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La Violence des femmes — Derrière le masque

Difficile de regarder en face la réalité des femmes violentes. Conséquence de cette myopie collective: le néant quasi total côté services de soutien et de thérapie. Pire encore, un traitement discriminatoire pour celles dont la violence est associée…

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Difficile de regarder en face la réalité des femmes violentes. Conséquence de cette myopie collective : le néant quasi total côté services de soutien et de thérapie. Pire encore, un traitement discriminatoire pour celles dont la violence est associée… à la maladie mentale.

Avertissement

Comment même penser à la violence des femmes, alors que celle que l’on exerce à leur endroit est de loin la plus manifeste, la plus établie, et qu’elle éclate atrocement dans tous les médias? S’occuper de cette réalité peut sembler pour certaines injustifiable, car elle entache la « cause féministe » ainsi que la nécessaire dénonciation de la violence faite aux femmes. À contre-courant, La Gazette des femmes a tout de même choisi de briser le silence sur un sujet tabou. Parce que nier le phénomène équivaut à refuser de voir la détresse intérieure de celles qui demeurent prisonnières de leur propre comportement agressif.

Statistiquement parlant, l’ampleur du phénomène est sans commune mesure avec la violence masculine. On n’a qu’à lire les études les plus récentes. Selon le dernier rapport de Statistique Canada, parmi les 21 901 cas d’agression contre un conjoint déclarés à la police, 11 % seulement des victimes sont des hommes et 89 %… des femmes. Sur toute la ligne, la violence masculine détient de tristes records. De à , 1 525 épouses ont été tuées par leur mari, tandis que l’on compte 513 conjointes meurtrières. Les pères sont aussi responsables de 73 % des agressions contre leurs enfants et les mères, du reste. Même disproportion du côté des infanticides : les pères sont accusés de 64 % des meurtres et les mères, de 24 %.

Une seule note discordante (et dérangeante) dans cette panoplie de pourcentages : selon un échantillon de 61 services de police, le nombre d’hommes victimes de violence conjugale a augmenté de 6 % de à , alors que celui des femmes battues, tout en demeurant huit fois plus élevé, a diminué de 9 %!

Suzanne Masson, consultante en éducation spécialisée, met en œuvre et anime depuis plusieurs années des programmes d’intervention auprès des personnes agressives. C’est en travaillant auprès des hommes violents que la problématique des femmes violentes s’est imposée à elle. « Je sais que ça choque les gens, mais j’affirme que dans 25 % des couples, c’est l’homme qui se révélerait violent. Dans un autre 25 %, il s’agirait de la femme. Dans 50 % des cas, la violence serait symétrique, c’est-à-dire qu’elle proviendrait de part et d’autre. » Michel Larrivée, du groupe Autonhommie de Québec, un centre de ressources pour hommes, témoigne du phénomène. « Dans chacun des quatre groupes auprès desquels j’agis comme animateur chaque année, au moins un homme sur huit est victime de violence de la part de sa conjointe. »

Psychothérapeutes et féministes, Diane Chayer et Dominique Bilodeau travaillent depuis de nombreuses années auprès de femmes battues ayant des comportements agressifs et parfois une dynamique de violence réelle. Elles admettent qu’il y a une résistance chez certains groupes de femmes à s’avancer sur ce terrain. « La violence des femmes est un débat de société qui n’est pas encore fait, affirment-elles. Mais, tant qu’on nie le problème, on ne rend pas service aux femmes qui ont besoin d’aide. »

Pourquoi cette résistance? Serait-ce que la violence des femmes discréditerait le mouvement féministe? Des interviewées impliquées de près ou de loin dans des maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence ont rapporté avoir vu certaines d’entre elles agresser leurs enfants et d’autres compagnes. « Cela remet bien des choses en question, confie une intervenante qui préfère garder l’anonymat. Dans certains milieux, il y a des réticences à reconnaître que les femmes peuvent agresser, car ce serait affirmer qu’elles ne sont pas des victimes. Ça annule tout. »

