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Balados féministes : 10 projets audio à découvrir

Espaces médiatiques intelligents et pertinents

Date de publication :

Si, en 2017, le « mot de l’année » aux États-Unis était « féminisme », peut-être que celui de 2018 sera « balado » tellement cette forme de communication connaît un engouement sans précédent. Et, franchement, balado et féminisme, ça va très bien ensemble! En effet, de nombreuses voix s’élèvent pour discuter, dénoncer, affirmer, raconter et, surtout, réfléchir sur le sujet du féminisme en empruntant la voie des ondes. Le mot suscite-t-il dorénavant plus d’intérêt que de méfiance? Le fait est que de nombreuses personnes se lancent dans la fabrication de balados maison — ou dans un cadre plus professionnel — sur le sujet afin d’ouvrir les horizons… et les consciences! Petit survol de quelques balados féministes intelligents et pertinents.

« Made in Québec »

Visuel de Les Charlottes.

Elles comparent leur synergie à celle d’une crème glacée napolitaine (trois filles qui ne « fitent » pas ensemble, mais qui, jumelées, forment un amalgame alléchant). Elles discutent sans filtre de tous les sujets qui touchent, de près ou de loin, au féminisme. Chaque semaine, un projet féministe est mis de l’avant ainsi qu’une chanson qui n’a « pas de bon sens », section de l’émission pendant laquelle une des animatrices analyse une pièce musicale qui fera grincer des dents tout·e féministe le moindrement allumé·e. Leur guide de survie (chez la ou le garagiste, lors d’un déménagement, pendant un road trip) est aussi drôle et bien pensé.

Écouter Les Charlottes

Visuel de La puce à l'oreille.

C’est la toute première plateforme de baladodiffusion québécoise qui s’adresse aux enfants. Bien qu’elle ne soit pas consacrée exclusivement aux sujets féministes, elle propose Femmes et technologies, une série vraiment chouette sur les figures féminines importantes dans ce domaine trop souvent considéré comme masculin. En plus, les cinq épisodes disponibles ont été écrits et narrés par la jeune féministe Cassie L. Rhéaume, membre de l’organisme Ladies Learning Code, qui encourage les femmes à apprendre à coder, et, plus nouvellement, du Mouvement montréalais Les filles et le code, qui a pour mandat d’intéresser les filles à la technologie et de les encourager à envisager des métiers dans ce domaine.

Écouter La puce à l’oreille

Visuel de Les dessous féminins.

Animée par Coppélia LaRoche-Francoeur et Eugénie Lépine-Blondeau — qui est actuellement à la barre de Tricotées serrées à ICI Radio-Canada Première avec sa sœur Magalie Lépine-Blondeau —, cette émission se penche sur les femmes importantes qui forgent notre société et s’intéresse plus précisément aux questions de genre et au féminisme intersectionnel. Qu’on parle de santé sexuelle et reproductive, des Incels (les fameux involuntary celibates ou célibataires involontaires, des hommes célibataires et pas par choix, qui entretiennent une culture de hargne et de misogynie envers les femmes qui se refusent à eux), de la situation des femmes en Inde ou encore de congélation d’ovules, les animatrices décortiquent avec intelligence et pertinence l’actualité féministe, tout en recevant des invitées incontournables comme Martine Delvaux, professeure, essayiste, écrivaine et éditrice féministe, ou encore Camille Mongeau, l’une des instigatrices du projet web Les patronnes, sur l’ambition au féminin. Les dessous féminins propose même, sur leur page Facebook, un Petit guide pour débattre ou discuter en 9 points qui devrait être lu par plus d’un·e! (PS : on adore les choix musicaux de l’émission !)

Écouter Les dessous féminins

Visuel de Spotcast.

On le sait, la station CIBL en arrache financièrement depuis quelques années et essaie tant bien que mal de garder la tête hors de l’eau, même si sa fin a été annoncée à plusieurs reprises. Appuyée par de nombreux artistes et bénévoles qui la considèrent essentielle au paysage radiophonique québécois, elle renaît cet été de ses cendres encore fumantes avec une relance proposant, entre autres, Spotcast, une émission qui a pour thème les menstruations. Le premier épisode se penche sur leur histoire en offrant, entre autres, le témoignage fort intéressant d’une femme — la grand-mère d’une des animatrices — qui a eu ses premières règles dans les années 1940. Ouvertement féministe, le balado nous invite, entre musique engagée et discussions de fond, à réfléchir au tabou entourant les menstruations et à démystifier ce sujet qui fait de plus en plus jaser.

