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L’égalité vue par Gabrielle Boulianne-Tremblay

« Je suis féministe parce qu’on devrait toutes pouvoir faire ce qui nous plaît de nos corps, de nos poils, de nos cœurs. »

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Temps estimé de lecture :3 minutes

Bandeau :Photo : © Julie Artacho

Gabrielle Boulianne-Tremblay est écrivaine et comédienne. Reconnue pour son rôle dans le film Ceux qui font les révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau, elle obtient une nomination aux prix Écrans canadiens comme meilleure actrice de soutien. Une première pour une femme trans au Canada. En 2018 paraît son recueil de poésie Les secrets de l’origami chez Del Busso Éditeur. Gabrielle Boulianne-Tremblay a publié des textes dans diverses revues et un roman d’autofiction, La fille d’elle-même (Marchand de Feuilles, 2021), qui connaît un succès tant auprès de la critique que du public. Elle travaille actuellement sur un troisième recueil de poésie ainsi que sur deux romans.

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Trois mots qui décrivent pour vous le féminisme?

Nécessaire, amour, bienveillance.

Je suis féministe parce que…

Parce qu’à compétence égale et pour le même travail, en 2021, ce n’est pas normal d’être payées moins cher que nos homologues masculins. Parce que je ne devrais pas avoir peur de marcher seule dans les rues après le coucher du soleil. Parce que j’en ai marre de changer de trottoir chaque fois qu’un gars me suit. Parce que je voudrais marcher détendue et ne pas avoir les nerfs crispés quand je croise un gars, en me demandant s’il ne va pas faire une remarque déplacée sur mon physique. Parce qu’on devrait toutes pouvoir faire ce qui nous plaît de nos corps, de nos poils, de nos cœurs.

Avez-vous déjà été victime de harcèlement en ligne? Sous quelle forme?

Quand j’ai participé à l’émission Tout le monde en parle en 2017 pour démystifier la transidendité, j’ai reçu une pléthore de commentaires positifs, mais aussi quelques-uns négatifs qui avaient pour intention d’invalider la femme et la personne que je suis. On remettait en question ma santé mentale et on suggérait que « ce gars devrait être à l’asile pour reprendre le droit chemin ».

Je ne répondais pas aux commentaires de ce type, mais j’étais sincèrement émue de constater que les internautes leur répondaient en les incitant à évoluer. C’était inspirant et soulageant de voir des gens défendre les droits des personnes trans.

Le pire ennemi de l’égalité, c’est…

De penser qu’elle est là, qu’il n’y a plus rien à faire, que tout est déjà réglé. Il reste tant à faire…

Une pièce, un film, un livre ou une série à saveur féministe vous a particulièrement touchée?

Je suis encore hantée par la poignante pièce La fureur de ce que je pense, présentée à l’Espace Go en 2013. Orchestrée par Marie Brassard et Sophie Cadieux, la pièce était jouée par cette dernière et par Christine Beaulieu, Monia Chokri, Evelyne de la Chenelière, Johanne Haberlin, Julie Le Breton et Anne Thériault. Toutes incarnaient une facette de l’autrice Nelly Arcan, à son tour décortiquée à travers ses écrits. J’y ai vu la pluralité d’une seule et même femme, la pression sociale que nous subissons pour correspondre à certains idéaux… J’y ai vu la femme forte et philosophe, la poète maudite, la corporalité de nos expériences à travers le regard masculin. C’est selon moi une œuvre qui devrait revenir tant elle est encore d’actualité.