Nombre d’intervenantes travaillant au sein de ces maisons parlent de la question du bout des lèvres. « Nous sommes tellement habitués à l’image de la femme douce et soumise que, aussitôt qu’elle crie ou pique une colère, nous la disons violente », plaide prudemment Johanne Turgeon, présidente du Regroupement provincial des maisons d’hébergement et de transition pour femmes victimes de violence. « Les femmes se perçoivent plus violentes qu’elles ne le sont en réalité », soutient pour sa part Françoise Guay, chercheuse pour Relais Femmes. Elles se sentent coupables d’être agressives plutôt que de dire : « j’ai le droit de faire une colère. » » « On fait croire aux femmes qu’elles sont aussi responsables que leur conjoint de la violence dans leur couple. Endossent-elles trop facilement cette nouvelle responsabilité? », demande une autre.

La psychothérapeute Marie-Josée Parent, qui a mis sur pied le Groupe de réflexion et d’intervention auprès des femmes et a travaillé dans les maisons d’hébergement, tient un autre discours. « Nous avons mis du temps à reconnaître et à mettre au jour la violence des hommes. Les années 70 ont apporté une remise en question de la condition féminine en réajustant les rapports dominants-dominés. Mais cela a laissé des points aveugles. La violence des femmes va à l’encontre du pattern; elle dérange notre cohérence. »

Tout de même, il a été démontré que, pour bien des femmes, la violence s’avère un réflexe de protection dans un contexte d’autodéfense ou de représailles. Avec un conjoint pacifique, ces femmes ont rarement recours à la violence. Marie-Josée Parent qui, depuis dix-huit ans, voit défiler dans son bureau des femmes violentées et violentes a longtemps cru, elle aussi, à ce motif comme seule explication de la violence féminine. « Mais ce n’est pas possible que l’homme soit porteur de tout ce mal! Il y a des femmes aux prises avec un réel problème de violence. Et elles ont besoin d’aide. Va-t-on finalement descendre du ring de boxe, sortir des rapports de force et de pouvoir? »

Le déni

Hélène (les témoignages sont tous sous le couvert de l’anonymat), une enseignante de 45 ans, a subi dans son corps et son être les meurtrissures d’une mère violente. « Le jour de ma première communion, elle s’est mise à courir après moi et à me battre sans raison devant tout le monde. Le lendemain, j’étais en observation à l’hôpital : je ne marchais plus. Sa rage contre moi était incommensurable. » Dès sa naissance, Hélène est devenue son bouc émissaire. « Elle me frappait, m’arrachait la peau des mains, me jetait dehors dans la neige… » Mais pires que ses coups et ses gifles étaient ses paroles dures, humiliantes, sa façon de dénigrer ou simplement d’ignorer sa fille. « Cela m’a fait plus de mal que sa cruauté physique. J’ai dû la tuer mentalement pour continuer à vivre. »

La manipulation et l’autorité excessive étaient pour cette mère la seule façon de survivre. « Elle faisait des crises pour des bagatelles. Je voyais la fureur dans ses yeux et je craignais pour ma vie. Elle m’a chassée de la maison et je pense qu’elle l’a fait pour me protéger de la mort. Elle savait qu’elle finirait par me tuer. » On imagine les séquelles. « La violence de ma mère a laissé en moi des cicatrices profondes et désastreuses. Je n’avais pas ma place, je n’avais pas le droit d’exister. Je n’étais rien. »

Des antécédents familiaux en points de suture ont précédé cette violence maternelle. « Ma mère vient d’une famille d’alcooliques, raconte Hélène. Un alcoolisme dur, à en mourir. Nous croyons qu’elle a été victime d’abus sexuels durant son enfance. Devant sa violence, mon père est toujours demeuré extrêmement passif. »

De fait, la psychothérapeute Marie-Josée Parent a remarqué que les femmes recréaient souvent auprès des enfants leur propre vécu familial. En règle générale, elles sont violentes en paroles avec leur conjoint et physiquement avec leurs enfants. « Elles se retrouvent dans leurs propres enfants, mais, au fond, elles veulent les protéger contre cet aspect d’elles-mêmes qui est imprévisible, violent et monstrueux. »

