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Nomades de l’espoir

Le démantèlement de l’ex-URSS a eu des effets désastreux sur la population des anciennes républiques soviétiques, particulièrement dans les zones les plus reculées de cet empire. Pour joindre les deux bouts, les femmes nomades de l’Asie centrale ont dû repenser leur monde.

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Le démantèlement de l’ex-URSS a eu des effets désastreux sur la population des anciennes républiques soviétiques, particulièrement dans les zones les plus reculées de cet empire. Pour joindre les deux bouts, les femmes nomades de l’Asie centrale ont dû repenser leur monde. La Gazette des femmes a grimpé dans les montagnes du Kirghizstan et du Tadjikistan pour voir quel rôle elles y jouent.

L’ascension est prometteuse. Le dernier village est déjà loin derrière. Après quatre tentatives de réparation de la Lada Jigouli qui devait nous aider à gravir les 15 kilomètres nous séparant de notre destination, nous avons abandonné la route des motorisés pour emprunter celle des fiers chevaux.

Pas de meilleur moyen pour entrer dans le monde des nomades du Kirghizstan, un des plus petits pays nés du démantèlement de l’Union soviétique en . Couverte à plus de 90 % de montagnes, la région est un paradis de pics enneigés, de lacs bleu marine et de légendes aussi vieilles que le roc des sommets.

Ma superbe et entêtée monture porte le nom d’une héroïne légendaire du Kirghizstan, Kyz Saikal, habile nomade, diplomate et politicienne de la légende de Manas, la version kirghize de L’Odyssée d’Homère. À coups de sabots, ma jument grimpe tranquillement, mais sûrement, la pente abrupte sous le regard attentionné de notre guide, Ajar.

Berger de 23 ans, ce dernier nous guide vers l’habitation saisonnière de sa famille nomade, la traditionnelle yourte. Le nomadisme a été le principal mode de vie des Kirghiz pendant plus de 2 500 ans. L’annexion de l’Asie centrale à l’empire russe, au 19e siècle, a percé la première brèche dans cette tradition millénaire, répandue aussi au Tadjikistan et au Kazakhstan, deux pays voisins. En , en imposant la collectivisation des terres dans toute la nouvelle Union soviétique, Joseph Staline n’a pas épargné les quelque 40 000 nomades du Kirghizstan. Il a saisi leurs troupeaux et les a obligés à travailler dans des fermes collectives, les kolkhozes.

Comme des milliers d’autres Kirghiz, les membres de la famille d’Ajar ont repris le chemin de leurs ancêtres depuis une décennie, renouant ainsi avec les rites et les méthodes d’antan. Bon an, mal an, ils vident leur logis hivernal du village de Kochkor pour grimper vers le jailoo (pâturage), à la fin mai, avec un troupeau composé de moutons, de chèvres et de quelques vaches. Ils reviendront dans la vallée avec les animaux engraissés au début du gel seulement. D’ici là, leurs quelque 250 bêtes les tiendront occupés du lever du soleil à sa tombée.

Rien à voir avec les étés d’antan, alors que des centaines de milliers de bêtes appartenant à l’État soviétique gravissaient les montagnes en même temps, sous le regard des bergers et bergères des fermes collectives qui recevaient un salaire stable en échange de leur travail. Au Kirghizstan seulement, plus de 11 millions de bestiaux composaient le cheptel soviétique. Il en reste à peine 3,5 millions aujourd’hui.

« Le bétail des kolkhozes a été redistribué à la va-vite au Kirghizstan en et , avec les encouragements des États-Unis. Aucun plan de développement efficace n’a accompagné la distribution des animaux, et les gens qui ont perdu leur emploi les ont mangés pour survivre », se désole Ernst Gabathuler. Professeur à l’Université de Berne, il est à la tête du Partenariat des montagnes d’Asie centrale, organisme de recherche sur le développement créé pendant l’Année internationale des montagnes, décrétée par l’ONU en .

