Aller directement au contenu

Femme du millénaire

Une femme du millénaire. Une femme qui danse la valse à 2000 temps. Une femme propulsée dans l’électronique air du temps …

Date de publication :

Une femme du millénaire. Une femme qui danse la valse à 2000 temps. Une femme propulsée dans l’électronique air du temps, plongeant dans l’univers nucléaire. Une femme du millénaire qui sait d’où elle vient et où elle va, qui sait faire le mal comme le bien. Une femme qui sait. Véloce, vive, lumineuse comme son époque, elle s’habille de fringues multicolores et rit plus fort que la mort. Comment me voir autrement que dans le corps de cette femme du millénaire que j’admire d’avoir réussi à survivre sous la domination mâle, et qui commence à s’en sortir tête haute? Je nourris en moi l’idée pure de la femme. Je sens en moi le grondement des applaudissements de toutes celles qui n’ont pu parvenir à une époque où nous pouvons enfin choisir notre vie. L’écrire, la dessiner comme nous l’entendons.

Je suis femme du millénaire. Dans le pays où j’ai été « fabriquée », je suis libre. Inéluctablement libre. Je ne troquerais cette liberté pour rien au monde. Je ne désire être aucune autre femme, dans aucune autre époque, dans aucune autre contrée. Je suis, moi, prête à me battre, prête à tout pour défendre les droits des femmes.

Je suis ici, j’y reste. Autour de moi, trop de filles ignorent la chance qu’elles ont d’être des femmes ici plutôt qu’ailleurs et ne voient rien de leur liberté. Elles ont posé sur leur cœur un boulet qui leur fait croire qu’elles sont toujours trop grosses, qu’elles ont une poitrine trop petite, qu’elles ne sont pas assez belles. Je les devine immédiatement ces sœurs trop vulnérables, trop faibles, emprisonnées dans l’image de leur corps, qui n’ont pas encore compris qu’elles valent autant que les mecs qui les reluquent. Elles ont oublié qu’il y a 40 ans à peine, la femme était prisonnière de son rôle d’épouse et de mère. Les regarder me fait mal. Chaque complexe qu’elles nourrissent me catapulte dans le désarroi.

Malgré tout, je continue de croire en la femme du millénaire. Je tiens à montrer aux autres filles qu’elles ne devraient pas se sentir vivre uniquement dans le regard des hommes. Qu’il y a mieux. Qu’il y a, tout autour, mille possibilités, mille chemins inexplorés qu’elles peuvent emprunter. Je veux qu’elles s’appartiennent totalement. Complètement, entièrement. Je les veux fortes. Et heureuses.

Je suis une femme du millénaire qui ne doute pas de la force de chacune, parce que j’ai confiance en moi-même. Je ne suis pas meilleure que mes compagnes, mais j’ai conscience d’un passé injuste, d’un présent encore trop imparfait. Le combat de celles qui m’ont précédée n’aura pas été vain. La lutte qui se poursuit aujourd’hui se joue beaucoup dans les têtes. Et continuera tant que les femmes n’auront pas pris conscience de tout ce qu’elles sont, de leur pouvoir.

Une femme du millénaire est heureuse d’être femme. Elle croit d’abord en elle-même. Au Québec, elle est fière de sa liberté. Une femme du millénaire connaît le passé et trace le futur. Une femme du millénaire sait. Une femme du millénaire agit.

Voilà. Je refuse que l’on parle de la femme comme du sexe faible. Je refuse la domination. Je refuse la lâcheté. Je refuse. Non. Niet. No. Nevermore.