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Habilet spatiales et rôles sexuels

Si hommes et femmes n’ont pas les mêmes habiletés spatiales, c’est avant tout en raison de leurs rôles respectifs dans la reproduction de l’espèce.

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Si hommes et femmes n’ont pas les mêmes habiletés spatiales, c’est avant tout en raison de leurs rôles respectifs dans la reproduction de l’espèce. Cette hypothèse, émise par Isabelle Écuyer-Dab dans sa thèse de doctorat en psychologie évolutionniste de l’Université de Montréal, va à l’encontre des théories dominantes en sciences sociales, qui tendent à expliquer ces différences par les rôles sociaux de nos ancêtres.

On connaît de mieux en mieux les écarts d’habiletés spatiales entre les deux sexes. On sait, par exemple, que les hommes sont plus aptes à reconnaître des figures présentées sous divers angles, alors que les femmes mémorisent mieux l’emplacement des objets. La théorie des rôles sociaux expliquait jusque-là ces différences, les hommes étant mieux adaptés à la chasse et aux déplacements sur de grandes distances, les femmes, à la cueillette et au repérage de proximité. Mais selon Isabelle Écuyer-Dab, qui a obtenu le prix de la meilleure thèse en sciences sociales de son université, ces différences résulteraient surtout du rôle sexuel tenu par chacun autrefois. C’est encore le cas chez la plupart des mammifères : les femelles, qui portent les petits et allaitent, doivent ainsi limiter leurs déplacements pour ne pas mettre en danger leur progéniture. Les mâles, eux, doivent être de bons combattants pour s’attirer la faveur des femelles et doivent pouvoir se déplacer sur de grandes distances pour maximiser leurs chances d’être repérés par elles.

Selon la chercheuse, qui a également étudié l’évolution des grands singes, cette sélection sexuelle serait intervenue bien avant la différenciation sociale dans l’histoire de l’humanité. C’est en se battant entre eux pour obtenir la faveur des femmes que les hommes auraient progressivement acquis les habiletés spatiales qui, plus tard, leur ont permis de devenir de bons chasseurs.

« Have sex differences in spatial ability evolved from male competition for mating and female concern for survival ? », Isabelle Écuyer-Dab et Michèle Robert, Cognition ( sous presse).