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Prisons pour femmes : le piège

Derrière les barreaux, mieux vaut être un homme qu’une femme. Pas moins de 85 % des prisonnières pourraient être gardées autrement.

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Derrière les barreaux, mieux vaut être un homme qu’une femme. Pas moins de 85 % des prisonnières pourraient être gardées autrement. Seules 10 % constituent un réel danger social. Leurs conditions de détention sont inéquitables comparées avec celles des hommes incarcérés pour des crimes semblables. Si l’emprisonnement s’impose, la preuve existe qu’on peut le faire mieux, à moindres frais et avec de meilleurs résultats. Mais on ne le fait pas.

C’est ce que révèle une vaste enquête de portée internationale de la criminologue Marie-Andrée Bertrand, de l’Université de Montréal. Elle et son équipe ont visité les 24 plus importantes prisons pour femmes de huit pays d’Amérique du Nord et d’Europe du Nord : Canada, États-Unis, Angleterre, Écosse, Allemagne, Danemark, Finlande et Norvège. L’ouvrage Prisons pour femmes présente un bilan peu reluisant de l’opération qui a duré plus de cinq ans. « Les féministes ont trouvé il y a un quart de siècle que les lois étaient sexistes. Elles ont ensuite expliqué que le droit était mâle. Je dis maintenant que la prison pour femmes s’avère l’établissement le plus sordide pour obliger les détenues à se conformer à ce que l’on attend d’elles comme femmes », lance la criminologue. Tout amène la prisonnière à se couler dans les rôles réducteurs que la rectitude politique ne permet même plus d’exiger dehors.

Pourtant, la chercheuse et ses collaboratrices — Louise L. Biron, Concetta Di Pisa, Andrée B. Fagnan et Julia McLean — ont voulu par cette étude comparative trouver des percées d’imagination et d’humanisme qui laissent prévoir des conditions d’incarcération améliorées pour les femmes. Elles ont finalement récolté bien plus de désillusions que d’éléments positifs. « Il nous est même arrivé de constater que certaines voies préconisées il y a quelques années par des chercheuses, dont nous-mêmes, se sont parfois retournées contre les femmes. » Des exemples? « Dans une prison mixte finlandaise, les femmes ont tout naturellement hérité des tâches ménagères nécessaires au bien-être des hommes (lessive, repassage, ménage, etc.) et se voient refuser l’accès aux deux formations les plus prometteuses pour un retour sur le marché du travail : les métiers de cuisinier et de jardinier. » Dans une autre prison, la création d’une section spéciale pour les mères a engendré une grande détresse chez les femmes dont les enfants dépassaient l’âge limite, soit 6 ans. « Mère ou non, les prisonnières qui font face à cette situation ont vite conclu que le seul statut honorable d’une femme vient de son rôle de mère d’un jeune enfant. Le seul qui lui mérite des privilèges. »

Oh! bien sûr, les milieux carcéraux que les chercheuses ont scrutés à la loupe « ne sont pas si mal » par comparaison avec les macabres prisons turques pour hommes ou encore les prisons égyptiennes pour femmes où 40 mères incarcérées avec leurs enfants peuvent à peine trouver l’espace qu’il faut pour s’étendre sur le sol la nuit. « Mais ce ne sont pas des Égyptiennes qui sont emprisonnées à Tanguay, à Montréal. Ce sont des Québécoises qui sont logées dans une prison malpropre et chaotique », réplique Marie-Andrée Bertrand. Pire que tout, derrière l’allure plutôt « normale » des établissements visités, se cache un fait troublant : les prisons ont « un genre ». Masculin. Mieux vaut y être homme que femme. « Les peines imposées aux femmes criminelles et particulièrement les conditions carcérales sont, sauf quelques exceptions, appliquées sans tenir suffisamment compte des besoins et des caractéristiques personnelles et familiales des femmes », observe la chercheuse.