Écouter Spotcast

Visuel de F#.

Pour celles et ceux qui aiment la musique, ce balado, produit par Transistor – Festival de la radio numérique, est tout désigné. C’est une entrée intimiste dans l’univers de musiciennes québécoises qui se livrent à l’animatrice Marie-Hélène Frenette-Assad, elle-même autrice-compositrice-interprète originaire de Gatineau. Rencontres en douceur, tout en confidences, c’est un moment de pause pour se pencher sur la création au féminin, sur l’ambition et les différentes façons de vivre de son art quand on est une femme en musique.

Écouter F#

Visuel de Escales.

Comme beaucoup de médias se lancent dans la radio pour emporter, le journal Voir n’est pas en reste et offre la série Escales. La journaliste Alessandra Rigano y rencontre des entrepreneures et/ou des artistes d’ici qui font bouger les choses dans leur domaine respectif. Parmi celles-ci, on compte : Jasmine Catudal, tête pensante du Offta; Marie Davidson, musicienne, poète et créatrice multidisciplinaire; Cheryl Sim, commissaire et artiste, pour ne nommer que celles-là. Chaque rencontre (il y en a sept disponibles pour l’instant) nous offre une immersion, pendant près d’une heure, dans la tête et le cœur de ces femmes de talent.

Écouter Escales

De l’autre côté de l’océan

Visuel du festival de Un podcast à soi.

Proposé sur ARTE Radio, ce balado finement conçu et mené par Charlotte Bienaimé plonge au cœur du féminisme en parlant autant d’image corporelle et de grossophobie que de sorcières et de gynécologues. C’est un véritable petit bijou, fort agréable à l’écoute, construit avec brio. Il en émane quelque chose de très doux, d’intime et d’englobant. Une véritable « chambre à soi », comme l’écrivait Virginia Woolf, pour mieux réfléchir et développer sa propre idée du féminisme intersectionnel.

Écouter Un podcast à soi

Visuel de Quoi de meuf?.

Pilotée par deux jeunes journalistes françaises, Mélanie Wanga et Clémentine Gallot, cette création audio aborde plusieurs éléments d’actualité touchant les femmes. Elles sont drôles, parlent brillamment de questions aussi variées qu’utiles pour mieux comprendre les impacts du féminisme (ou de son absence) dans les nombreuses sphères de la culture populaire. On a vraiment l’impression d’être accoudé·e au bar ou au café et de prendre un verre avec deux amies.
Très sympa.

Écouter Quoi de meuf?

Visuel de Les couilles sur la table.

Prostitution, viol, contraception masculine, porno, #MoiAussi : les thèmes sont vastes dans ce balado français proposé par la journaliste et productrice Victoire Tuaillon. À l’aide d’entrevues, de recherches approfondies et de discussions fouillées avec des expert·e·s, on se penche sur tous les aspects qui touchent et définissent le genre. Et on réalise bien vite que ce qui constitue la masculinité et la féminité est, évidemment, relatif, subjectif et très teinté par les normes sociales.
Fascinant.

Écouter Les couilles sur la table

Visuel de La poudre.

Comme elle l’affirmait en entrevue chez L’OBS, Lauren Bastide ressentait le besoin de construire un espace médiatique entièrement féminin. Elle a donc lancé La poudre où, aux deux semaines, elle rencontre des femmes de tous horizons et de tous milieux — qu’ils soient politiques, artistiques ou militants — et passe près d’une heure à discuter de féminisme dans les angles les plus divers. De l’autrice Leïla Slimani, gagnante du Prix Goncourt 2016 pour son roman Chanson douce, à l’ancienne star du X et productrice de films pour adultes — et maintenant autrice — Ovidie, ou encore de la bédéiste Pénélope Bagieu à l’icône de la mode Garance Doré, les discussions filent et défilent avec finesse et intelligence.
Écouter La poudre

Et maintenant, à vous de découvrir vos balados féministes préférés!

Myriam Daguzan Bernier est autrice de Tout nu! Le dictionnaire bienveillant de la sexualité (Éditions Cardinal, ), créatrice du blogue La tête dans le cul, collaboratrice à Moteur de recherche sur ICI Radio-Canada Première et journaliste indépendante. Elle est également formatrice et spécialiste Web et médias sociaux à l’INIS (Institut national de l’image et du son). Actuellement aux études à temps plein en sexologie à l’Université du Québec à Montréal, elle prévoit devenir, dans un avenir rapproché, une sexologue misant sur une approche humaine, féministe et inclusive.