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À la recherche de temps perdu!

Le pire reste à venir si personne n’arrête la perpétuelle course contre la montre des travailleuses.

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Le pire reste à venir si personne n’arrête la perpétuelle course contre la montre des travailleuses. Diagnostic lucide de sociologues, chercheurs et chercheuses, syndicalistes.

Portrait de groupe

« La valeur fondamentale en affaires, au siècle prochain, sera le temps, comme l’eau sera la denrée la plus rare et la plus importante en environnement. » Thierry Pauchant, professeur à l’École des hautes études commerciales (HEC), commentait ainsi le sondage effectué par Léger et Léger en 1999 pour le magazine Affaires Plus. Données percutantes : des 1 000 personnes interrogées, 4 sur 10 éprouvaient de la difficulté à concilier vie professionnelle et famille et 47 % se sentaient stressées par les exigences d’un travail trop prenant. Plus surprenant, 50 % (56 % des 25-45 ans) accepteraient un emploi moins exigeant et moins bien payé pour préserver leur vie familiale et personnelle. D’ailleurs, les couples avaient plus de querelles sur le manque de temps que sur l’argent : 22 % de disputes sur l’entretien de la maison! En général, les sondages tracent le même tableau inquiétant. Par exemple 46 % des travailleurs (52 % des femmes) interrogés en 1999 par le Conference Board du Canada trouvaient la conciliation assez ou très difficile, comparé à 27 % en 1989. Au colloque Démographie et Famille : les impacts sur la société de demain, organisé en novembre 2000 par le Conseil de la famille et de l’enfance, Daniel Mercure, professeur au Département de sociologie à l’Université Laval, se montrait très inquiet. Il y a de quoi. L’Enquête sociale générale effectuée par Statistique Canada en 1999 auprès de 11 000 Canadiens et Canadiennes révèle qu’un tiers des 25-44 ans se disent bourreaux de travail et affichent des sommets de stress encore inégalés. La moitié se plaignent de délaisser famille et amis, happés qu’ils et elles sont par le métro-boulot-dodo. En 1998, les parents travaillaient deux heures de plus par semaine qu’en 1992: 48,6 % pour les hommes et 38,8 % pour les femmes. Comme plus des deux tiers des familles ont déjà deux parents actifs, Daniel Mercure pense que le pire est à venir : les mutations du marché de l’emploi ne feront qu’amplifier le problème. Gérer la main-d’œuvre, c’est aussi gérer la famille. Or, comme les entreprises cherchent dorénavant un maximum de flexibilité technique et fonctionnelle, elles favorisent le temps partiel, le travail temporaire ou à forfait, la sous-traitance, le télétravail, bref l’essor d’horaires et d’emplois atypiques. Le sociologue est pessimiste. Le risque est réel que les entreprises qui « externalisent » le travail se désengagent de l’aide aux employés, ou n’accordent des avantages qu’à leurs travailleurs internes et réguliers.