La famille d’Ajar n’a pas échappé à cette règle. En , elle s’est retrouvée avec un famélique troupeau d’une vingtaine de bêtes. « Aujourd’hui, raconte-t-il en fouettant sa monture, il faut se battre pour mettre quelque chose sur la table. C’est chacun pour soi. »

Nous quittons la vallée, où il fait près de 20 °C, pour entre­prendre une longue ascension. Tous les 100 mètres, la température dégringole. Après cinq heures d’équitation et 2 000 mètres plus haut, nous grelottons. Heureusement, la fumée qui s’élève d’une yourte blanche annonce la fin de notre expédition. Sous ce petit cône évasé, fait de feutre naturel et de bois de cerisier, Ajar vit avec son frère, Orol, 23 ans, la femme de celui-ci, Koubat, 21 ans, et sa nièce, Nourcia, 3 ans.

L’antre de Koubat

Une fillette vêtue d’une salopette en jean se lance à notre rencontre. Son père, coiffé du chapeau des nomades kirghiz, la suit juste derrière. Mais Nourcia, du haut de ses 3 ans, a déjà la situation en main. La petite saisit les cordes des chevaux avant même que son père n’ait eu le temps de s’approcher. Elle sourit en nous regardant descendre maladroitement de nos montures. Sa jeune maman, Koubat, qui vient tout juste de nous rejoindre, la couve d’un regard approbateur et nous invite à entrer dans son univers, la yourte.

Kirghizstan

Situé au sud de l’ex-Union soviétique et partageant une longue frontière avec la Chine, le Kirghizstan est le plus démocratique des pays de l’Asie centrale. Toutefois, le gouvernement a récemment été tenu responsable de la répression grandissante de son opposition.

  • Capitale : Bichkek
  • Population : 4,9 millions
  • Âge moyen : 22 ans
  • Langues officielles : le kirghiz, une langue turque, et le russe
  • Religion : islam sunnite
  • Économie : basée sur l’élevage de bétail, la laine, le coton et les mines d’or et d’uranium
  • PNB par habitant : 2 800 $ US par année
  • Pauvreté : 55 % de la population vit sous le seuil de la pauvreté, un pourcentage qui atteint 70 % dans les montagnes
  • Indice de fécondité : 2,64 enfants par femme en âge de procréer
Source : L’état du monde et le CIA Factbook

En pénétrant dans l’habitation blanche, héritée des Mongols, nous quittons l’univers montagneux et aride des bergers pour entrer dans le cocon chaleureux des nomades au féminin. Maîtresses incontestées des lieux, les Kirghizes passent la plus grande partie de la journée dans la yourte ou aux alentours ; elles ne s’aventurent sur les pâturages qu’à l’occasion.

La tente circulaire est décorée de couvertures multicolores et de shirdaks — des tapis traditionnels en feutre naturel — empilés sur un coffre tout aussi coloré. Ces ornements constituent autant la signature que la dot de l’épouse, qui les confectionne pendant son adolescence avec l’aide de ses aînées. Ils donnent le ton à la vie en montagne, ponctuée de longues journées de travail, mais aussi de grands soirs de détente, près du four.

« Comme Nourcia, j’avais 3 ans quand je suis venue la première fois dans la montagne avec mes parents. » C’est ici, à plus de 2 500 mètres d’altitude, que Koubat a grandi. « J’aime la vie au sommet. L’été, lorsque toutes les familles montent sur le jailoo, nous nous visitons, nous tuons un agneau, nous fêtons », raconte-t-elle, dans un russe approximatif. Le kirghiz, d’origine turque, est sa langue maternelle. Ses joues rouges en permanence trahissent les longues journées de labeur à la merci du soleil et du vent.

À l’époque des fermes collectives, la vie était un peu plus facile, concède-t-elle. L’État soviétique avait établi une infirmerie, une école et même un cinéma près du lac Song-Koul où des dizaines et des dizaines de familles plantaient leur yourte. Le jailoo devenait un petit village suspendu entre le ciel bleu et immense du Kirghizstan et la terre inhospitalière de la vallée.

Même si les libertés individuelles n’existaient pas, Koubat regrette un peu la période de stabilité des fermes collectives dans lesquelles le gouvernement central prenait en charge beaucoup de tracas du quotidien. Elle ajoute cependant que la nostalgie ne sert à rien. Quand leur univers s’est effondré au début des années , ils ont dû faire un choix.

