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Le rendez-vous chinois

Si les liens sont étroits entre chacune des conférences mondiales sur les femmes, ils le sont particulièrement entre Nairobi et Beijing.

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Mexico, 1975, Copenhague 1980, Nairobi, 1985 et bientôt Beijing 1995, 4e Conférence mondiale des Nations unies sur les femmes sous le thème Lutte pour l’égalité, le développement et la paix.

Si les liens sont étroits entre chacune des conférences mondiales sur les femmes, ils le sont particulièrement entre Nairobi et Beijing. Au Kenya, en 1985, 159 États avaient entériné les stratégies prospectives d’action visant à améliorer la condition des femmes d’ici l’an 2000. Suite logique, en Chine du 8 au 15 septembre 1995, on établira le degré de mise en œuvre de ces mêmes stratégies à travers le monde. Puis on approuvera une série d’actions ajustées aux priorités actuelles des femmes. En résumé, que s’est-il passé depuis Nairobi et que reste-t-il à faire « pour éliminer la discrimination envers les femmes et encourager un nouveau partenariat entre hommes et femmes pour le XXIe siècle? », a déclaré la secrétaire générale de la Conférence, la Tanzanienne Gertrude Mongella.

Environ 150 pays enverront des délégations officielles (majoritairement issues des milieux gouvernementaux) à la Conférence de Beijing. Au moment d’aller sous presse, la composition de la délégation canadienne n’était pas connue, non plus que les sommes d’argent que le gouvernement du Canada consacrera à la préparation et à la participation à l’événement

Pour relancer les discussions préparatoires, la Commission de la condition des femmes, l’instance de l’ONU chargée de préparer la conférence au niveau mondial, a retenu huit sujets majeurs concernant les femmes :

Actuellement, les divers pays évaluent eux-mêmes leur action dans ces domaines depuis le début des années 1980 et préparent leur participation à Beijing en 1995.

Qu’en est-il au Canada?

C’est Condition féminine Canada qui préside les divers comités de travail du gouvernement fédéral en vue de la Conférence. L’organisme est particulièrement chargé d’élaborer, à la demande de l’ONU, le rapport national par lequel le Canada expose et mesure son engagement envers les femmes au pays et dans les provinces.

Pour sa part, le Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme (CCCSF), chargé de conseiller le gouvernement fédéral, a produit son propre bilan de l’action des gouvernements au Canada (fédéral, provinciaux et territoriaux). Ce document reconnaît que le Canada a pris certaines initiatives importantes comme la mise sur pied de la Commission sur les nouvelles techniques de reproduction et du Comité sur la violence faite aux femmes, l’abrogation de la loi sur l’avortementation de cinq centres de recherches sur la violence familiale. Par contre, certaines mesures fédérales ne respectent pas l’esprit des engagements internationaux du Canada; par exemple, l’abandon du projet national de services de garde d’enfants, l’annulation du programme de contestation judiciaire, l’insuffisance des subventions aux groupes de femmes et les coupures dans le Régime d’assurance-chômage.

Sur le terrain

A l’ONU, on insiste beaucoup pour que les enjeux de la Conférence de Beijing soient largement débattus dans les pays au cours de l’année qui précède l’événement. Les Canadiennes pourront faire valoir leur point de vue auprès du Comité de coordination canadien avec Beijing, un regroupement d’organismes non gouvernementaux (ONG).

Ce comité est composé de six membres élues par les groupes canadiens de femmes, une représentante de chacune des six grandes régions du Canada et cinq membres choisies par les élues afin d’assurer le plus adéquatement possible la diversité des femmes canadiennes. Deux Québécoises font partie du comité : Charlotte Thibault, de l’Association des partenaires et collaboratrices en affaires, qui en assume la coprésidence avec Chandra Buduh du YMCA Canada et Micheline Simard, du Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT). Le secrétariat général a été confié à l’Institut canadien de recherche sur les femmes dont le siège social est à Ottawa.

Les discussions canadiennes porteront surtout sur la pauvreté, la violence l’accès à l’éducation et aux services dé santé.

Pour ce qui est de la contribution des groupes de femmes du Québec aux travaux du comité, elle passera principalement par l’AFÉAS, la Fédération des femmes du Québec, la section québécoise du National Action Committe (NAC), les comités de condition féminine de la CSN et de la CEQ, Relais femmes, le CIAFT, et le Comité femmes et développement de l’Association québécoise des organismes en coopération internationale.

« Pour l’instant, et pour ne pas réinventer sans cesse la roue, explique Charlotte Thibault, nous avons choisi d’utiliser les résultats de différents séminaires et colloques, par exemple, ceux sur les femmes et les médias, sur la violence, Un Québec féminin pluriel et, le plus récent, celui de Solidarité populaire Québec sur une nouvelle charte des droits populaires.

« Il nous faut partir d’une action locale pour en arriver à une vision globale, ajoute-t-elle, car l’ONU privilégie des recommandations concrètes qui, au Canada, ne pourront se faire majoritairement qu’au niveau des provinces. En effet, si nous avons les mêmes objectifs et les mêmes dossiers que les femmes des autres provinces, nos solutions seront peut-être différentes, au Québec nous pensons beaucoup à la solution d’un problème en fonction de l’utilisation des champs de compétence québécois et de sa mise en application au niveau des deux gouvernements ».

Les ONG du monde

La délégation des ONG canadiens rejoindra à Beijing celle des autres pays pour la tenue du Forum des ONG, du 30 août au 8 septembre 1995, un événement dépourvu de caractère officiel qui se tient en marge de chaque conférence mondiale.

Réunissant des milliers de femmes venues de partout à travers le monde le Forum 95 permettra, par des films des expositions et des ateliers d’échanger des idées et de l’information de faire valoir les réalisations et là contribution des ONG à la cause des femmes, d’élaborer des solutions pour contrer la discrimination. Le Forum permettra aussi de bâtir des réseaux d’action et d’information.

Il est cependant parfois difficile, là tout comme à la Conférence, de s’entendre sur les situations à traiter en priorité. Par exemple, parler d’accès à l’éducation au Canada et dans les pays industrialisées occidentaux signifie accès aux études supérieures. Dans les pays en voie de développement, il s’agit avant tout de programmes d’alphabétisation pour donner aux femmes une base minimale leur permettant d’assurer leur survivance et celle de leurs enfants.

Les ONG canadiens disposent d’un budget de 250, 000 $ pour préparer leur contribution au Forum. Quant à leur participation à l’événement, elle est conditionnelle à la générosité des gouvernements provinciaux et du secteur privé.

Beijing, c’est gros, Beijing, c’est loin. L’ONU vise réalisme, efficacité et rapidité d’exécution pour l’ensemble de l’opération. Y arrivera-t-elle? Le début du XXIe siècle, échéance des Stratégies prospectives d’action adoptées à Nairobi, c’est pour demain. Une ampleur qui tolère peu de délai et beaucoup d’énergie.