On sait pourtant que la majorité des détenues ont des enfants, que quelques-unes sont enceintes, que rares sont les conjoints qui les attendent et, surtout, qu’elles ne font qu’exceptionnellement partie d’un milieu criminel organisé. Aucun de ces critères particuliers ne semble peser dans la balance en ce qui concerne le traitement des prisonnières. À preuve, l’enquête a démontré une sécurité excessive dans les prisons pour femmes par rapport au danger réel que représente la très grande majorité d’entre elles. Cela se traduit, entre autres, par des clôtures et des murs d’enceinte élevés, des fenêtres garnies de barreaux, des portes de chambre percées de judas. « Des précautions inutiles et frustrantes pour les prisonnières », croit Mme Bertrand. Inutiles, parce que les évasions sont rares. Ensuite, le petit nombre de femmes reconnues coupables de crimes graves récidive très rarement. « La plupart du temps, elles ont attenté à la vie de leur conjoint ou de leur enfant, dans des circonstances très particulières, à l’intérieur de relations familiales et affectives difficiles. Elles ne constituent pas un danger pour la vie d’autres personnes ou pour l’ordre social. » Et puis il faut dire que les femmes terroristes sont rarissimes. « Il s’en trouve 4 ou 5 sur les 2000 détenues dans les 8 pays et les établissements dans lesquels nous nous sommes rendues : leurs crimes remontaient à plus de 10 ans. »

D’ailleurs, le point de vue de la criminologue a été confirmé par les autorités pénales et le personnel pénitentiaire qui lui ont avoué, de leur propre chef, que « seulement 10 % des femmes incarcérées constituent un réel danger pour la vie d’autrui et l’ordre social. » « Il est illégitime de tenir enfermées les autres 90 %, sans compter que cela est fort coûteux », écrit-elle. Les frais de séjour en prison pour femmes, parce que moins nombreuses, sont effectivement plus élevés que pour les hommes — il en coûte en moyenne 83 000 $ par année pour une prisonnière dans un pénitencier fédéral contre 50 000 $ pour un détenu!

Autre point révoltant des prisons pour femmes : des programmes lamentables de formation et de réhabilitation qui les préparent bien mal à un retour dans la communauté. En Amérique du Nord, poursuivre des études est quasiment impossible pour les détenues! Les classes destinées aux études primaires ou secondaires, lorsqu’elles existent, sont désertes, notamment parce que les femmes, parfois illettrées, préfèrent souvent travailler (coudre, peler des patates, faire la lessive ou laver les planchers), ce qui leur donne un salaire supérieur à ce qu’elles toucheraient pour étudier. Dans quatorze des seize prisons fermées visitées, on leur refuse carrément l’accès aux études supérieures. « Pourtant, note la criminologue, la mission correctionnelle de l’État consiste non seulement à protéger la société, mais aussi à préparer la réinsertion sociale des personnes incarcérées. Les choses sont différentes pour les prisonniers qui peuvent fréquenter les établissements d’enseignement postsecondaire ou disposer de l’appui nécessaire pour poursuivre leurs études en prison. » Même portrait discriminatoire en ce qui a trait à la formation pratique; on offre encore dans les prisons des années 90 des programmes qui préparent aux emplois coutumiers aux femmes des années 20! De fait, les domaines les plus valorisants leur sont pratiquement inaccessibles. On les cantonne plutôt aux travaux typiquement féminins et mal payés que sont la couture et l’arrangement floral.

Les chercheuses ont découvert un autre frein à la véritable réhabilitation des prisonnières. Dans tous les États visités, elles ont constaté qu’il n’existait qu’un seul établissement central, en général au milieu du pays, pour les femmes condamnées à une longue peine d’emprisonnement. « Une situation particulièrement inéquitable, car elle cause l’isolement, la rupture familiale et la coupure avec le milieu dans lequel la femme aura à se réinsérer. » La criminologue donne l’exemple de l’ex-prison fédérale de Kingston, qui était éloignée de près de 2 500 kilomètres des provinces, tant à l’est qu’à l’ouest. À la suite d’événements tumultueux (émeute et fouille à nu brutale) qui ont donné lieu à huit tentatives de suicide, le gouvernement du Canada a décidé de la fermer pour y substituer cinq petits centres régionaux qui ont ouvert leurs portes en 1996.