Brassage syndical

Dites-lui « conciliation travail-famille » et Carole Gingras devient intarissable. « La FTQ a été la première centrale à documenter sérieusement le conflit travail-famille. Dès 1992, nous étions sur le terrain à interroger nos gens »! La responsable du Service de la condition féminine à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec rappelle l’ampleur des travaux menés en collaboration avec des chercheuses de l’Université du Québec à Montréal et de l’Université de Sherbrooke. Les faits saillants (Réconcilier… l’inconciliable : des faits saillants), publiés en 1995, demeurent tout à fait actuels. Des quelque 3 000 personnes interrogées, 75 % éprouvaient des difficultés de conciliation. Facteur déterminant : les horaires. L’horaire variable (choix par l’employé de ses heures d’entrée et de sortie) satisfaisait les parents. Au contraire, les horaires variables, imprévisibles et imposés par l’employeur, comme l’a fait Bell à 80 % de ses téléphonistes, perturbaient dramatiquement la vie familiale, bien au-delà des problèmes de garde. La moitié des personnes souffraient d’une détresse psychologique lourde de conséquences : culpabilité à la maison (de ne pas en faire assez), démotivation au travail. Plusieurs recherches complémentaires et une Année de la famille (1994) plus tard, Carole Gingras constate, atterrée, que trop peu a changé. « Nos gens souffrent terriblement, leurs enfants aussi. Pour les mères de familles monoparentales, ça peut tourner au drame. Les parents crient à l’aide, ils ont l’impression d’un grand gâchis, alors qu’on leur promettait une société des loisirs! Ils trouvent des stratégies personnelles, mais ils savent bien que les solutions sont collectives. Tout ça parce que la culture d’entreprise n’a pas changé: on continue de renvoyer les travailleuses à leur problème, on adopte à la miette des mesures constamment menacées, les belles paroles des patrons n’ont pas de suites réelles. » Les organismes patronaux, le Conseil du patronat comme la Chambre de commerce ou le Conference Board, ont déjà pris position pourtant. Mais « sur le terrain on ne voit pas la différence. Bien sûr, dans certains secteurs non syndiqués — bancaires, pharmaceutiques, haute technologie —, on offre des mesures, souvent pour les cadres. Sinon, dans le privé en général, nous nous battons pour négocier des clauses de conciliation qui sont remises en question à la première restructuration, quand les entreprises fusionnent, rationalisent, précarisent leur main-d’œuvre ». Entre-temps, les recherches de la FTQ — effectuées par le Centre pour l’étude des interactions biologiques entre la santé et l’environnement (CINBIOSE), sous la direction de Karen Messing — s’élargissent pour coller au vécu de toute une génération prise en sandwich entre adolescents turbulents et parents dépendants. Depuis 1995, tous les syndicats ont emboîté le pas et mené leur propre enquête, souvent sous les pressions des militantes. Ainsi, Charles-Henri Amherdt, de l’Université de Sherbrooke, et Diane-Gabrielle Tremblay, de la Télé-Université, ont étudié les mesures adoptées par 250 entreprises privées dont les employés sont syndiqués à la Confédération des syndicats nationaux (CSN). L’étude La Vie en double : obstacles organisationnels et socioculturels à la conciliation en dit long sur les valeurs patronales. « Même en admettant que les problèmes de conciliation ont un impact sur la productivité, les dirigeants considèrent qu’ils ont d’autres priorités », conclut le chercheur. Résultat : ils offrent surtout des congés pour raisons personnelles (67 %), mais beaucoup plus rarement (de 10 % à 20 %) des horaires souples ou des garderies sur place. « On voit que les préjugés perdurent et qu’une personne qui part avant l’heure à cause de son enfant sera jugée moins motivée et productive », dit Marie-France Benoît, conseillère syndicale à la CSN, qui a collaboré à cette recherche. L’étude démontre, ô surprise, que hommes et femmes utilisent très différemment les mesures d’allégement. Les mères prennent congé pour s’occuper des enfants et des travaux domestiques; les hommes ont des motifs personnels (leur santé, leur formation, leurs activités sociales).

Talon d’Achille

« L’articulation famille-travail est le talon d’Achille de la révolution féministe! », constate la sociologue Francine Descarries, de l’Université du Québec à Montréal. Avec sa collègue Christine Corbeil, elle a interrogé quelque 500 travailleuses entre 1992 et 1995. Premier constat : ces femmes avaient bien intériorisé leur double réalité de mère et travailleuse. Pour elles, les deux univers ne s’opposaient pas : elles appréciaient leur autonomie financière et ne se voyaient pas rentrer à la maison. Pas de conflit d’identité pour ces mères modernes. Par contre, une vie quotidienne très conflictuelle, en urgence d’harmonisation. Toutes déploraient que le temps de travail détermine, conditionne, compromette celui accordé à la famille (leur valeur prioritaire). Comment s’en sortaient-elles? En sollicitant d’abord leur débrouillardise, puis l’aide du conjoint et de l’entourage… D’elles-mêmes, elles n’évoquaient pas de solutions collectives. Francine Descarries doute que ces réflexes aient changé. Au contraire : « la psychose de la crise de l’emploi est tellement intériorisée que les gens pensent à garder leur emploi plutôt qu’à revendiquer. » Cette optimiste juge pourtant que le dossier évolue, d’autant plus que le gouvernement s’en mêle, cherche à influencer les employeurs par des initiatives comme les prix ISO Familles. Mais ce qui a vraiment changé, c’est qu’on interpelle davantage les hommes. « Je le vois quand je vais rencontrer des syndicats ou parler devant le Conseil du patronat. Et c’est normal. Comme les hommes représentent une partie du problème — en rechignant au partage des tâches —, ils doivent faire partie de la solution, travailleurs, pères ou patrons. » Encore là, elle note des progrès. Selon un tableau qu’elle a peaufiné à partir de statistiques canadiennes, les pères auraient augmenté de 78 % depuis 1986 les heures accordées au soin des enfants. Et le ménage? Ils en feraient 40 % de plus, bien que les femmes demeurent les grandes championnes : elles consacrent en tout 5,5 heures par jour à la maison et aux enfants, contre 3,6 heures pour les hommes.

