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Femmes de tête : des entrepreneures qui inspirent

Modèles d’audace et de confiance

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Le magazine Premières en affaires présentait récemment la troisième édition de son palmarès des entreprises dirigées par des femmes. De la petite entreprise à celle cotée en bourse, cette célébration du leadership au féminin est aussi une occasion de se questionner sur la contribution des femmes à l’essor social et économique du Québec. Trois entrepreneures qui se démarquent au palmarès se prononcent.

« Elles exportent, elles bâtissent nos espaces, elles reprennent le flambeau, elles traversent les vagues et elles prennent soin de nous », résume Déborah Levy, rédactrice en chef de Premières en affaires, en amorce de ce grand dossier. L’initiative d’un tel palmarès met en valeur des succès au féminin et envoie du même coup un message de confiance aux femmes qui ont un intérêt pour les affaires.

« Beaucoup se demandent si elles font la bonne chose. On encourage les femmes à prendre la parole, poursuit Déborah Levy. Pour le monde des affaires, le palmarès démystifie beaucoup les choses. On imagine souvent les entreprises dirigées par des femmes comme des solopreneurs ou mompreneurs. Il n’y a pas que ça. Il y en a dont les chiffres d’affaires dépassent les 50 M$, d’autres qui sont cotées en bourse. On vient rectifier les idées reçues sur l’entrepreneuriat au féminin. »

Parmi les faits saillants de ce palmarès, on note que 14 % des entreprises dirigées par des femmes évoluent dans le secteur manufacturier (bois, produits métalliques, matériel de transport, caoutchouc, plastique, machinerie, etc.) et que 53 % des entrepreneures qui y figurent sont issues de la relève.

L’ambition d’être soi

La première est en métallurgie, l’autre dans le secteur de l’alimentation et la troisième, en architecture. À la fois passionnées et déterminées à réussir, ces trois femmes dirigent des entreprises bien différentes. Elles représentent parfaitement le champ des possibles pour celles qui aspirent à gravir les échelons jusqu’à la tête.

Mélanie Roy, présidente – Atelier de soudure Gilles Roy

« Vos idées et décisions seront souvent remises en question. Agissez toujours en fonction de vos valeurs. Votre entreprise grandira à la hauteur de l’énergie et des efforts que vous y consacrerez. »

Mélanie Roy

D’où vient la motivation de reprendre l’entreprise familiale?

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu reprendre l’entreprise familiale. Mon père, Gilles, nous amenait ma sœur et moi dans l’atelier, les soirs et les fins de semaine. C’était un de nos terrains de jeu. Le premier été, je devais avoir environ 14 ans, j’ai travaillé à temps partiel dans les bureaux et le deuxième, j’ai demandé à Gilles de travailler dans l’usine, avec les gars. Je coupais du matériel, je perçais des trous et je faisais du meulage. J’ai fait une technique en métallurgie au cégep de Trois-Rivières et j’ai poursuivi avec un baccalauréat en génie des matériaux et de la métallurgie à l’Université Laval. Je suis revenue dans l’entreprise familiale en 2006.

Comment qualifiez-vous la contribution des femmes à l’essor social et économique du Québec?

Peu importe le sexe, je crois que ce qui compte, c’est l’enrichissement collectif régional et provincial. Ça passe par l’achat de nos biens de consommation et aussi par la masse salariale versée aux travailleuses et travailleurs.

L’apport des femmes à l’essor social et économique est grandissant depuis les dernières années. Certains domaines sont encore sous-représentés, comme celui de la construction et de la fabrication. Il est difficile pour une femme de pouvoir y évoluer. Pourtant, avec les problèmes de recrutement et de rétention de la main-d’œuvre, ces secteurs d’activité gagneraient à engager des femmes. Ils pourraient profiter d’une nouvelle philosophie et peut-être même se réinventer.

Mériane Labrie, fondatrice – Madame Labriski (recettes et produits santé)

« Personne n’ira au front pour vous aider à vous tailler une place. La confiance absolue est la base de tout. Amusez-vous et épanouissez-vous… la vie est trop courte pour passer à côté de ses ambitions. »

Mériane Labrie

Quel message aimeriez-vous transmettre à une jeune fille qui rêve de devenir entrepreneure?

Crois en toi. Quand tu doutes, repose-toi et reviens en force. Le chemin de la réussite n’est pas un ascenseur, c’est un escalier sinueux. Si tu n’es pas heureuse, tu n’es pas à la bonne place. Si tu n’as pas l’impression de travailler et que tu sens une énergie qui t’anime, c’est parce que tu l’es. Ne laisse personne voler ton rêve.

Comment qualifiez-vous la contribution des femmes à l’essor social et économique du Québec?

Bienveillante. La contribution des femmes apporte de l’humanité et de la chaleur. N’est-ce pas nous qui mettons les enfants au monde? Mettre une entreprise au monde, c’est un peu la même chose. Si on ne lui donne pas de l’amour, ça ne fonctionnera pas. La femme apporte un aspect d’entraide, d’écoute et de partage. La femme leader inspire la bienveillance. À long terme, je crois que ça fera avances les choses.

Sonia Gagné, architecte associée principale et membre de l’équipe de direction – Provencher_Roy

« Les jeunes femmes doivent se diriger vers les choses qui les inspirent. Sans passion, il n’y aura pas de succès! J’aimerais leur dire d’oser, de s’imposer et de prendre la place qu’elles ont envie d’occuper. ­»

Sonia Gagné

À quel moment l’architecte en vous a-t-elle envisagé de devenir chef d’entreprise?

C’est un intérêt qui a évolué au fil de mon engagement dans l’entreprise. Des prédécesseures – des architectes femmes qui ont marqué Provencher_Roy autant dans la conception que comme associées – m’ont inspirée et m’ont ouvert des portes. J’avais devant moi un chemin balisé qui m’a permis de me développer sans entraves.

On ne refait évidemment pas le monde toute seule. Les hommes à la tête de l’entreprise, dont le cofondateur Claude Provencher, ont encouragé la nomination de femmes dans des rôles importants et leur ont fait de la place. C’est cette culture d’entreprise qui m’a permis d’avoir cette évolution et de pouvoir à mon tour participer pleinement au développement de Provencher_Roy.

Que signifie la présence de votre entreprise à ce palmarès de Premières en affaires?

Avec l’arrivée cette année de nouvelles associées, la compagnie est maintenant majoritairement dirigée par des femmes. C’est donc une reconnaissance qui nous touche particulièrement. Notre présence dans ce palmarès célèbre, à mon sens, l’intelligence et l’audace des femmes en architecture. Je souhaite bien humblement que cela vienne les encourager à prendre la place qui leur revient dans la conception, la gestion et l’innovation des projets.

Comment qualifiez-vous la contribution des femmes à l’essor social et économique du Québec?

Les femmes ont eu – et continuent de jouer – un rôle crucial dans l’essor économique et social du Québec. Parlons plus précisément du domaine de l’architecture, où beaucoup de femmes ont, par exemple, milité pour la reconnaissance du travail de l’architecte dans l’industrie. Plus largement, elles ont aussi travaillé à faire reconnaître l’importance de l’aménagement urbain. Ces prises de conscience sont cruciales afin de mettre en œuvre des politiques et des actions concrètes en faveur d’une architecture de qualité, qui influenceront ensuite directement et positivement le quotidien de milliers de personnes.