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L’égalité vue par Anne-Marie Olivier

Les rôles féminins du répertoire présentent souvent une vision réductrice des femmes, sont moins intéressants et ont été majoritairement écrits par des hommes.

Date de publication :

Interprète, autrice et metteuse en scène, Anne-Marie Olivier est une figure importante du théâtre à Québec. Depuis sa sortie du Conservatoire d’art dramatique de Québec en, elle a joué dans plusieurs productions, en plus d’écrire continuellement. En , sa pièce solo Gros et détail fut acclamée au Québec, en Europe et en Afrique. Cette œuvre lui a valu le prix d’interprétation Paul-Hébert aux Prix d’excellence des arts et de la culture de Québec, et le Masque du public Loto-Québec 2005. Dernièrement, elle a créé Venir au monde, entourée d’une remarquable équipe de concepteurs. Ce texte fut récompensé par le Prix littéraire du Gouverneur général dans la catégorie théâtre. Grâce à son audace, sa réflexion sur le répertoire et ses qualités de rassembleuse, Anne-Marie Olivier assure la codirection générale et la direction artistique du Théâtre du Trident depuis . Elle est également directrice artistique de la compagnie Bienvenue aux dames. Femme libre, Anne-Marie-Olivier nous parle aujourd’hui d’égalité.

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Quelle personnalité féministe vous inspire le plus?

J’aime beaucoup le travail de Monia Chokri, comme actrice, réalisatrice et scénariste, celui de Manal Drissi, pour ses prises de parole, et celui d’Aurélie Lanctôt. Ce sont des femmes qui apportent de la fraîcheur, de l’intelligence, de l’humour, de la conscience au monde et elles me font du bien.

Trois mots qui décrivent pour vous le féminisme?

Humanisme, égalité, affranchissement.

L’égalité entre les femmes et les hommes sera atteinte quand…

… il n’y aura plus de prostitution. Je pense qu’on ferme collectivement les yeux sur une situation absolument révoltante. Il y a des cas qui s’apparentent à de l’esclavagisme et ça se fait sous nos yeux, ici, chez nous. Ça me fait mal de voir des femmes en souffrir.

On retrouve encore du sexisme en théâtre? Donnez un exemple.

Oui, vraiment. Les rôles féminins du répertoire présentent souvent une vision réductrice des femmes, sont moins intéressants et ont été majoritairement écrits par des hommes. On peut encore aussi constater une certaine iniquité salariale. Les dépôts de projets sont également en grande partie réalisés par des hommes, et les postes de pouvoir occupés à un très haut pourcentage par eux.

Les exemples abondent et me désolent. Ce qui est plutôt aberrant quand, en fait, le public au théâtre est en majorité… féminin. J’essaie de faire avancer les choses chaque fois que je le peux, mais ce n’est pas aussi facile qu’on peut le croire. Il s’agit d’une question délicate et complexe, sur laquelle il faut travailler ensemble, en comprenant les causes et les conséquences de chaque choix.

Dans l’actualité, qu’est-ce qui vous fait le plus grincer des dents ces temps-ci en matière d’inégalité entre les femmes et les hommes?

Le recul épouvantable en ce qui a trait au droit à l’avortement. Cela m’affole et me révolte. Je ne comprends pas qu’une telle chose soit possible. Cela m’effraie et m’inquiète. Je suis féministe parce que ce serait une aliénation que de ne pas l’être… En ce sens, ma mère, qui pour moi est un exemple de force, de courage et de curiosité, m’inspire et me pousse toujours énormément à être une femme libre.