Défaut de structures

« À quoi sert de faire le ménage de la boîte à gants quand l’auto va s’écraser contre le mur »?, s’écrie Louise Vandelac. Pour cette sociologue qui a dirigé en grande partie la recherche menée auprès des travailleurs de la FTQ, l’adoption de mesures d’aide aux familles ne suffit pas. « Car le problème de la conciliation, ce n’est surtout pas les enfants! Le problème, c’est une restructuration du marché du travail qui s’effectue sans souci des conséquences sociales. Il ne suffit pas de guérir les symptômes, il faut s’attaquer aux causes. » Elle pointe du doigt les effets pervers de la précarisation de l’emploi, recherchée par les entreprises pour cause de rentabilité et de flexibilité. « Les jeunes n’ont pas les moyens d’avoir des enfants quand ils le veulent. À 45, 50 ans, les travailleurs sont pris en sandwich entre parents âgés et adolescents, alors qu’on leur demande de livrer une performance accrue. L’État n’a pas fait sa job de réglementation en laissant le fardeau de la conciliation sur les épaules des familles. » Elle cite en exemple les vacances d’été, beaucoup moins généreuses qu’en Europe. « Les horaires s’alourdissent : pour faire vivre une famille dans les années 60, il fallait travailler de 35 à 40 heures. Il en faut aujourd’hui le double. Très inquiétant, non, quand on sait que le Québec a déjà des records de suicides et de stérilisation? Quelle société nous préparons-nous? Car c’est toute la société qui paie le prix de ce déséquilibre, en coûts de santé, entre autres. »

Entreprises : la sous-performance

Concilier famille et travail se résume-t-il à offrir congés de maternité et horaires variables? Voyez plus large. Une typologie préparée par le Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) recense non pas une ni 4, mais 66 mesures différentes, allant de la rotation de poste au rabais pour garde d’enfant! Des mesures imaginées ou implantées aux États-Unis, mais formulées également, vers 1994, par l’équipe de Gilles Guérin et Sylvie St-Onge, à l’École des hautes études commerciales. « Nous suggérions 20 pratiques principales, rappelle Sylvie St-Onge, autour de quatre axes : aide aux membres de la famille, congés et avantages sociaux, aménagement du temps de travail et gestion des carrières. » Sept ans plus tard, elle constate que le Québec et le Canada traînent la patte derrière les États-Unis. « Leur économie va mieux, malgré tout, et les entreprises, plus riches, n’ont pas le choix : elles doivent fidéliser des travailleurs dont les heures sont plus longues qu’ici, et les besoins encore plus grands. Surtout dans la nouvelle économie, elles offrent une panoplie de mesures plus larges que les PME. » La même chose se vérifie au Québec. « Nous avons enquêté auprès de 301 entreprises en 1996: 75 % de nos 20 pratiques étaient peu implantées. En fait, les entreprises élargissaient leurs offres traditionnelles (avantages sociaux, horaires variables, temps partiel, etc.) en les rebaptisant parfois « mesures de conciliation ». On commençait à voir émerger le télétravail que Nortel et certaines banques offrent maintenant à leur personnel! » L’horaire variable, tellement apprécié, n’atténuerait pas forcément les tensions famille-travail, a aussi découvert Sylvie St-Onge. Avec ses collègues Gilles Guérin et Victor Haines, elle a interrogé 340 parents à l’emploi d’Hydro-Québec, une entreprise dont la moitié des 20 000 employés bénéficient de ce type d’horaires. Surprise : l’absentéisme et les démissions sont dans ce groupe légèrement supérieurs à la moyenne! En fait, les chercheurs constatent que les instruments comme l’horaire variable ou la garderie en milieu de travail, même appréciés des parents, comptent moins que la culture de l’entreprise et la qualité de la relation entre employés et employeurs. Sylvie St-Onge comprend le pessimisme relatif des syndicalistes. « Il y a eu des gains dans la haute technologie, la pharmaceutique, la biotechnologie, des secteurs financièrement à l’aise mais avec relativement peu de travailleurs. Mais peu de nouvelles clauses sont négociées dans les milieux syndiqués traditionnels, industries ou services. Ce qui est offert dans les secteurs de pointe demeure inaccessible à la masse des travailleurs, surtout dans les secteurs mous où la main-d’œuvre est plus ou moins jetable après usage. »

