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Les Imposteures

« Tu joues bien… pour une femme ! » La guitariste Christine Tassan ne compte plus le nombre de fois où elle a entendu …

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« Tu joues bien… pour une femme ! » La guitariste Christine Tassan ne compte plus le nombre de fois où elle a entendu cette petite phrase assassine. Il faut dire que les filles, souvent cantonnées au violon, au piano ou aux cuivres dans le jazz, brillent carrément par leur absence dans le style manouche, popularisé par le guitariste Django Reinhardt et le violoniste Stéphane Grappelli. Ironiquement, ce genre musical tire son nom du mot gitan mnouch, soit « homme ». « Dernièrement, j’ai joué avec des musiciens gitans à Saint-Ouen, à Paris. Ils me racontaient qu’aujourd’hui encore, les femmes chez eux n’ont pas le droit de jouer de la guitare ! » rapporte la musicienne. Au diable les stéréotypes, fin 2003, elle fonde un groupe de jazz manouche 100 % féminin. Son nom ? Les Imposteures, un clin d’œil au syndrome dont souffrent tant de filles plongées dans un milieu masculin. Ces pionnières improvisent sur scène armées de leur guitare, de leur contrebasse et de leur violon. Avec elles renaissent le swing des années 1940 et la fameuse « pompe », son caractéristique du jazz manouche où la rythmique de la guitare remplace la batterie. Récemment, le quatuor a produit l’album De bon matin, qui mélange compositions originales, standards du swing (comme « Sweet Georgia Brown ») et chansons du répertoire français et québécois. Une belle preuve que le manouche va comme un gant à des pièces comme « L’homme à la moto », immortalisée par Édith Piaf, « Le lit vert » de Plume ou « Le rendez-vous » de Claude Léveillée, pourtant à mille lieues de ce style musical. Autre entorse à la tradition, Les Imposteures privilégient la musicalité du manouche plutôt que de miser sur la virtuosité d’un soliste. Également membre fondatrice de Gadjo Swing, un quintette instrumental et majoritairement masculin, Christine Tassan constate qu’hommes et femmes jouent différemment. « Souvent, les gars se font compétition sur scène, c’est à qui va jouer le plus vite. Nous, on cherche surtout à créer un contact chaleureux avec le public, à le faire participer. »