Comme d’autres, ils auraient pu prendre la route de la ville et trouver, peut-être, un boulot mal payé. Le salaire moyen n’atteint pas 10 $US par mois au Kirghizstan, et le taux de chômage en milieu rural frôle 70 %. Son mari aurait pu sombrer dans l’alcoolisme, le désespoir, comme une bonne partie de la population masculine du village de Kochkor, qui a rapidement hérité d’une vilaine réputation de capitale de voyous auprès des citadins du Kirghizstan.

La route des ancêtres

La petite famille a choisi le chemin de la continuation. Faire manger les animaux au gré des saisons est la seule vraie chance de survie dans les montagnes kirghizes, croit-elle fermement. Ce projet commun a scellé leur union.

Au début, le jeune couple ne disposait que d’une vingtaine de bêtes, maigre héritage de la privatisation postsoviétique. Une décennie plus tard, il en a près de 75. Des villageois lui ont aussi confié leur horde pour un maigre salaire de 20 $US pour tout l’été. Orol se rappelle en riant que son père recevait, outre des rations alimentaires, plus de 100 roubles (150 $US) par mois à l’époque de l’Union soviétique.

Au cœur de cette vie frugale, le rôle de la femme est capital. Elle doit garder tout le monde au chaud en préparant le combustible animal, gérer les revenus de la famille, établir la liste des choses à acheter au village et nourrir tout le monde en faisant pousser pommes de terre et carottes dans le petit lopin qu’elle laboure près de la yourte. Une fois par mois, la famille sacrifie un agneau. Le reste du temps, nouilles, légumes et poisson pêché dans la petite rivière qui fend la montagne doivent suffire. Lorsqu’elle trouve le temps, Koubat, habile cavalière, va rejoindre les hommes sur le pâturage.

Selon l’archéologue et anthropologue californienne Jeannine Davis Kimball, directrice du Centre américain-eurasien pour l’étude des nomades, si les rôles des sexes en montagne sont clairement tranchés, la place des hommes n’est pas considérée comme supérieure à celle des femmes pour autant. « Les unités nomades sont petites et autosuffisantes. Puisque les femmes jouent un rôle vital en s’assurant que tout le monde a un toit, de la nourriture et des vêtements, elles ne sont pas marginalisées comme dans bien d’autres couches de la société en Asie centrale. Elles participent à toutes les décisions de la cellule familiale. Les nomades d’ici ont adopté l’islam au 11e siècle, mais jamais la polygamie, comme c’est le cas dans les villes », explique l’auteure de Warrior Women (Femmes guerrières), une étude sur les femmes nomades de la préhistoire à nos jours.

Un élément de l’organisation sociale des yourtes l’a surprise. Les enfants nomades des deux sexes sont élevés de la même manière. « Garçons et filles apprennent à rassembler le troupeau, à fabriquer le feutre naturel et à monter à cheval ; ils aident aussi leur mère dans la cuisine. Et, même si celle-ci est chargée d’élever les enfants, le père joue un rôle très actif. Lorsqu’elle est occupée à autre chose, il n’a en effet aucun problème à prendre soin des bébés », a-t-elle remarqué au cours d’un séjour de six mois parmi les nomades.

Petite bergère haute comme trois pommes, Nourcia est la preuve vivante de l’apprentissage à un rythme accéléré dans cette école des montagnes. Son frère, d’un an son aîné mais trop frêle, est demeuré au village chez ses grands-parents ; elle doit donc compenser en mettant les bouchées doubles.

Survie au féminin

Bien que les familles de nomades, comme celle que forment Orol et Koubat, s’en sortent relativement bien l’été, la situation se corse quand vient l’hiver. Les surplus accumulés pendant la belle saison ne suffisent plus à subvenir aux besoins de tous. Or, au village, il n’y a pas de travail.

Aidées par un organisme de développement rural, les femmes de Kochkor ont attaqué le problème de front. L’hiver, elles utilisent le feutre naturel, fabriqué à partir de la laine récupérée pendant l’été, pour confectionner des shirdaks multicolores qu’elles vendent quelques fois l’an aux étrangers et aux Kirghiz fortunés qui habitent la capitale, Bichkek.