Au-delà des problèmes communs, les prisons se suivent mais ne se ressemblent pas toutes. En fait, les relations des femmes incarcérées avec leur famille varient selon les pays. En Europe continentale, de longs congés sont autorisés une fois la première partie de la peine purgée. Ce retour à la maison diminue l’importance des visites familiales et conjugales à la prison. « L’idée en soi est excellente, commente Mme Bertrand. Mais, en réalité, cela n’est pas aussi rose. Contrairement aux hommes, les femmes en prison n’ont en général plus de foyer familial. Après quelques mois d’absence, le conjoint n’attend plus sa femme incarcérée et les enfants sont placés à droite et à gauche. »

Pourtant, les femmes ont droit de conserver des liens avec leurs enfants et leurs proches, d’avoir accès à un programme de réhabilitation modernisé. « Tout cela est faisable. Nous l’avons bel et bien vu, témoigne Marie-Andrée Bertrand. Il n’est pas fatal que les femmes condamnées à la prison passent des mois ou des années dans des établissements sursécuritaires dépourvus de programmes de formation, de plans de travail et de services décents. » La chercheuse fait notamment référence à la prison de Shakopee aux États-Unis, considérée comme un modèle. « S’il faut emprisonner des femmes, mieux vaut le faire dans une prison semblable à celle de Shakopee que dans toutes les autres que nous avons étudiées, peu importe la réputation de clémence pénale du pays! »

L’endroit impressionne par l’absence de sécurité périmétrique. Si ce n’était de l’écriteau à l’entrée du terrain annonçant qu’il s’agit d’une prison pour femmes, le visiteur ne pourrait se douter qu’il s’en approche. Pas de murs ni de clôtures de fil de fer barbelé autour des bâtisses. Plutôt de vastes espaces dégagés, une pelouse entretenue avec soin, des arbustes bien taillés. « Quand nous entrons, l’atmosphère amicale et le « hello » qui nous accueille nous empêchent de porter attention aux dispositifs de sécurité qui sont par ailleurs discrets, écrit la chercheuse Julia McLean. Le vaste hall d’entrée est conçu de façon à accommoder les visites familiales. On y aperçoit des jouets à la disposition des enfants qui viennent voir leur mère. Il faut nous pincer pour nous rappeler que nous venons de pénétrer dans une prison! »

Surprise. Les faits démontrent que les détenues s’évadent moins de ces lieux que de ceux à sécurité très élevée. Les chercheuses notent qu’il s’agit de la prison en Amérique du Nord où les détenues sont engagées dans des tâches qui ont l’air d’avoir du sens pour elles. « Pour la première fois, nous rencontrons des détenues qui ont presque l’air joyeux, qui semblent, en tout cas, fières d’être les sujets d’une étude. On n’entend pas de propos méprisants, de sifflets, de paroles grossières, de cris. » Shakopee est pourtant une vraie prison, et son régime se révèle assez sévère. « Mais tout y est différent, affirme Marie-Andrée Bertrand : son plan architectural, l’aménagement intérieur, la variété et la qualité des programmes offerts (par exemple, des sessions de formation aux responsabilités parentales visant à préserver la famille pendant l’incarcération et des activités de développement personnel sur l’estime de soi ou la violence familiale), mais, avant tout, le caractère actif et interactif des échanges sur les lieux de formation. C’est ce volet particulier qui prépare les femmes à leur sortie de prison. »

S’il est possible d’innover et d’adapter les établissements pénitenciaires à une population de femmes, pourquoi ne le fait-on pas? À cause de la loi du nombre. Neuf prisonniers sur dix sont des hommes. Les femmes sont noyées dans le flot carcéral masculin. « Tout joue contre elles », explique Marie-Andrée Bertrand. La femme a-t-elle droit aux mêmes services que les prisonniers, aux mêmes programmes et à la même variation de la sécurité selon sa conduite et l’avancement de sa peine? Non. Lorsque la statistique entre en jeu, le petit nombre justifie que l’on n’accorde pas aux femmes ce qui est accordé aux hommes.

