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Ô puissants liens de l’amitié

Pour en finir avec les clichés les plus simplistes concernant l’amitié entre femmes.

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On a beaucoup parlé de l’amitié entre femmes en termes de jalousie et de rivalité. Rarement comme un moteur d’épanouissement et d’émancipation. Dans les domaines de la sociologie, de la psychologie et même de la philosophie, les États-Unis et l’Angleterre ont fourni nombre de recherches sérieuses sur l’amitié entre femmes, alors qu’au Québec et dans la francophonie en général, peu de spécialistes ont approfondi le sujet.

C’est (sans surprise) dans les magazines pour femmes et pour adolescentes qu’il en est le plus question. Et là, misère! On tombe rapidement dans les clichés et les stéréotypes les plus simplistes et répandus, qui entretiennent l’idée que les femmes sont « naturellement » ennemies : « Comment la jalousie détruit les amitiés entre femmes », « Mon amie, ma rivale », « D’amie à ennemie »…

Sans prétendre que l’amitié au féminin est un long fleuve tranquille, il suffit de regarder autour de soi pour constater qu’elle peut être source de sollicitude et de soutien, que les amies s’aident mutuellement à surmonter les épreuves qui parsèment leur existence. L’amitié entre femmes est-elle avant tout génératrice de solidarité, contrairement à ce qu’on en dit communément? Ma réponse à moi : oui!

Quand je vais prendre un café avec une amie pour lui confier que je file un mauvais coton ou pour partager avec elle mes petits et grands bonheurs, je n’ai pas devant moi une rivale, une jalouse, une ennemie. Je suis en présence d’une amie, une vraie. Une sœur de cœur avec qui les échanges se transforment en de belles prises de conscience. Ariane Émond, dans un sublime texte que je vous invite à lire, fait le même constat.« Ces amitiés qui nous élèvent ». Tout est dit.

Amitiés 2.0

Qu’en est-il de la portée sociale de l’amitié féminine? Tout indique qu’elle a joué un rôle de premier plan dans l’histoire du féminisme. Que les mouvements des femmes n’auraient pu avoir la même résonance sans cette « sororité ».

L’avènement des réseaux sociaux tuera-t-il cette solidarité entre femmes ou, au contraire, lui insufflera-t-il un nouveau dynamisme? Facebook, Twitter : un ego trip ou une nouvelle manière d’échanger en phase de redéfinir l’« être ensemble »? Ces questions se posent, surtout quand on apprend, dans une étude parue l’an dernier, que les femmes représentent 53 % des utilisateurs de Twitter. À lire à ce sujet : le texte « L’amitié : quand ça clique ». que signe Annie Boutet.

Les amies, ça garde en vie

Bonne pour l’âme et l’esprit, l’amitié? Pas seulement. Dans les années 1970, des chercheurs ont commencé à s’intéresser de près aux habitants de l’archipel d’Okinawa, au Japon. C’est qu’on y trouve un grand nombre de centenaires et, pourtant, quatre fois moins de cas d’infarctus et de cancers du sein, de l’utérus et de la prostate que dans les autres pays industrialisés. Conclusion des chercheurs : outre une alimentation particulière qui joue en leur faveur, les insulaires font preuve d’un sens marqué de la communauté en entretenant des liens sociaux forts et durables, ce qui expliquerait en bonne partie leur longévité. Comme l’écrit Aurore Lehmann dans « Des amies pour la vie », l’amitié, c’est aussi bon pour la santé. Et pour le cœur, dans tous les sens du terme.