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L’égalité vue par Valérie Chevalier

L’égalité passe absolument par l’éducation. Comment prendre position et se battre pour quelque chose qu’on ne comprend pas, ou qui ne semble même pas exister?

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Touche-à-tout est un qualificatif qui sied merveilleusement bien à Valérie Chevalier. Les talents artistiques, elle les possède presque tous. On pourrait même dire qu’elle collectionne les titres en -ice : animatrice, actrice, improvisatrice et autrice n’en sont que quelques-uns… Pour la découvrir, ce ne sont pas les options qui manquent, vous n’avez qu’à sélectionner votre média préféré. La télé? C’est à l’émission Code F. (VRAK) que ça se passe. Le cinéma? Jamais trop tard pour voir ou revoir le film La petite reine. Les livres? Vous trouverez sans problème en librairie ou dans votre bibliothèque de quartier un de ses trois romans (Tu peux toujours courir, La théorie du drap contour, Les petites tempêtes), qui ont tous brillé au sommet des palmarès. Cette artiste multidisciplinaire est à l’image de sa génération et des personnages féminins auxquels elle donne vie dans ses écrits : résiliente, dynamique et éprise de justice sociale. Des éléments que vous reconnaîtrez également dans sa vision du féminisme, qu’elle dévoile ici avec authenticité et introspection.

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Trois mots qui décrivent pour vous le féminisme?

Évidence. Combat. Nécessaire.

Je suis féministe parce que…

J’ai vite compris que l’égalité, cette chose qui allait de soi dans mon enfance, n’était pas acquise pour tout le monde. Dernièrement, trois Salvadoriennes condamnées à 30 ans d’emprisonnement ont été libérées après 10 ans d’incarcération. Leur crime? Avoir fait une fausse couche, considérée par la justice comme un homicide. Le pire? Une d’entre elles était tombée enceinte à la suite d’un viol… Lire de pareilles atrocités me révolte tellement. Je manque de mots pour exprimer ma colère et mon indignation face à ce genre d’injustices. J’ai grandi dans un pays développé où j’ai pu apprendre et comprendre la gravité des inégalités dans le monde; je ne peux faire autrement qu’être féministe – une féministe qui rêve que l’égalité ne soit pas une utopie.

Le pire ennemi de l’égalité, c’est…

L’ignorance. Ces dernières années, des mouvements majeurs comme #moiaussi et #timeisup ont attiré l’attention de la population sur des problématiques dont la majorité ne saisissait pas l’ampleur et dont certains ne connaissaient même pas l’existence! Ce qui me rassure, c’est que de plus en plus de mots apparaissent pour définir tout ce que les femmes subissent au quotidien, comme le manspreading (étalement masculin) dans le métro, par exemple. Quand un homme explique quelque chose de façon condescendante à une femme, on peut maintenant parler de mansplaining. Lorsqu’il l’interrompt en raison de son genre, il s’agit de manterrupting. Utiliser les bons termes pour désigner le harcèlement fait aux femmes, c’est un premier pas vers l’égalité.

Le gros cliché gars-fille (à la maison, au travail, quand vous étiez enfant…) qui vous tombe le plus sur les nerfs?

Les femmes entretiennent la maison et s’occupent des enfants, l’homme rapporte les sous. Le modèle fonctionne certainement pour plusieurs, mais ceux qui l’appliquent d’emblée me révoltent! En 2019, une femme a le droit de recommencer à travailler rapidement après avoir accouché et un homme peut profiter de la totalité de son congé parental pour prendre soin de son enfant, et ce, sans être la cible de jugements!.

L’égalité entre les femmes et les hommes sera atteinte quand…

Nous cesserons d’élire des présidents misogynes (« Grab them by the pussynbsp; » de Donald Trump me hante encore). L’égalité passe absolument par l’éducation. Comment prendre position et se battre pour quelque chose qu’on ne comprend pas, ou qui ne semble même pas exister? L’éducation est la base de tout.