Des allocations qui s’envolent

Malgré son salaire modeste de 20 000 $, Marie ne recevra pas l’allocation de maternité de 360 $ sur laquelle elle comptait pour combler les deux semaines d’attente avant de bénéficier de l’assurance-chômage.
Date de publication :
Auteur路e : Francine Lepage
Malgré son salaire modeste de 20 000 $, Marie ne recevra pas l’allocation de maternité de 360 $ sur laquelle elle comptait pour combler les deux semaines d’attente avant de
bénéficier de l’assurance-chômage. Depuis octobre 1992, le gouvernement du Québec applique un nouveau critère d’attribution, le revenu familial. Dans le cas de Marie, son
revenu brut de l’année précédente et celui de son conjoint dépassent tout bonnement la limite permise, soit 55 000 $
Parents de deux enfants de 9 et 11 ans, Simon et Hélène n’ont pas droit à la prestation pour enfants du gouvernement fédéral qui remplace, depuis janvier 1993, les
allocations familiales et les crédits d’impôt pour enfants. A 65 000 $, leur revenu familial net est jugé trop élevé pour qu’ils soient admissibles à cette nouvelle prestation
sélective, qui dépend désormais du niveau de revenu des deux conjoints.
D’un côté donc, le gouvernement québécois fait lui-même une encoche dans son programme d’allocation de maternité au détriment des travailleuses appartenant à la classe
moyenne. De l’autre, le gouvernement fédéral se tourne vers la sélectivité dans l’aide économique aux familles.
Fictifs mais réalistes, les cas de Marie, Simon et Hélène illustrent bien tout le débat actuel. Désormais, l’État doit-il se contenter d’accorder son aide aux familles à
revenu faible ou modeste? Doit-il plutôt, tout en soutenant les plus démunis, continuer d’appuyer tous les parents? Les prestations accordées aux travailleuses durant le congé
de maternité doivent-elles dorénavant dépendre du revenu de leur conjoint ou plutôt demeurer un droit individuel?
Pour le Conseil du statut de la femme, l’État doit s’engager résolument à soutenir les parents et les enfants en se basant sur les deux principes suivants : l’équité et
l’autonomie des femmes.