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Les visages de l’itinérance

Portrait de ces Québécoises qui n’ont pas la chance de pouvoir rentrer à la maison.

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Il n’y a pas d’âge ni de race pour se retrouver à la rue. Les mères et les handicapées ne sont pas non plus à l’abri de devenir des sans-logis. Portrait de ces Québécoises qui n’ont pas la chance de pouvoir rentrer à la maison.

Les itinérantes autochtones

Illustration d'une femme assise parmi quelques marguerites

De plus en plus de femmes autochtones s’exilent vers les grands centres. Elles fuient l’environnement social destructeur des réserves ou les logements surpeuplés, le coût de la vie astronomique et les conditions de vie difficiles du Nord-du-Québec. Peu adaptées à la ville, elles sont plus sujettes à devenir des sans-abri chroniques. Dans les grands centres, l’alcool et la drogue sont beaucoup moins chers qu’en région éloignée. Les itinérantes autochtones développent fréquemment une forte dépendance à ces substances et plusieurs doivent se prostituer pour en obtenir, voire pour se procurer nourriture et gîte. À Montréal, elles disposent de peu de ressources adaptées à leur situation et à leur réalité culturelle. En région, il n’en existe pratiquement pas. Comme ces femmes se sentent en marge de la société québécoise et proviennent d’un milieu où règnent souvent la violence, la pauvreté et l’alcoolisme, les ressources d’aide doivent intervenir différemment avec elles. D’où l’importance d’avoir des centres d’aide conçus spécifiquement pour les itinérantes autochtones.

Les autochtones représentent plus du tiers des sans-abri chroniques de Montréal, soit environ 9 400 personnes. On estime que la moitié sont des femmes.

Leur viennent en aide

  • L’organisme Projets autochtones du Québec offre des services d’aide et d’hébergement aux autochtones en difficulté de la région de Montréal. L’unité d’hébergement est dotée de neuf lits pour femmes.
  • Le Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec compte 10 centres dispersés dans la province qui visent à améliorer la qualité de vie des autochtones en milieu urbain par des services de formation, d’apprentissage et d’aide à l’emploi.

Les itinérantes âgées

Illustration d'une femme sous la pluie avec un parapluie.

Le nombre de femmes itinérantes de 55 ans et plus ne cesse d’augmenter. En situation très précaire, oubliées ou délaissées par leur famille et leur entourage, elles n’ont plus les moyens de payer leur logement et se retrouvent à la rue. Des pertes cognitives importantes ou des problèmes de santé leur causent des difficultés, notamment pour vivre seules. Plusieurs souffrent d’un grand isolement et de troubles de santé mentale. Elles peinent à composer avec les réalités modernes (les numéros d’identification personnels à la banque, par exemple), ce qui nuit à leur autonomie et à leur réinsertion sociale. Peu de ressources offrent des services spécialisés pour cette population itinérante.

On estime qu’environ le tiers des itinérants du Québec ont plus de 45 ans.

Leur vient en aide

  • La Maison Yvonne-Maisonneuve, liée à l’organisme montréalais Le Chaînon, accueille cette clientèle. Elle dispose de 15 places d’hébergement à très long terme (les pensionnaires peuvent y rester toute leur vie) pour les femmes de 55 ans et plus.

Les itinérantes handicapées physiquement

Au Québec, il n’existe pas de ressources spécifiques pour les femmes handicapées en situation d’extrême pauvreté. Plusieurs femmes souffrant de handicap physique se retrouvent donc dans la rue. Pauvres et isolées, elles ont de la difficulté à aller chercher l’aide dont elles ont besoin puisque la majorité des ressources ne sont pas munies des installations requises, comme des rampes d’accès, pour la leur offrir. En plus de leur handicap physique, une grande majorité de ces itinérantes souffrent de problèmes de santé mentale qui nécessitent également une aide spécialisée.

Quelques organismes supposent qu’entre 5 et 26,4 % des femmes itinérantes souffriraient d’un handicap physique. Très peu de statistiques existent sur le sujet.

Leur viennent en aide

  • À Montréal, Les Jardins du Y des femmes ainsi que le projet Brin d’elles offrent deux logements sociaux adaptés aux femmes handicapées. Le premier étage de l’Auberge Madeleine, également située dans la métropole, est accessible pour les femmes en fauteuil roulant.