« L’équité cesse d’être possible pour des questions d’ordre administratif, économique. La réponse est là, brutale : les prisonnières sont trop peu nombreuses pour qu’elles aussi profitent de la flexibilité concédée aux hommes. » Résultat : des femmes non dangereuses, à la fin de leur peine, qui font état d’une très bonne conduite, douées pour l’écriture ou la mécanique, des femmes à deux pas d’une réhabilitation effective et des mères de jeunes enfants sont restreintes à ce qui est prévu pour les criminels qui nécessitent un haut niveau de sécurité. Le principe : constituer une masse critique de prisonnières qui permet un mode d’emploi commun fondé sur la norme la plus rigoureuse.

Et quand l’exercice comptable prend le dessus sur le gros bon sens, l’arbitraire n’est jamais vraiment loin. Ainsi, les contacts et les visites prolongées avec les enfants et les conjoints ne seront considérés nulle part au Canada et aux États-Unis comme des droits, mais comme des récompenses et des privilèges accordés selon le bon vouloir du personnel. Les chercheuses se sont d’ailleurs frottées à cette réalité lorsqu’elles ont récemment vécu un trip de détenue. Après des années de démarches pour faire cadeau d’un ordinateur à une femme incarcérée qui souhaitait écrire sa vie, elles ont reçu un non catégorique des autorités. « Le jeu durait depuis 1993. On a d’abord dit « Oui », puis « Peut-être » et « On va consulter le comité X », et enfin « Pas possible ». » L’équipe a été terriblement déçue, alors que leur protégée est restée de glace. « Vous n’avez rien compris à la prison, a-t-elle dit. Ici, il ne faut s’attendre à rien, sinon on risque de perdre sa santé mentale. Vous venez de découvrir l’arbitraire. »

La prison : théâtre des émotions

Tirée du spectacle de danse-théâtre Bagne, la photographie de page de couverture évoque l’angoisse et la dureté intrinsèques du milieu carcéral. La pièce explore les rapports de force, mais aussi la tendresse entre deux femmes emprisonnées. Pendant plus d’une heure, les danseuses Carole Courtois et Sarah Williams (que l’on voit sur la photo) donnent une représentation à couper le souffle. Les promoteurs parlent de la possibilité d’une tournée nationale et peut-être internationale.

« Je trouve l’art actuel trop ampoulé », lance Rolline Laporte, la photographe qui a réalisé la page de couverture. Fascinée par la culture underground, cette artiste multidisciplinaire est aussi membre du collectif de danse Brouhaha depuis 1987. Elle présentera une de ses chorégraphies à l’Usine C, à Montréal, du 20 au 22 janvier, une version revisitée de Giselle, le symbole même du ballet romantique. Adieu les violons et place au rock alternatif : Rolline aime les interprétations intenses et musclées. Quant à la photographie, elle s’y démarque avec ses clichés retravaillés d’une manière artisanale et essentiellement utilisés pour la promotion de spectacles de danse. L’artiste met en scène un imaginaire insolite en présentant tour à tour des images choquantes ou empreintes d’une grande beauté. Aucune exposition en vue toutefois. « Je ne me vois pas faire une exposition avec des photos accrochées sur un mur blanc. Pour me satisfaire, il faudrait une installation multimédia qui sollicite les sens de façon plus large. » Décidément, Rolline Laporte aime sortir des sentiers battus. A.S.

Pour y voir plus clair à l’ombre

  • 8 % des 57 000 personnes admises dans les établissements provinciaux du Québec sont des femmes.

Des 4 549 Québécoises emprisonnées l’an passé dans les établissements provinciaux du Québec :

  • 22 % l’ont été pour des infractions relatives à la prise d’alcool et à la circulation routière;
  • 20 % pour des infractions relevant des lois québécoises, des règlements municipaux et du Code criminel (fraude en vertu de la loi sur l’impôt par exemple ou infraction au Code de la route);
  • 15 % pour des crimes contre la propriété;
  • 5 % pour des crimes avec violence;
  • 3 % pour des infractions relatives à la loi des stupéfiants, des aliments et de la drogue.

