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La femme : sujet de désintérêt

L’univers féminin des cégépiennes : réduit à l’apparence physique et à la sexualité?

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La solidarité féminine et l’égalité des sexes sont-elles des idées dépassées, voire ringardes? Une cégépienne pose un regard amer sur le comportement de ses pairs.

Au cégep où je vais, rares sont celles — et davantage ceux — qui acceptent de se dire féministes. Ce que j’entends souvent dans les discussions, c’est que le féminisme n’a plus lieu d’être en 2013, que la lutte est terminée, que l’égalité est presque totalement acquise et que ce sont les hommes qui se font manger la laine sur le dos. L’image des féministes n’est guère plus reluisante : des femmes frustrées, anti-hommes, souvent masculines, voire lesbiennes. Les clichés demeurent intacts. Rien pour redorer la cause.

Les jeunes, comme le reste de la population, semblent de moins en moins conscientisés au sexisme et au machisme, croyant ces problèmes chose du passé. Pourtant, si on affûte son regard, on remarque des comportements sociaux que l’on estime normaux et qui sont pourtant inacceptables, voire arriérés. L’exemple le plus stupéfiant, dans les cercles des adolescents et des jeunes adultes? Une femme qui a plusieurs conquêtes amoureuses ou sexuelles est considérée comme une « salope », une « pute ». Cette réputation peut lui attirer la défaveur des deux sexes, et surtout les médisances des filles de son entourage. Alors qu’un homme qui adopte le même mode de vie sera peut-être appelé un « player », mais sera souvent valorisé par ses compagnons masculins, et ne perdra pas sa cote auprès des filles. Bien au contraire.

Visiblement, la solidarité féminine et la fierté de se réclamer femme et libre se sont perdues, alors que la lutte féministe du siècle dernier nous avait ouvert la voie. Il me semble parfois que, pour la majorité des femmes de mon âge, l’univers féminin se résume à l’apparence physique (dans le but de plaire) et à la sexualité (qui répond aux normes en vogue).

Pourquoi les femmes se sont-elles désintéressées de leur statut de femme? Pourquoi les inscriptions au cours Littérature des femmes sont-elles si rares que le cours a été exclu du programme de littérature de mon cégep? L’appellation « femme » est-elle un obstacle dans un monde où le masculin est devenu la norme?

Ce désintéressement, cette idée limitée de l’univers féminin me bouleversent, surtout dans la foulée des récentes avancées sociales, de l’immense solidarité des deux derniers printemps. N’y a-t-il pas place à plus de ferveur et de fierté dans le monde des femmes d’aujourd’hui? Je le souhaite. Pour moi et pour toutes les autres…