Un jour

Que désirez-vous plus que tout pour ramener l’équilibre dans votre vie? Réponse des 350 Canadiennes cadres supérieures sondées à l’été par le Women’s Executive Network: travailler un jour de moins par semaine, quitte à perdre de l’argent! Statistique Canada y voit une tendance puisque de 12,6 % en 1976, 18,5 % de la main-d’œuvre travaillait à temps partiel en 1999. Étonnamment, ce serait par choix, à 73 %.

Pouding chômeuse

Ne vous retrouvez surtout pas au chômage : vous n’aurez plus le temps de respirer! Deux chercheuses françaises, Chantal Rogerat et Danièle Senotier, ont découvert qu’une femme au chômage est vite engloutie par la sphère domestique, au risque de ne plus avoir le temps de chercher un emploi. Exemple : puisqu’elle est soudain disponible, et pour économiser des sous, elle retire les enfants de la garderie et de la cafétéria scolaires. Prise à préparer repas et superviser devoirs, sa journée coupée en deux, elle dispose de peu de temps pour courir les entrevues. Perçue comme « en vacances », on lui demande de rendre des services — gardiennage, visite à l’hôpital, bénévolat à l’école — qu’elle se sentirait coupable de refuser, puisqu’elle ne « travaille » pas. Cercle vicieux. Pendant ce temps, on offre (au noir) des contrats de peinture ou de bricolage aux hommes en chômage. À elle le bénévolat, à lui le travail rémunéré.

Père invisible à la fenêtre

Quelle est la stratégie du père au travail? Se rendre invisible, minimiser l’importance qu’il accorde à la famille, occulter les tensions et le stress, prétexter un rendez-vous chez le comptable plutôt que d’avouer qu’il doit accompagner son fils à la clinique. Le sociologue Germain Dulac, du Centre d’études appliquées sur la famille de l’Université McGill, décrit ainsi la vie parentale secrète de bien des travailleurs qui craignent « d’avoir l’air de parent responsable » parce que cette attitude, bien tolérée chez les femmes, serait perçue chez eux comme improductive. Ils se piègent, bien sûr, en ne revendiquant pas plus de souplesse de l’employeur, conclut le chercheur. Premier obstacle : « l’entreprise croit à tort que le fait de faire des enfants est une responsabilité individuelle — à peine 3 % se sont penchées sur le conflit travail-famille, surtout des multinationales. Et leur culture est fondamentalement sexiste, c’est-à-dire qu’elle s’appuie sur une vision traditionnelle des rôles parentaux. » Ces pères sont de plus en plus les fils de parents âgés et dépendants. Comment s’en tirent-ils avec leur rôle d’aidant naturel? Deux chercheurs de l’Université Laval, Aline Vézina et Daniel Pelletier, font l’hypothèse que les hommes sont beaucoup moins absents qu’on le dit au chevet de leurs proches. Quitte à faire les choses différemment et à déléguer les tâches quand il le faut, contrairement à leurs sœurs qui resteront vissées à leur « mission ». Leur étude, à suivre, s’amorçait à l’automne. Reste que le Conseil du statut de la femme dans son avis sur le virage ambulatoire conclut que 80 % des aidants sont des femmes.

Télétravail : rêve ou piège?

Le Centre francophone d’informatisation des organisations (CEFRIO) a rassemblé 15 organismes et cinq chercheurs autour d’une large étude sur le télétravail (salarié à domicile, et non pas autonome). On sait déjà que le télétravailleur moyen, plus souvent un homme entre 35 et 45 ans, apprécie travailler à domicile : moins de déplacements, de frais et de stress, horaires plus souples, productivité souvent plus grande. Mais attention!, prévient la chercheuse Diane-Gabrielle Tremblay, il ne faut pas croire les publicités américaines qui présentent le télétravail comme un moyen éprouvé de concilier travail et famille. « Les femmes ont généralement plus de difficulté à imposer leur horaire que les hommes. D’ailleurs, certains employeurs exigent que les enfants ne soient pas à la maison durant les heures de travail. Dans tous les cas, il est important de bien séparer les choses, de distinguer le temps de travail du temps réservé à la famille, en prévoyant par exemple des plages horaires précises, un bureau fermé. Toujours, il faut établir des règles ».

