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Parce qu’on n’est pas faites en bois

La réappropriation de son sexe : dans le plaisir et dans le respect.

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Le sexe féminin est en vedette dans ce texte qui pointe dans deux directions un brin éloignées. Côté agrément, on discute du site OMGYes, qui nous permet de varier nos plaisirs solitaires. Côté obligations, on explore le site Gynéco Positive, qui recense des médecins et des gynécos qui traitent leurs patientes avec respect. Parce que dans un cas comme dans l’autre, il y a souvent des progrès à faire.

OMGYes : variations sur la masturbation

Des tutoriels de masturbation féminine en ligne, ça vous parle? Si on vous dit qu’ils sont réalisés sans enrobage sexy ni une once de vulgarité, et qu’ils mettent en scène des femmes comme vous et moi détaillant sans complexes leurs préférences en matière de caresses, ça vous convaincra sans doute de visiter OMGYes (pour « Oh my God yes »).

Car il faut bien l’avouer : on a toutes appris à se masturber à tâtons, guidées par notre instinct, pour finalement s’en tenir à la première technique satisfaisante. Mais pourquoi s’y cantonner quand on peut tester les vertus de La Surprise, de L’Edging (« la retenue ») ou de L’Approche indirecte, quelques-unes des routes direction orgasme que recense OMGYes?

Offerts en plus de 10 langues et créés avec l’aide de pédagogues et de sexologues, les tutoriels sont basés sur la plus vaste étude jamais réalisée sur le plaisir féminin. Certes, la première fois qu’on voit une des participantes couchée nue, vulve à l’avant-plan, nous décrire les mouvements qu’elle fait, la pression qu’elle applique, le rythme qu’elle adopte, on est un peu saisies. Mais on a vite envie de tester la chose, nous aussi.

Et avant de le faire pour vrai, on peut procéder à des simulations virtuelles, grâce à la vidéo tactile qui « transforme » l’écran de notre tablette ou téléphone en une vulve réagissant sous nos doigts. Mécanique, tout ça? Peut-être, mais c’est comme pour le piano : pour s’améliorer, on doit se prêter à différents types d’exercices.

Évidemment, le savoir récolté pimentera les plaisirs solitaires, mais aussi partagés. Preuve que les hommes aussi veulent apprendre : ils constituent la moitié des gens qui s’abonnent (car oui, il faut payer).

Les réactions à ce site ont été nombreuses, que ce soit dans Elle France, Le Nouvel Obs, Châtelaine, The Guardian, GQ ou MadmoiZelle – surtout après que l’actrice Emma Watson eut vanté les mérites d’OMGYes lors d’une rencontre publique avec Gloria Steinem en février 2016. Et entre les points de suspension et certaines expressions de gêne qui émaillent les textes rédigés sur le sujet, on réalise une chose : le plaisir féminin et celles qui le prennent en main causent encore aujourd’hui un certain malaise. Pour ne pas dire un malaise certain.

Site OMGYes

La saison 1 compte une cinquantaine de vidéos de moins de 4 minutes réparties sur 12 épisodes, et les saisons 2 et 3 sont en préparation.

Gynéco positive : du respect svp

S’insérer les talons dans les étriers de la table d’examen gynécologique puis s’écarter les jambes devant quelqu’un qui nous demande d’avancer les fesses encore un peu – sur le papier rugueux – figure rarement au palmarès des expériences les plus exquises. Mais plusieurs patientes y vivent en plus des situations désagréables qui transforment la visite en véritable épreuve. Commentaires paternalistes, remarques désobligeantes sur leur corps, manifestations de racisme ou de transphobie, refus de procéder à certaines interventions, insertion peu délicate du spéculum, manque d’information sur les gestes posés… Charli Lessard, qui travaille dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive, en a entendu, des histoires d’horreur. Et vécu aussi. D’où son idée de créer un répertoire de médecins de famille et de gynécologues recommandés par les usagères, témoignages à l’appui.

« J’ai eu des problèmes gynécologiques chroniques et j’étais incapable de trouver un ou une gynécologue capable de les traiter, mais encore pire, de prendre en considération mon orientation sexuelle ou qui je suis comme personne », dit-elle, racontant s’être aussi déjà vu refuser une ordonnance pour un anovulant sous prétexte qu’elle est lesbienne. « Pourtant, il y a d’autres raisons de prendre la pilule que la contraception : on peut vouloir régulariser ses règles, soulager l’endométriose, etc. »

Inspirée par le groupe français Gyn&co, elle a mis sur pied en février dernier un répertoire de médecins ayant une pratique positive et féministe. Comptant pour l’instant une cinquantaine de noms dans la plupart des régions du Québec, Gynéco Positive est bonifié au fil des candidatures soumises par les patientes. Pour recommander son médecin, on remplit un formulaire en ligne. Ses coordonnées seront ajoutées à la liste si les vérifications qu’effectue Mme Lessard ne révèlent rien de négatif à son endroit.

« Ce n’est pas une démarche pour dénoncer la pratique paternaliste et condescendante des médecins et des gynécologues, tient-elle à préciser. C’est un projet positif, car c’est important d’avoir des ressources, mais encore plus d’en créer une ensemble, surtout si elle peut inspirer les médecins à remettre leurs façons de faire en question. » Une manière de reprendre le pouvoir sur notre santé sexuelle et reproductive, en somme. Et qui servira à d’autres, en plus.

gynecopositive.com