problèmes et qu’elle bénéficie des soins d’éducatrices compétentes, elle peut arriver à s’épanouir . « Malheureusement, constate Camille Messier au Québec, le foyer de groupe est actuellement beaucoup plus accessible aux garçons qu’aux filles. »

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L’éducation, c’est la prévention

Les équipes Espace offrent un programme destiné aux enfants des milieux préscolaire et primaire ainsi qu’aux parents, au personnel scolaire, aux intervenantes et aux intervenants. Ces groupes sont maintenant implantés dans plusieurs régions du Québec. Pour renseignements, communiquer avec le Regroupement des équipes régionales Espace à Victoriaville, (819) 752-9711 ou avec l’une des équipes régionales: Bois-Francs, 752-9711; Châteauguay, 691-8258; Estrie, 563-9999; Outaouais, 771-1546; Trois-Rivières, 373-1232; Val-d’Or, 824-3572; Valleyfield, 371-4222.

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Pour que ça cesse

Soigner les meurtrissures causées par l’abus sexuel, c’est essentiel, mais parer les coups, c’est mieux. Pour Diane Lemieux porte-parole des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), il est capital de briser la conspiration du silence. « On doit cesser d’avoir peur de parler d’inceste aux enfants, dit-elle. Il faut vite implanter des programmes de prévention dans toutes les écoles! »

Francine Gagnon, coordonnatrice du regroupement provincial des équipes Espace spécialisées dans la prévention des abus commis envers les enfants (voir encadré L’éducation c’est la prévention), croit aussi à l’urgence d’agir en ce sens: « Il faut outiller les enfants. Il faut leur apprendre à déceler les situations d’agression, à se protéger et à demander de l’aide. De plus, poursuit-elle, tout le personnel scolaire devrait être entraîné à identifier et à secourir rapidement les victimes d’inceste. »

Bien sûr, les mères ont elles aussi un rôle majeur à jouer dans la prévention. Il est prouvé que renforcer la communication mère-fille reste un des meilleurs moyens de faire obstacle à l’inceste. Par ailleurs, une grande prudence s’impose dans le choix d’un nouveau conjoint. Selon la chercheuse américaine Diana Russel, une fille élevée par un beau-père court le risque, une fois sur six d’être abusée sexuellement par lui, et quand la mère n’a que des amoureux de passage, le risque est beaucoup plus élevé.

Faire de la prévention auprès des enfants et alerter les femmes, soit! Mais un fait demeure: plus de 90% des agresseurs sont des hommes . Et tout le monde s’entend pour dire que l’inceste et l’agression sexuelle sont avant tout des abus de pouvoir, abus qui vont se multiplier tant et aussi longtemps que les violeurs se sentiront protégés par un mur de tolérance.

Comment faire pour que cesse enfin cette longue histoire d’horreur? Il faut vite apprendre aux hommes qu’ils n’ont pas tous les droits d’usage sur les enfants. Il faut leur faire savoir de façon claire et sans équivoque que violer le corps et l’âme des petites filles, c’est un crime. Un crime sur lequel on ne fermera jamais plus les yeux!

  • Chiffres fournis par la Commission de protection des droits de la jeunesse.
  • Le traitement des cas d’inceste père-fille: Une pratique difficile, Camille Messier, Comité de la Protection de la jeunesse, Gouvernement du Québec, 1986, p. 2.
  • Survivre à l’inceste, Mieux comprendre pour mieux intervenir, La Collective Par et Pour Elle, 1989, p. 30.
  • Les troubles de comportement à l’adolescence et leur traitement en centre d’accueil de réadaptation à la suite d’une ordonnance de protection, Camille Messier, Commission de protection des droits de la jeunesse, Gouvernement du Québec, 1989, p. 266.
  • Ibid., note 3, p. 39.
  • Prévention des abus sexuels à l’égard des enfants, un guide des programmes et ressources, R. Dubé, B. Heger, E. Johnson, M. Hébert, Hôpital Sainte-Justine, 1988, p. 8.
  • Ne s’applique pas à l’avocat ou à l’avocate qui, dans l’exercice de sa profession, reçoit des informations concernant le signalement.
  • Le numéro de téléphone DPJ est inscrit dans l’annuaire sous la rubrique Centre de services sociaux. Le service est assuré 24 heures par jour, 7 jours par semaine.
  • On retrouve des bureaux de services dans toutes les régions.
  • Roseline Pierret travaille avec des jeunes victimes d’abus sexuels. Des coeurs de carton grand format reçoivent leurs dessins et collages révélateurs.
  • Gilles David: « Bien des mères ne portent pas plainte contre le conjoint. Il échappe ainsi à toute forme de punition. »
  • Camille Messier: « En centre d’accueil, plusieurs victimes ont l’impression d’être punies à la place du père. »