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Le filon féminin

Pas de chiffres ni d’objectifs précis en matière de répartition des sexes parmi le personnel de la multinationale Rio Tinto.

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Pas de chiffres ni d’objectifs précis en matière de répartition des sexes parmi le personnel de la multinationale Rio Tinto. Mais une volonté tangible d’introduire les femmes dans l’un des derniers bastions industriels masculins : la métallurgie. Développement durable oblige.

En février 2009, Rio Tinto Alcan – le secteur aluminium du groupe Rio Tinto – nommait une présidente et chef de la direction à la tête de son organisation, Jacynthe Côté. Suite logique de l’intégration progressive de femmes dans quelques divisions du groupe, une opération amorcée en 2003 avec l’embauche d’une femme au comité exécutif de Rio Tinto, Fer et Titane à Sorel- Tracy, une première en 35 ans !

Si les chiffres ne dévoilent pas l’avenir, ils révèlent certaines avancées significatives : en 2004, les femmes constituaient 24% des diplômés qu’embauchait Rio Tinto dans ses usines à travers le monde. Deux ans plus tard, ce chiffre grimpait à 39%. « Il y a trois ans, il n’y avait pas de femmes au comité exécutif, signale Dominique Beaudry, directrice exécutive de la santé, de la sécurité, de l’environnement et du développement durable chez Rio Tinto, Fer et Titane. L’an passé, deux femmes ont été nommées; je
suis l’une d’elles. »

La volonté de l’entreprise et ses initiatives pour attirer la main-d’œuvre féminine ont d’ailleurs été auréolées d’une récompense en novembre 2008, alors que le Comité sectoriel de main d’œuvre de la métallurgie du Québec remettait à Rio Tinto, Fer et Titane, usine des poudres le prix honorifique Hélène-Vandal, qui souligne l’engagement de l’industrie métallurgique à développer son accessibilité aux femmes.

Cette progression de la représentativité féminine chez Rio Tinto découle des objectifs inscrits au chapitre « Personnes » de la politique de développement durable de l’entreprise. Des objectifs qui, sans être assortis de recommandations ou de prescriptions particulières, ont tout de même nécessité des efforts pour mousser la candidature du géant minier auprès des femmes. En 2000, Rio Tinto, Fer et Titane a dû solliciter l’aide de l’organisme Femmes et métiers non traditionnels, qui a mis l’épaule à la roue en organisant des visites d’usines avec des candidates potentielles, notamment.

Une approche globale

Les efforts de Rio Tinto, Fer et Titane ont porté leurs fruits. L’équipe de production de l’usine des poudres compte désormais une demi-douzaine de femmes. « Un surintendant affirme que leur présence a rendu le travail plus “humain” et, selon lui, les employés sont portés à travailler davantage en équipe », souligne Mme Beaudry. Le milieu de travail ne s’est pas mué en eldorado professionnel pour autant : les tâches qui incombent à certaines employées ne leur conviennent pas, par exemple en raison du poids des charges à soulever. L’entreprise tente néanmoins de modifier l’ergonomie et l’aménagement de certains sites afin qu’ils soient adaptés aux capacités des femmes moins fortes. Un exemple qui illustre bien l’application de l’analyse différenciée selon les sexes (ADS), ce processus d’analyse qui
permet de discerner de façon préventive les effets distincts sur les femmes et les hommes que peuvent avoir certaines mesures, politiques ou conditions de travail. L’ADS est un outil servant à appuyer l’égalité entre les sexes qui peut être aussi profitable aux hommes qu’aux
femmes.

La politique de développement durable de Rio Tinto ratisse large : elle vise à favoriser la diversité, « que ce soit celle des sexes ou des origines culturelles », précise la responsable. « Il y a 10 ans, nous devions jongler avec des politiques pour plusieurs enjeux. La politique de développement durable englobe désormais diverses facettes, comme la diversité, mais aussi la sécurité de nos employés, les impacts de notre industrie sur la santé de la population et, bien entendu, la protection de l’environnement. Par exemple, au moyen d’un processus de séparation de la matière, nous avons mis en place un système de récupération du CO2 émis. Nous récupérons le monoxyde de carbone pour ensuite l’utiliser dans nos usines en remplacement du gaz naturel », explique Mme Beaudry.

Si la présence des femmes se trouve au cœur des nombreux enjeux de développement durable de Rio Tinto, tant mieux ! Car la main-d’œuvre féminine pourrait bien contribuer à la pérennité d’une industrie qui a tout à gagner à enrichir et à renouveler sa relève professionnelle.