Le déni semble camoufler les manifestations de la violence féminine. « On n’avoue à personne qu’on est un monstre, même pas à sa meilleure amie, témoigne Lucie, une mère violente de 32 ans qui a décidé de briser le silence. Je sentais en moi une bête indomptable. Je n’étais pas une femme. » Louise Delisle, qui anime des groupes de thérapie pour femmes violentes à Option, de Montréal, met des mots sur cette détresse. « Elles ne se sentent pas des vraies femmes parce qu’elles ont le sentiment d’échouer dans leurs rôles de mère et de protectrice des enfants.Elles ont honte et se sentent terriblement coupables. » « Beaucoup de pertes sont associées à la violence des femmes, poursuit la psychothérapeute Diane Chayer. Elles réalisent qu’elles ne gagnent rien à être violentes : elles ont peur de perdre l’amour de ceux qu’elles aiment : leur conjoint, leur enfant. » « J’ai toujours voulu quitter la maison, soit pour me suicider ou me sauver au fond des bois, raconte Christine, une épouse et une mère violente. J’avais peur de faire quelque chose d’irréparable, peur que quelqu’un me dénonce à la Direction de la protection de la jeunesse, peur de perdre mes enfants. »

La peur d’avouer sa violence a aussi longtemps emprisonné Roxane dans l’étau de la détresse. Élevée par un père qui la bat et une mère très agressive en paroles, elle copie l’éducation inculquée et se défoule sur son petit frère. À 17 ans, elle devient amoureuse de son premier copain avec qui elle cherche constamment la bagarre. Elle le quitte pour un autre et se retrouve enceinte. Roxane claque les portes, casse les assiettes, fesse à coups de pied sur son conjoint qui est doux comme un agneau, mais il apprend vite à se défendre.

Quand elle se rend compte que ses crises perturbent son enfant, elle rompt sa relation et transfère sa colère sur celui-ci. « On fait ce qu’on veut avec un enfant. C’est tellement facile de se défouler sur lui de toutes ses frustrations accumulées. Pourtant, je voulais vraiment être heureuse avec le petit, lui donner autre chose que ce que j’avais connu. » Sauf que la voie de sortie lui semblait un cul-de-sac. « J’avais besoin d’aide, mais j’avais peur d’avouer ma violence, car je pensais qu’on m’enlèverait mon enfant. » Aujourd’hui, Roxane poursuit une thérapie. Son fils de 8 ans est violent et il est suivi par le psychologue de l’école. « J’en vois beaucoup des mères comme moi. Je les flaire. Elles aiment leurs enfants, mais elles n’ont pas les moyens de s’en sortir. »

Issue cul-de-sac

Comme la chape du silence entoure toute manifestation de violence féminine, les femmes n’ont aucune idée où s’adresser pour obtenir du soutien. « Elles vont voir le médecin qui, ne sachant de quelle façon les traiter, les envoie à gauche et à droite, explique Suzanne Masson qui travaille auprès des personnes agressives. Dans les CLSC et les salles d’urgence, il n’y a pas de personnes-ressources pour aider ces femmes. Des thérapeutes refusent même de les voir parce qu’ils en ont peur! »

Mélanie, une mère violente désespérée, a frappé à plusieurs portes. Personne ne semblait capable de lui venir en aide. « Il a fallu que je prenne le téléphone en pleine crise, sur le point d’assommer mon enfant, pour qu’au CLSC on accepte de me faire rencontrer un thérapeute. »

En matière de violence conjugale et familiale, tous les services existants sont conçus pour aider les femmes victimes de violence et les hommes agresseurs. Le Québec compte 90 maisons d’hébergement pour les premières (plus de 400 au Canada) et il existe 26 programmes de traitement destinés aux seconds. Pour les femmes violentes, c’est presque le néant.