Altyn-Kol, la coopérative gérée par une femme du village de Kochkor, Mayram Omurzakova, se bâtit d’année en année une réputation enviable. « La coopérative ne sert pas seulement à amasser de l’argent pour manger ; c’est aussi un réseau d’entraide, un lieu d’échange pour les femmes. Les plus vieilles transmettent leur savoir-faire artisanal à leurs cadettes. Elles leur apprennent notamment à colorer la laine en utilisant des plantes. Les jeunes, elles, arrivent avec des idées nouvelles pour adapter l’artisanat traditionnel à la vie d’aujourd’hui. Elles fabriquent même des étuis d’ordinateur en shirdak ! », raconte la présidente de la coopérative, qui compte aujourd’hui des centaines de membres. « La vie est chère, et les revenus accumulés par la vente des produits artisanaux peuvent faire toute la différence », ajoute Mayram Omurzakova.

Véritable matriarche de Kochkor, cette entrepreneure a aussi créé une compagnie d’écotourisme, Vie de bergers, qui permet aux étrangers de se familiariser avec le mode de vie des nomades. En moins de trois jours, les frais payés par les voyageurs font doubler le salaire annuel des familles qui les accueillent. Malheureusement, le Kirghizstan est loin d’être la plus connue des destinations.

Le Yak House

Au Tadjikistan, la république voisine du Kirghizstan, les habitantes des hautes montagnes du Gorno-Badakhchan, un lieu beaucoup plus isolé que la vallée de Kochkor, ont elles aussi remis au goût du jour les techniques artisanales ancestrales. À temps perdu — chose rare, puisque les femmes de cette région ont souvent jusqu’à six enfants —, elles tissent des tapis en poil de yak, cousent des banderoles décoratives, baptisées souzannahs, et inventent mille et un petits objets susceptibles d’intéresser la clientèle urbaine.

Derrière ce projet : Nathalie Magnard-Longy, représentante de l’Agence d’aide à la coopération technique et au développement. Après avoir aidé des femmes africaines à créer des coopératives d’artisanat, cette Française a transporté son savoir dans les hautes montagnes du Tadjikistan pour créer le Yak House, une coopérative qui permet aux femmes de vendre directement leurs créations dans les villes du Kirghizstan, du Tadjikistan et bientôt, l’espère-t-elle, en France. Et pourquoi pas ici, au Canada ?

La coopérative remporte un succès fou auprès des femmes de Mourghab, village planté au milieu du paysage lunaire des hauts plateaux du Gorno-Badakhchan. À 4 200 mètres d’altitude et à plus de deux jours de route cahoteuse d’un centre urbain, la petite communauté de Kirghiz et de Pamiris, groupe ethnique appartenant à la secte musulmane des Ismaélites, se bat contre la pauvreté. L’approvisionnement soviétique d’antan n’est plus; ici aussi, les habitants du village ont mangé une grande partie du bétail qui leur avait été attribué. Pour le moment, l’aide humanitaire fournie par la Fondation de l’Aga Khan, chef spirituel des Pamiris et homme d’affaires suisse multimilliardaire, demeure indispensable.

Créé il y a moins de trois ans, le Yak House est devenu une issue de secours incomparable pour les femmes de Mourghab. Maria Mavlavnova, vétérinaire de formation, a les larmes aux yeux quand elle raconte l’impact qu’a eu sur sa vie la modeste coopérative. Sa fille de 8 ans a de lourds problèmes de santé, et les quelques dollars qu’amasse Maria, grâce à sa dextérité, suffisent à peine à couvrir le coût des médicaments. Le jour de notre rencontre, elle tissait une souzannah couverte de petits cœurs qui sera mise en évidence dans un hôtel européen appartenant à l’Aga Khan.« Comme le bétail a presque disparu, les emplois sont rares et mal payés (moins de 5 $US par mois). Alors je travaille le jour comme vétérinaire et, le soir, je couds selon nos méthodes traditionnelles tant que mes yeux et mes mains tiennent », confie-t-elle, consciente que l’épuisement la menace.

