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De la suite dans les idées

Le défi des femmes d’aujourd’hui est de sortir de l’ambivalence créée par l’attraction du modèle traditionnel et l’essoufflement de celui de la superwoman, selon José Gauvreau, nouvelle membre du CSF.

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Le défi des femmes d’aujourd’hui est de sortir de l’ambivalence créée par l’attraction du modèle traditionnel et l’essoufflement de celui de la superwoman, selon José Gauvreau, nouvelle membre du CSF.

Réaliser les limites de ses connaissances faire face à l’inconnu sont des situations qui, loin de freiner ou d’effrayer José Gauvreau la stimulent au plus haut point : « Je ne le sais pas aujourd’hui, dit-elle, mais demain je le saurai! Pour moi, il n’y a pas d’élément plus motivant que la réussite. » Se décrivant elle-même comme une travailleuse acharnée, perfectionniste et enthousiaste, elle avoue que sa vitesse de croisière au travail peut paraître « affolante » pour certaines. Maintes fois confrontée aux revers de ses qualités, José a été forcée de développer une grande capacité d’adaptation à différents types de personnes et de milieux.

José Gauvreau voit sa nomination au Conseil du statut de la femme comme le prolongement de son indéfectible engagement en condition féminine. Elle vient de quitter le cabinet de la ministre déléguée à la Condition féminine après y avoir travaillé quatre ans. L’effervescence du milieu politique, « être là au moment où ça se passe », a comblé son désir longtemps inavouable de se trouver dans ce « lieu ultime d’influence ». Connaître le cheminement des dossiers, leur évolution en coulisse et sur la scène publique jusqu’à leur aboutissement comme lois ou règlements s’est révélé stimulant et passionnant pour cette femme désireuse de faire progresser les choses.

Le hasard existe-t-il?

Les nombreuses expériences professionnelles et paraprofessionnelles alignées dans son curriculum vitae ont la forme d’un entonnoir qui s’ouvre avec son élection, il y a une quinzaine d’années, à la présidence de l’AFÉAS de la petite localité rurale de Sainte-Hélène-de-Bagot. La découverte du grand potentiel des femmes du milieu agricole fait naître en elle des intérêts très forts pour la condition féminine.

Après cette première expérience, la suite s’enchaîne comme une série « d’heureux hasards », une formule derrière laquelle se cache un solide mélange de détermination, d’aptitudes et surtout de disponibilité à dire oui à ce qui se présente sur son chemin. Elle milite à tous les paliers de l’AFÉAS et obtient le poste de coordonnatrice des comités provinciaux. Elle s’intéresse à la reconnaissance du travail des femmes au foyer, à l’accès des femmes au pouvoir politique et se découvre une affinité avec les dossiers à caractère économique. Ce qui l’amène à accepter un poste au Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail. Elle cumulera pendant quinze mois deux emplois à temps partiel, tout en menant de front ses études universitaires, commencées entre-temps, et ses nouvelles responsabilités de chef de famille monoparentale ayant la charge de trois adolescents.

José se souvient de cette époque où elle a été amenée à se surpasser. Vivre la réalité quotidienne de la monoparentalité a été et est encore pour elle et ses enfants une expérience enrichissante : chacun a appris à exprimer ses besoins autant que ses limites, à prendre ses responsabilités et à fournir l’effort nécessaire pour que cela fonctionne. Sans nier que cette situation exige courage et détermination, elle « trouve que la société ne véhicule que l’aspect négatif de la vie des familles monoparentales alors qu’il est possible aussi d’en retirer des avantages » .

Une carrière en féminisme

José Gauvreau se réjouit de faire partie du Conseil, surtout à l’heure où il faut repositionner les enjeux de la condition féminine après la période des grandes rétrospectives. Une de ses fiertés est la percée des femmes dans tous les secteurs de l’éducation tout comme l’obtention des grands droits juridiques et législatifs, acquis grâce à leur ténacité. Selon elle, le défi des femmes aujourd’hui est de sortir de l’ambivalence créée par l’attraction du modèle traditionnel et l’essoufflement de celui de la superwoman. Elle croit, d’autre part, que les Québécoises ont démontré qu’elles sont allées à la limite de leur « adaptabilité » aux attentes et aux exigences de la société à leur égard. Le temps n’est-il pas venu de renverser le processus? Actuellement travailleuse autonome dans le secteur de la recherche, José Gauvreau est convaincue qu’il est possible d’envisager une carrière en féminisme. Qui sait, peut-être à une autre échelle puisqu’elle a entrepris depuis peu des études en développement international.