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L’égalité vue par Marie Soleil Dion

« Le renversement de l’arrêt Roe c. Wade me désespère. Un tel retour en arrière est terrifiant pour les femmes du monde entier. »

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Temps estimé de lecture :3 minutes

Bandeau :Photo : © Andréanne Gauthier

Diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Québec en 2007, Marie Soleil Dion se taille rapidement une place dans le cœur du public. Elle s’illustre notamment à la télévision, autant comme comédienne que comme animatrice. Marie Soleil Dion est à l’origine du projet Gazebo avec son complice Louis-Olivier Mauffette. Leurs idées seront portées à l’écran avec succès, ce qui permettra au duo d’auteur·trice d’exprimer sa créativité et d’aborder avec humour la vie et ses travers. Si la sphère culturelle prend beaucoup d’importance pour elle, l’artiste s’implique avec autant d’ardeur dans des causes pour la santé mentale et physique, la diversité corporelle et l’image positive, notamment au sein du groupe ÉquiLibre. Marie Soleil Dion travaille actuellement au tournage du documentaire Les héritières. Dans ce projet phare du 50e anniversaire du Conseil du statut de la femme, la comédienne nous convie à la rencontre de pionnières et de leurs contemporaines qui, aujourd’hui encore, tracent la voie d’un Québec égalitaire et inclusif!

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Quelle personnalité féministe vous inspire le plus?

Je suis inspirée au quotidien par des femmes fortes et féministes. Je note les suggestions et je lis avec intérêt les publications et les réflexions de Kim Lévesque-Lizotte et Léa Clermont-Dion, par exemple. Mais parmi toutes celles qui m’inspirent, ma grande amie Marie-Claude St-Laurent est ma principale référence féministe. Dès que j’ai un questionnement sur un enjeu féministe, je la contacte et elle m’éclaire. Elle a une approche inclusive et pédagogique et elle souhaite qu’on reconnaisse davantage l’histoire féministe du Québec, en plus de tenir le flambeau de nos prédécesseures.

Je suis féministe parce que…

Je suis féministe parce qu’il le faut. Parce qu’il y a encore des inégalités entre les hommes et les femmes, parce que les féminicides ne diminuent pas, parce que l’équité salariale n’est pas atteinte, parce que le débat sur l’avortement refait surface, parce qu’il n’y a jamais rien d’acquis.

Trois mots qui décrivent pour vous le féminisme?

Solidarité, amour, égalité.

Quel film, livre, reportage ou série à saveur féministe vous a particulièrement touchée?

Je suis en train de lire l’ouvrage Habiter nos corps de Caroline Arbour. L’autrice, qui est physiothérapeute en santé périnéale et pelvienne depuis près de 15 ans, décortique dans cet essai la banalisation des douleurs féminines. En le lisant, j’ai été touchée et choquée. Je me suis reconnue et j’ai réalisé l’ampleur du phénomène social qui nous incite à normaliser des douleurs à tous les stades de nos vies de femmes.

Je mentionnerais aussi la pièce 34B, de l’autrice Isabelle Hubert, présentée au théâtre La Bordée à Québec au printemps 2023. Dans cette œuvre chorale touchante, Isabelle Hubert brosse un portrait des luttes féministes sur plus de 100 ans, tout en mettant en lumière les ouvrières de la Dominion Corset, la manufacture de dessous féminins créée à Québec en 1886.

Et la pièce Clandestines de Marie-Ève Milot et Marie-Claude St-Laurent, présentée au Théâtre d’Aujourd’hui au début 2023. Dans cette dystopie, une médecin et une sage-femme pratiquent des avortements illégaux dans la clandestinité. La réouverture du débat sur l’accès à l’avortement aux États-Unis et l’histoire de cette lutte au Québec ont inspiré les autrices, qui livrent un texte et un spectacle extrêmement troublants.

Dans l’actualité, qu’est-ce qui vous fait grincer des dents ces jours-ci en matière d’égalité entre les femmes et les hommes?

Le renversement de l’arrêt Roe c. Wade et les conséquences que cette décision a déjà sur la vie de milliers d’Américaines me désespèrent. Un tel retour en arrière est terrifiant pour les femmes du monde entier. Les droits à la contraception et à l’avortement sont primordiaux pour que chaque femme ait le contrôle sur son propre corps. En retirant ce contrôle, on brime la liberté et donc l’émancipation de chacune. Ce qui me fait peur, c’est qu’ici au Canada, on n’est qu’à un changement de gouvernement pour que ce débat revienne en force sur la table. C’est surréaliste qu’on parle encore de ça en 2023.

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