Le groupe Option de Montréal, créé en pour venir en aide aux hommes violents, met sur pied depuis des groupes de thérapie pour femmes violentes. Il est un des rares services du genre au Québec. Le traitement nécessite un engagement minimal de 21 rencontres, mais, comme ce service ne bénéficie d’aucune subvention et que les besoins sont grands et les moyens limités, l’attente peut être d’un an. En dernier recours, il reste toujours la thérapie individuelle. Mais, lorsqu’on connaît la condition économique des femmes, il est évident que la majorité n’ont pas accès aux soins dont elles ont besoin.

Les ressources humaines et pécuniaires insuffisantes ne sont pas la seule pierre d’achoppement au traitement des femmes violentes. Dans une société sous domination masculine, la violence au féminin se révèle à ce point incongrue qu’elle est perçue à travers un prisme. Celui de la discrimination. « Les femmes arrivent chez nous avec des erreurs de diagnostic, affirme Louise Delisle, du Groupe Option. Elles sont passées par la psychiatrie et y ont reçu une médication. Pourtant, elles n’ont aucun problème de santé mentale! »

« C’est une violence qui effraie », explique Lyne Jomphe, d’Expansion Femmes, à Québec, une maison de transition pour femmes ayant eu des démêlés avec la justice. « Elle va carrément à l’encontre du stéréotype de la femme douce, qui aime et protège ses enfants. Comme on ne comprend pas, on parle de maladie mentale, de névrose. » Pourtant, même dans les cas de délits graves commis par des femmes, la maladie mentale est loin d’être la première en cause. En , la psychiatre Renée Roy, du Centre de psychiatrie légale de l’Institut Pinel, a procédé à l’étude clinique de dix-sept mères qui avaient tué leur enfant. Seulement un tiers des personnes observées souffraient d’une maladie mentale. Deux fois plus nombreuses, les autres présentaient des problèmes de la personnalité tels que de difficiles relations interpersonnelles ou encore une dépendance très forte.

« Il n’y a pas de permission sociale à la violence des femmes », affirme dans la même veine la psychothérapeute Diane Chayer. La société nous dit qu’il est presque normal pour un homme d’être violent. Mais une femme violente, c’est une extraterrestre. Elle en éprouve beaucoup de honte et de culpabilité. » Alors que les hommes violents s’en prennent à leur conjointe et aux enfants, allant jusqu’à les tuer dans un acte ultime, certaines femmes vont se blesser, se mutiler et, dans les cas extrêmes, se suicider (nombre d’entre elles ont fait des tentatives à l’adolescence). « L’autotorture est mieux acceptée par la société, dit la psychothérapeute Marie-Josée Parent. Les femmes ont la liberté de s’en prendre à elles-mêmes et de faire le sacrifice de leur personne. » « J’en ai vu qui s’arrachaient les cheveux et qui se frappaient la tête contre les murs, témoigne Pierrette Cliche qui a travaillé pendant treize ans à la maison Expansion Femmes de Québec. « Je ne fais de mal à personne », disent-elles. »

« C’est incroyable, renchérit Suzanne Masson. Lorsqu’un homme est arrêté pour un acte de violence, on l’envoie au pénitencier. Mais une femme sera dirigée en psychiatrie. Est-ce qu’on associe la violence des hommes à la maladie mentale? » Comme si la violence était considérée comme une manifestation masculine rationnelle, alors que, chez la femme, elle appartiendrait au domaine de l’irrationnel. « Encore les vieux patterns! », s’indigne Marie-Anne Parent.

Au sein du groupe Option, on s’étonne, peut-on lire dans le rapport annuel, « qu’à l’aube de l’an , les femmes soient encore, au Québec, l’objet de discrimination lorsqu’elles ont des comportements qui vont à l’encontre des rôles et des mandats (de protection et de maternage) qui leur sont dévolus dans notre société. Pourtant, la transmission générationnelle de la violence conjugale et familiale passe aussi par la négligence et la violence de femmes et de mères en difficulté. »

Bombe à retardement

Les femmes violentes sont de tous les milieux et de tout âge. Elles abritent un volcan de rage accumulée, une énergie en excès qu’elles ne savent comment canaliser. Selon les thérapeutes, leur incapacité à s’affirmer, à définir et à exprimer leurs besoins fait en sorte qu’elles n’établissent pas leurs limites. Conséquence : un perfectionnisme à outrance qui engendre une énorme pression et des frustrations. « L’affirmation de soi se traduit alors en agir violent », explique Louise Delisle qui anime des groupes de thérapie, chez Option, à Montréal.