Malgré tout, elle refuse de céder au découragement. « Oui, à l’époque soviétique, nous avions un peu de sécurité, des emplois assurés, des études payées. Mais nous étions en train de perdre certaines de nos traditions, dont l’artisanat, que les Russes considéraient comme rétrogrades, ainsi que notre sens de l’hospitalité. Maintenant, nous sommes prêts à accueillir des gens de partout. En vendant notre art dans les villes, nous leur montrons de quoi nous sommes capables, même en montagne. »

Pour l’instant, les efforts de commercialisation sont embryonnaires, et l’artisanat des femmes des montagnes reste un travail marginal. Cependant, les choses pourraient bientôt prendre un autre tournant. L’an dernier, la Fondation de l’Aga Khan a posé les fondements de l’Université de l’Asie centrale, qui sera divisée en trois campus : tadjik, kirghiz et kazakh. On y enseignera l’administration et l’entrepreneurship à la génération montante qui vit dans les montagnes. Les espoirs sont tournés vers cette université qui pourrait devenir un véritable incubateur d’idées nouvelles, adaptées à la vie à plus de 2 000 mètres d’altitude. Jeunes femmes et jeunes hommes auront donc la chance, comme leurs parents élevés sous l’ère communiste, d’accéder à des études supérieures. Initiés à de nouveaux savoirs, ils pourraient établir un pont entre les projets locaux, comme le Yak House, et le monde extérieur, croit Najam Abbas, administrateur au Tadjikistan de l’université naissante. Cholpon Nixazova, responsable des communications de la Maison des montagnes de Bichkek (capitale du Kirghizstan), centre d’information créé dans le cadre de l’Année internationale des montagnes, fonde beaucoup d’espoir dans ce projet. Elle s’intéresse au phénomène de la réappropriation par les femmes de l’économie des hautes montagnes. « Dans les familles qui n’ont pas choisi le nomadisme comme mode de survie, les femmes sont maintenant au cœur de l’économie familiale. Dans les villages des montagnes, elles soutiennent beaucoup le commerce au détail dans les marchés. Leur initiative crée parfois des tensions avec les hommes qui ont travaillé fort pendant l’époque soviétique et qui se sentent souvent inutiles maintenant. Dans certains cas, cela a mené à la violence ou au divorce, mais le Kirghizstan n’a jamais été un endroit très patriarcal ou très musulman. »

Tadjikistan

Situé au sud de l’ex-Union soviétique, le Tadjikistan est le voisin immédiat de l’Afghanistan et de la Chine. Ce pays abrite les plus hautes montagnes de l’ex-URSS. Une guerre civile a fait rage pendant cinq ans après la chute de l’empire soviétique, tuant des centaines de milliers de personnes.

  • Capitale : Douchanbe
  • Population : 6,9 millions
  • Âge moyen : 19,3 ans
  • Langues officielles : le tadjik et le russe, mais l’ouzbek et le kirghiz, deux langues turques, sont aussi parlées par des minorités
  • Religion : islam sunnite
  • Économie : basée sur l’agriculture dans le nord, et sur l’élevage de bétail et l’exploitation de mines de pierres précieuses dans les montagnes du Pamir
  • PNB par habitant : 1 250 $US, le plus bas de l’ex-URSS
  • Pauvreté : 60 % de la population vit sous le seuil de la pauvreté, un pourcentage qui grimpe à 90 % dans les montagnes
  • Indice de fécondité : 3,06 enfants par femme en âge de procréer
Source : L’état du monde et le CIA Factbook

« En général, les femmes se sont adaptées beaucoup plus facilement aux changements causés par la tombée de l’Union soviétique que les hommes, plus nombreux à avoir sombré dans la dépression et l’alcoolisme. En ce qui me concerne, je suis retournée à l’université pour étudier en gestion et en sociologie et j’ai commencé une carrière. Mon mari, lui, attend encore de se faire offrir un emploi sur un plateau d’argent », sourit la Kirghize, qui est au milieu de la trentaine.

À son avis, la survie demeure le principal but de l’économie féminine post­soviétique pour l’instant, mais les initiatives d’aujourd’hui serviront de base à l’économie et à la société de demain. Les femmes, ajoute-t-elle, seront au cœur des changements à venir dans cette région.

Cholpon Nixazova ne déplore qu’une chose : que le rôle crucial des femmes des montagnes ne se reflète pas encore dans les instances gouvernementales des pays d’Asie centrale, la plupart aux prises avec des régimes autoritaires. « C’est la prochaine montagne que nous aurons à escalader. Nous en avons l’habitude », conclut la jeune femme.