Encore la vaisselle!

En mars 2001 — Bonne fête, mesdames! —, Statistique Canada publiait l’étude Indicateurs économiques de l’égalité entre les sexes 2000. Manchettes du lendemain : « Les femmes travaillent chaque année deux semaines de plus que les hommes! » En combinant travail salarié et domestique, les femmes cumulaient 7,3 heures de sueur par jour en 1986, comparé à 7,8 heures en 1998. Chez les hommes, la progression est plus remarquable : de 6,7 heures par jour en 1986 à 7,5 heures en 1998. Pourquoi? Entre autres raisons parce que les pères auraient augmenté le temps passé auprès de leurs enfants : de 74 minutes par jour en 1992 à 85 minutes en 1998. De leur côté, Céline Le Bourdais et Annie Sauriol, de l’Institut national de la recherche scientifique, ont constaté (à partir d’une enquête canadienne menée auprès de 13 500 hommes et femmes) que les hommes de 30 ans et moins sont plus enclins au partage des tâches familiales. En fait, les plus scolarisés en font davantage, surtout s’ils vivent avec une femme plus diplômée ou plus riche qu’eux. Le vieux rapport de force, quoi : il est plus facile de négocier quand on tient aussi les cordons de la bourse!

Au bonheur des enfants

Combien de temps passez-vous chaque jour avec vos enfants (en incluant toutes les heures de cohabitation familiale : les repas, le bain, le transport, le ménage)? Selon Statistique Canada, cinq heures par jour si fiston a de 5 à 8 ans. Votre conjoint? Il consacre 3 heures 24. Le temps consacré exclusivement aux enfants, à parler et rire avec eux? Une moyenne de 64 minutes, à peine plus que la durée d’un téléroman. Mais si vous croyez que vos chers petits souffrent de cette portion congrue, détrompez-vous. Dans son livre Ask the Children : What America’s Children Really Think About Working Parents (Morrow, 1999), Ellen Galinsky révèle que les enfants ne veulent pas plus de temps avec vous… mais des parents moins fatigués et stressés par le travail. Pour les quelque 1 000 pré-ados qu’elle a rencontrés, le monde du travail est synonyme de stress, un lieu qui bouffe et victimise les adultes. N’essayez pas, par culpabilité, de remplir les fins de semaine d’activités familiales qui vont ajouter aux tâches et au stress, conclut-elle. Les enfants préfèrent un vrai congé — végéter, quoi! — et cela ne coûte rien.

ISO familles

Pourquoi pas un prix ISO Familles, inspiré du symbole international de qualité totale? Aussitôt dit… La plus récente initiative du Conseil du statut de la femme a vite rallié, en plus du Conseil de la famille et de l’enfance, le Conseil consultatif du travail et de la main-d’œuvre (CCTM), un organisme patronal-syndical où siègent les quatre premières centrales syndicales, le Conseil du patronat ainsi que les Manufacturiers et exportateurs du Québec. Les prix d’excellence ISO Familles décernés aux entreprises les plus novatrices, les plus ouvertes aux besoins familiaux et personnels de leurs employés, seront remis à l’occasion du Forum sur les pratiques de conciliation travail-famille — Un défi pour les milieux de travail —, qui aura lieu le 15 novembre prochain (un événement qu’organisent le CCTM et le ministère du Travail). C’est à Sylvie St-Onge, des HEC, que le Conseil du statut de la femme a demandé de définir les critères de sélection des prix ISO Familles. « Quelle a été l’ampleur et l’originalité des mesures ou changements implantés dans l’entreprise? Quelle formation a-t-on donnée aux employés? La direction s’est-elle vraiment impliquée? On jugera des grandes, moyennes ou petites entreprises, syndiquées ou non, en fonction de l’historique du secteur. Le défi n’est pas le même partout. » Surveillez la parution, le 1er décembre du magazine L’actualité pour connaître la grande gagnante.