Les prisons fédérales abritent les condamnées dont la peine dépasse deux ans. Présentement, au Québec, la plupart des femmes sous le coup d’une sentence fédérale sont gardées au pénitencier de Joliette. La Maison Tanguay, à Montréal, a maintenant une vocation exclusivement provinciale; elle reçoit les détenues qui écopent d’une peine de moins de deux ans et les prévenues en attente de leur jugement. À Québec, les femmes sont gardées à l’établissement de détention de Québec créé au départ pour les hommes. On compte également deux milieux ouverts de détention (des centres résidentiels et communautaires de transition), la maison Thérèse-Casgrain à Montréal, et le Centre Expansion Femmes à Québec. En moyenne, 150 femmes sont présentes chaque jour dans les lieux d’incarcération provinciaux. La maison Tanguay en compte environ 96; le Centre de détention de Québec, 39; les prisons pour hommes du réseau du Québec, à peu près 15.

Vos papiers, Marie-Andrée Bertrand!

La fiche d’identité de Marie-Andrée Bertrand s’inscrit sous un double parcours : criminologie et féminisme. Après 40 ans sur ces voies qu’il fallait rapprocher, elle résume : « Les théories féministes ont fait beaucoup plus pour la criminologie que cette discipline n’a fait pour les théories féministes et pour les femmes. »

La professeure de l’École de criminologie de l’Université de Montréal est de celles qui ont défriché le terrain pour relier ces deux champs qui semblaient imperméables l’un à l’autre. Comme travailleuse sociale d’abord, elle a vu à quel point les lois ne tenaient pas compte du fait que plus de la moitié de la population est constituée de femmes. Travaillant alors au tribunal de la jeunesse, elle a découvert l’horreur des dispositions du Code criminel canadien quant au contrôle de la vie sexuelle des jeunes femmes. « Mon sang ne faisait qu’un tour lorsque les présumées coupables étaient examinées par un médecin chargé de vérifier qu’elles étaient encore vierges! » Pendant ces années, la travailleuse sociale a accumulé une importante documentation qui a contribué à changer cette justice tellement inéquitable.

Au fil des décennies, ses combats ont, entre autres, porté sur la faible représentation des femmes dans des fonctions d’autorité intellectuelle, la perpétuation par l’Église du pouvoir des hommes sur le corps des femmes, les méthodes policières insidieuses et maquillées pour incriminer les prostituées et la disproportion entre la sévérité des conditions d’incarcération imposées aux femmes et les fautes commises.

Au Québec une prison à réformer

« J’admets que, jusqu’à présent, on a répondu aux besoins des femmes incarcérées avec des solutions prévues pour les besoins des hommes. » Louise Pagé, sous-ministre associée à la Sécurité publique du Québec, s’est faite la promotrice de la problématique des femmes dans le dossier de la Réforme correctionnelle adoptée en 1996 par le gouvernement. « Personnellement, ajoute-t-elle, je crois que la solution passe par le maintien des criminelles dans les communautés. Autant que possible, bien sûr. »

Dès son arrivée au Ministère, Mme Pagé a ainsi insisté pour que la clientèle féminine soit à l’ordre des priorités dans l’élaboration du plan d’action de la Réforme. « C’est une évidence pour moi que l’on ne peut comparer la criminalité des hommes avec celle des femmes. C’est aussi une évidence que, pour trouver les bonnes solutions, on doit travailler de concert avec tous les ministères engagés auprès des femmes prévenues ou incarcérées (Travail, Famille, Santé et Services sociaux, notamment) et, pourquoi pas, avec le gouvernement fédéral et d’autres organismes. »

La révision du traitement des femmes dans le système correctionnel est donc inscrite dans le Plan triennal 1998-2001 du ministère de la Sécurité publique. « Mais tout est encore sur la table à cet égard, précise la sous-ministre. De nouvelles études, analyses et concertations devraient aboutir dans quelques mois à une consultation publique. Actuellement, nous en sommes à préparer le plan d’action qui sera déposé au printemps. » Déjà, Mme Pagé utilise toutes les tribunes possibles pour sensibiliser les magistrats, les universitaires et les représentants des professions liées à ce système. « Ce qui est sûr, c’est que les choix d’organisation des services vont s’inscrire dans la philosophie de la Réforme correctionnelle voulant que l’on traite différemment la criminalité dans son ensemble, en passant de solutions lourdes à des solutions plus légères axées sur la prévention, la réparation et la résolution de conflits. »