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Votre microbiote vaginal est votre ami

Les bactéries du vagin, de précieuses armes de défense

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Après la flore microbienne de notre intestin, c’est au tour de notre microbiote vaginal d’intéresser les scientifiques. Ses colonies de minuscules alliées seraient d’une grande importance pour notre bien-être, mais aussi pour celui des nouveau-nés. Coup d’œil sur la vedette montante du domaine médical.

On sait depuis plusieurs années que pour prévenir les vaginites à levures, on doit privilégier les sous-vêtements de coton, se laver avec un savon doux et éviter à tout prix les douches vaginales. Pourquoi? Pour ne pas déséquilibrer notre flore vaginale, récemment renommée microbiote vaginal.

Mais la science évolue, les découvertes se multiplient, et le rôle des bactéries se révèle dans toute son ampleur. « Nous comprenons maintenant que les microbes qui vivent dans différentes parties de notre corps sont des communautés complexes, qui doivent être équilibrées pour fonctionner correctement et assurer notre santé à plusieurs niveaux. Quand elles ne le sont pas, des infections peuvent survenir », explique en entrevue la Dre Marie-Claire Arrieta, coautrice du livre Les microbes, nos alliés. Arrêtons d’aseptiser nos enfants (Éd. Trécarré, 2018).

Par exemple, prendre des antibiotiques ou des contraceptifs oraux peut affecter le microbiote vaginal et provoquer des mycoses et des cystites. Selon ce que disait sur France Inter* l’infectiologue Jean-Marc Bohbot, coauteur du premier ouvrage portant exclusivement sur le sujet (Microbiote vaginal : la révolution rose, éd. Marabout, 2018), il y a environ « un milliard d’infections vaginales ou urinaires dans le monde chaque année, et l’immense majorité sont liées à un déséquilibre de ce qu’on appelait autrefois la flore vaginale ».

Malheureusement, les traitements de ces infections sont souvent inefficaces, notamment parce qu’ils saccagent le microbiote du vagin. C’est pourquoi de nombreux scientifiques estiment que ceux-ci devraient être accompagnés de la prise de probiotiques, soit des bactéries qui viennent en renfort pour rééquilibrer le microbiote malmené. « Ceux qui contiennent la souche Lactobacillus acidophilus sont très utiles pendant la prise d’antibiotiques ou pendant un traitement contre une infection à levures, mentionne la Dre Arrieta. On peut ensuite continuer de les prendre pour éviter une récidive. »

Parmi les autres ennemis de taille du microbiote vaginal : les infections transmissibles sexuellement, qui « entraînent souvent de grands déséquilibres difficiles à traiter ».

Un impact sur la santé des enfants

Si un microbiote vaginal sain est bénéfique pour les femmes, il le sera aussi pour leurs enfants. De récentes études sur le sujet – elles se multiplient depuis cinq ans – ont démontré l’importance de ces bactéries pour la santé des nouveau-nés, et des adultes qu’ils deviendront.

« Quand ils naissent, les bébés sont totalement dépourvus de microbes. Le passage dans le vagin lors de l’accouchement leur fournit leurs précieuses premières armes de défense », explique la Dre Arrieta. C’est pourquoi ceux qui sont nés par voie vaginale ont généralement un meilleur système immunitaire que ceux nés par césarienne. Plus tard dans leur vie, ils seront aussi moins à risque de souffrir d’asthme, d’allergies, de diabète et d’obésité, et auront un meilleur métabolisme, note la médecin.

Le contact avec les sécrétions vaginales est désormais considéré comme très important, si bien que dans certains hôpitaux, on pratique le vaginal seeding sur les bébés nés par césarienne. Traduction : on trempe une compresse dans le vagin de la mère et on badigeonne la bouche, le nez, les yeux et la peau du nouveau-né, afin de lui fournir le plus de défenses possible.

La science commence à peine à découvrir l’étendue de l’implication des bactéries du vagin dans la santé des femmes et de leurs enfants… Mais déjà, on sait que ce tout petit monde a une influence capitale.