« Elles peuvent être douces au travail, puis devenir de véritables lionnes à la maison. La marmite saute là où c’est permis », observe Suzanne Masson qui travaille auprès de gens agressifs. « C’est une violence qui n’est pas organisée, constate la chercheuse Françoise Guay, de Relais Femmes. Tout à coup, la personne n’en peut plus et ça explose de partout. » « L’accumulation de cette colère est dangereuse. Une véritable bombe! Voilà pourquoi il est important d’avoir des lieux où la femme puisse exprimer sa colère », poursuit Suzanne Masson.

L’autorité excessive s’avère souvent une stratégie de prédilection pour forcer l’entourage à se conformer à leurs désirs. « J’aurais préféré une bonne fessée plutôt que de subir la violence psychologique de ma mère, raconte Marie-France. Tout ce qu’elle voulait, c’était diriger, semer le doute et engendrer la culpabilité. Cela m’a démolie et a brisé ma confiance en moi. Adolescente, j’avais des crises d’angoisse terribles. J’avais l’impression de ne pas exister et j’avais peur de disparaître. » Plus tard, Marie-France a cherché à comprendre. « Elle-même élevée par une mère contrôlante, ma mère souffrait d’une profonde insécurité. Elle craignait par-dessus tout la solitude et elle voulait nous mouler à son image, nous mettre à sa main pour nous garder auprès d’elle. » De fait, constate Jacques Broué, responsable clinique chez Option, la violence est fréquente dans les relations de type fusionnel et est souvent liée à la peur de l’abandon. « Perdre l’autre, c’est être rejeté. Perdre l’autre, c’est la mort. »

Au pied du mur

« Aux prises avec un immense malaise intérieur, les femmes violentes vont souvent prendre conscience de leur problème au moment où elles dépassent des limites : lorsqu’elles mordent, prennent un couteau, voient le sang sur le corps de leur enfant », explique Louise Delisle de chez Option. La plupart du temps, elles consultent une fois acculées au pied du mur.

Commence alors l’étape de la responsabilisation. « Nous les aidons d’abord à se faire confiance et à se dévoiler à elles-mêmes et aux autres dans leur comportement violent, explique Jacques Broué, responsable clinique chez Option. Nous leur disons : « Tu n’es pas folle parce que tu es violente. Mais ce n’est pas parce que tu as été violentée que tu as le droit de faire subir la même chose aux autres. » Nous l’amenons à une conscientisation et à une affirmation d’elle-même, puis nous l’aidons à trouver des voies alternatives à son comportement violent. » Le fait que les femmes ont longtemps été consignées au silence n’est pas sans freiner le processus thérapeutique, comme en témoigne Danielle Pearson qui anime des rencontres pour femmes agressives à la maison de la Famille de Québec. « Nous leur apprenons que la colère peut être créatrice, qu’elle n’est ni négative ni positive, mais simplement une émotion. Nous aidons ces femmes à se responsabiliser vis-à-vis ce sentiment. »

Dans l’ouvrage Les éthiques de responsabilité dans un monde fragile (Fides-labor et Fides, ), l’auteur Denis Müller explique le mécanisme de la réaction violente : « La personne violente agit non pas à cause du comportement ou de l’attitude de l’autre, mais parce que quelque chose en elle réagit à ce que l’autre fait. Sa réaction ne dépend pas du comportement ou de l’attitude de l’autre, mais de ce que ce comportement ou cette attitude l’amène à revivre de l’expérience du passé. Ce faisant, la personne violente cherche à contrer ce qui est éveillé en elle par une tentative de contrôler le comportement ou l’attitude de l’autre. Cet autre est alors perçu par la personne violente en tant que déclencheur de sa souffrance actuelle, bien que cette souffrance soit en fait la réactivation d’une blessure antérieure. »