Les jeunes itinérantes

Illustration d'une femme assise parmis des arbres sans feuilles

Un nombre grandissant d’adolescentes et de jeunes femmes se retrouvent sans domicile fixe. Souvent issues d’un milieu familial où sévit la maltraitance, rejetées par leur entourage ou laissées à elles-mêmes lorsque, à leur majorité, elles doivent quitter les centres de protection de la jeunesse, ces filles sont les proies idéales des gangs de rue et des proxénètes. La violence, la négligence ou l’abandon qu’elles ont vécus mènent souvent à une désorganisation mentale qui peut facilement conduire à la toxicomanie. Les jeunes itinérantes présentent un haut risque d’itinérance chronique, de grossesses non désirées et de maladies transmises sexuellement. Elles sont aussi extrêmement vulnérables aux violences de la rue. Les grands centres comptent quelques ressources pour ces jeunes itinérantes, mais il n’y en a que très peu en région.

Près de 55 % des jeunes de 12 à 17 ans qui trouvent refuge dans l’une ou l’autre des Auberges du cœur chaque année sont des filles. Cette proportion diminue à 25 % chez les jeunes de 18 à 30 ans.

Leur viennent en aide

  • La maison Passages est une ressource d’hébergement pour jeunes sans-abri âgées de 18 à 30 ans de la région de Montréal. Elle compte 16 lits, pour de courts, moyens et longs séjours, ainsi qu’un programme de logements sociaux avec soutien communautaire.
  • La Maison Tangente, également située à Montréal et membre du Regroupement des Auberges du cœur, offre gîte et couvert aux jeunes femmes et aux jeunes hommes âgés de 18 à 25 ans qui vivent dans la rue. Elle possède 15 places d’hébergement, qui peuvent être utilisées pour une durée maximale d’un an.

Les itinérantes immigrantes

Parmi les sans-abri immigrantes, 70,2 % sont citoyennes canadiennes. Les Haïtiennes, les Salvadoriennes, les Colombiennes, les Algériennes et les Russes sont plus nombreuses à vivre dans la rue. La barrière de la langue ainsi que la méconnaissance des réalités culturelles québécoises contribuent à leur isolement et compliquent l’intervention des ressources d’aide. Le choc culturel que subissent les immigrantes donne parfois lieu à de l’anxiété sévère, qui peut mener à d’importants troubles de santé mentale. Sans compter que plusieurs d’entre elles ont vécu des traumatismes comme la guerre, la torture ou l’oppression. Les immigrantes sont plus vulnérables à la violence conjugale et à la discrimination (en matière, notamment, de logement et d’emploi), ce qui les rend d’autant plus sujettes au problème de l’itinérance. Leur méfiance envers leur société d’accueil ainsi que leurs différences culturelles font en sorte que les centres d’aide manquent de ressources pour les aider convenablement à se réinsérer dans la société.

Les immigrantes représentent environ 30 % des femmes itinérantes du Québec.

Leur vient en aide

  • La Maison pour femmes immigrantes, située dans la région de Québec, offre quelques lits d’hébergement d’urgence, mais l’organisme travaille surtout à aider les femmes immigrantes victimes de violence conjugale à reprendre leur pouvoir individuel et social, en les accompagnant et en les soutenant, notamment dans leurs démarches d’immigration.

Les mères itinérantes

Illustration d'une femme tenant son bébé assise en indien.

En raison de conditions de vie peu favorables à leur développement, les enfants de femmes itinérantes sont souvent pris en charge par le Directeur de la protection de la jeunesse, l’autre parent ou un membre de la famille. Certaines mères, cependant, profitent de maisons d’hébergement qui acceptent leurs enfants, mais ces ressources se font rares. Ces organismes doivent transmettre un signalement au Directeur de la protection de la jeunesse lorsque la situation de la mère met en péril le bien-être et la santé de son enfant.

On estime qu’environ 20 % des femmes itinérantes hébergées ont des enfants.

Leur viennent en aide

  • Environ le tiers des ressources d’hébergement de la région de Montréal sont considérées comme des maisons d’hébergement mère-enfants. Parmi elles, La Dauphinelle offre gîte, couvert et sécurité aux femmes en difficulté et à leurs enfants.
  • À Québec, le programme de prévention de l’itinérance La grande Marelle, de la YWCA Québec, peut recevoir 14 femmes, pour des séjours de 3 à 18 mois, accompagnées de deux enfants au maximum.