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La recherche féministe : repenser les savoirs

Une approche à décloisonner?

Auteur路e :Sébastien Boulanger

Bandeau :Illustration : © Nadia Morin

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Depuis près de 50 ans, le Conseil du statut de la femme inscrit l’analyse féministe au cœur de sa mission de recherche. À l’instar du Haut Conseil à l’Égalité de France – qui célèbre ses 10 ans – et d’autres instances nationales de consultation et d’étude, le Conseil ajoute sa voix à l’univers des savoirs féministes francophones. Des travaux dont les fruits alimentent la réflexion collective et contribuent à de meilleures politiques publiques. Improbable d’envisager la recherche féministe sans les fondements théoriques qui l’animent, sans les chercheur·euse·s qui l’articulent, la font progresser, la diffusent. Au Québec, des institutions renommées comme l’IREF, le RéQEF, la Chaire Claire-Bonenfant – Femmes, savoirs et sociétés de l’Université Laval et plusieurs programmes d’études supérieures analysent les réalités des femmes d’ici et d’ailleurs, et ce, dans une perspective féministe et interdisciplinaire affirmée. Dans ce court dossier, le magazine Gazette des femmes s’intéresse à celles qui travaillent à décloisonner la recherche féministe au sein même des institutions, et à quelques travaux qui embrassent des phénomènes d’actualité pour les femmes.

Le 9 novembre dernier, à l’invitation de la Chaire Claire-Bonenfant – Femmes, savoirs et sociétés, plusieurs personnes se sont réunies à l’Université Laval pour réfléchir aux défis propres aux études et à la recherche féministes. Si l’isolement est une réalité pour plusieurs étudiantes qui adoptent le point de vue féministe – discrédit des travaux, lacune en matière d’encadrement, demandes de subvention complexifiées –, les participantes constatent aussi la difficulté de faire transcender l’approche dans d’autres disciplines et dans les milieux de travail. Pour plusieurs panélistes, « cette sortie de l’entre-soi passe notamment par la construction de ponts entre les milieux universitaires et de pratique ainsi que par un engagement institutionnel concret ». Notre collaboratrice Nathalie Bissonnette a assisté à l’événement, organisé à l’occasion des célébrations des 20 ans de l’Université féministe d’été.

Christelle Taraud est historienne et féministe, spécialiste des femmes, du genre et des sexualités en contexte colonial. Elle a notamment dirigé l’ouvrage collectif Féminicides – Une histoire mondiale, paru en 2022. La journaliste Cécile Calla a discuté avec l’autrice de la place de l’approche féministe dans les facultés d’histoire et, plus largement, de celle des études sur les femmes et le genre dans les universités françaises et nord-américaines. Pour l’historienne, « les théories féministes n’impliquent pas seulement une réflexion sur les concepts, les savoirs ou les disciplines, mais aussi sur les institutions. Il faut donc réfléchir à la manière de les transformer ».

Comment défier la résistance et assurer une place pleine et entière aux femmes dans la gouvernance de l’Église catholique? Ces questions ont constitué l’assise du colloque Femmes et gouvernance : mêmes enjeux dans l’Église et dans l’État?, présenté en décembre dernier à Québec par le Groupe Femmes, Politique et Démocratie, en collaboration avec le réseau Femmes et Ministères. « Pour plusieurs, le moyen le plus sûr d’amorcer un changement de paradigme au sein des institutions cléricales est de transformer la lutte contre le patriarcat religieux en un enjeu social puissant et global. » Maude Déry a suivi les débats et discute des grands enjeux soulevés lors de ce panel singulier.

Dans son étude L’hostilité en ligne envers les femmes, publiée en juin dernier, le Conseil du statut de la femme souligne la nécessité de reconnaître, de dénoncer et de combattre cette violence de genre, qui toucherait plus d’une femme sur trois au Québec. La journaliste Miriane Demers-Lemay a creusé la question avec Mélanie Julien, directrice de la recherche et de l’analyse au Conseil. « L’hostilité en ligne envers les femmes partage des points de parenté avec d’autres formes de violence comme la violence conjugale. C’est une réalité qui est fréquemment niée, minimisée, banalisée, comme l’ont longtemps été la violence conjugale et les violences sexuelles. »

Enfin, Miriane Demers-Lemay se penche sur les nombreux obstacles structurels qui persistent pour les filles et les femmes dans la pratique sportive. Stéréotypes sexuels, violences, ressources insuffisantes, invisibilité médiatique ou absence des fonctions décisionnelles, voilà autant de réalités qui expliquent la sous-représentation des femmes dans les milieux sportifs, selon l’analyse du Conseil, Femmes et sport : constats et enjeux, publiée en novembre 2022.

Bonne lecture!