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Collaboration unique entre le CSF et le milieu autochtone

Le besoin d’échanger… et le désir de mieux comprendre. Voilà que survient l’occasion d’élargir le savoir afin qu’il devienne source de pouvoir.

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Le besoin d’échanger… et le désir de mieux comprendre. Voilà que survient l’occasion d’élargir le savoir afin qu’il devienne source de pouvoir. Premier regard sur une recherche participative portant sur les femmes élues autochtones du Québec.

Au Conseil du statut de la femme (CSF), l’année a été un moment propice pour concrétiser un projet unique. À la demande du milieu autochtone et de concert avec lui, le CSF a mené une série de rencontres portant sur la réalité des femmes élues autochtones du Québec au sein des conseils de bande. Ces travaux ont permis de colliger de l’information sur une situation encore peu documentée au Québec, mais ils ont aussi donné lieu à une aventure extraordinaire, empreinte d’émotions et d’humanité.

Le nombre exact de femmes élues autochtones avait été recensé pour la première fois en , lors du premier rassemblement des femmes élues autochtones du Québec et du Labrador, auquel le Secrétariat aux affaires autochtones du Québec (SAA), le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien (MAINC) et le Conseil du statut de la femme participaient à titre d’observateurs. À cette date, l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) avait dénombré 80 femmes élues au sein des conseils de bande ou des conseils tribaux du Québec (les modalités électorales étant variées, ces chiffres sont sujets à changement). Étonnant, ce petit nombre soulignait l’absence de visibilité de ces femmes dans l’opinion publique québécoise.

Le tandem de recherche composé de Lorraine Bastien, originaire de Wendake et représentante désignée par le Groupe de travail des femmes élues autochtones du Québec de l’APNQL, et de Marc Rouillier, agent de recherche du CSF doté d’une expérience significative en milieu autochtone, est unanime : cette expérience s’est révélée unique et mémorable. « Ce fut une chance extraordinaire de pouvoir participer à une telle aventure, souligne Lorraine Bastien. Et ce que je retiens par-dessus tout, c’est l’amour que portent ces femmes à leur communauté. Malgré des conditions de travail difficiles et des ramifications multiples sur le plan politique, elles sont sereines, persévérantes et animées d’une énergie qui émane directement du coeur ! »

Le CSF innove

Pour cette étude, le CSF a pris la décision d’opter pour la recherche-action participative, une réalité méthodologique qui se marie bien au protocole de recherche de l’APNQL. Ce type de recherche se distingue notamment par le fait que les sujets deviennent elles mêmes participantes, et non des objets d’étude, car il favorise leur intégration à la conception et au développement de la recherche. « Comme son nom l’indique, la recherche-action vise le changement social. Souvent, elle doit conduire à une ou plusieurs actions. Idéalement, les participantes (ainsi que des personnes-clefs du milieu, et non seulement les chercheuses) […] ont leur mot à dire à chacune des étapes. Les résultats doivent mener à des actions concrètes pour qu’on obtienne des changements sociaux positifs. Souvent, le processus de recherche est en soi une expérience qui transforme les personnes qui y participent. »

C’est dans ce contexte, empreint de respect et d’étroite collaboration, que le Conseil du statut de la femme et le Groupe de travail des femmes élues de l’APNQL ont mené ces travaux. Des thèmes touchant les sphères privée et publique ont été abordés lors de ces rencontres, lesquelles étaient coanimées en français et en anglais par les cochercheurs. Les participantes avaient la possibilité de s’exprimer dans la langue de leur choix (français, anglais ou langue autochtone suivie de traduction libre — anglaise ou française). La consultante Lucie Gélineau accompagnait l’équipe de recherche pour la conseiller sur le plan méthodologique.

Se sont succédé une série d’échanges préliminaires pour mener à bien l’étude à laquelle toutes les élues ont été invitées à participer. L’objectif principal était de mieux connaître la réalité des élues autochtones du Québec, et ce, au moyen d’échanges avec elles et entre elles; plus spécifiquement, il s’agissait de comprendre les enjeux associés à ce rôle et d’en élaborer un portrait collectif.

Sept groupes de parole, composés de femmes élues de 8 des 10 nations amérindiennes présentes sur le territoire québécois, ont été réunis en et en . Des milliers de kilomètres parcourus sur la Côte-Nord, en Abitibi-Témiscamingue, à la Baie- James, dans les régions de la Capitale- Nationale et de la Gaspésie ainsi qu’à Montréal ont mené à la rencontre de femmes élues, autochtones et engagées, mais appartenant à des nations distinctes aux réalités diverses. Il faut savoir que dans les communautés autochtones, il existe plusieurs modes de désignation des représentants de la population (élections ou désignations en vertu du Code coutumier). « La plupart de ces femmes se connaissaient peu, voire pas du tout, précise Marc Rouillier. Elles ont généralement accordé beaucoup d’importance à se reconnaître entre elles avant d’exprimer les enjeux les concernant de près, notamment sur le plan de leur expérience en politique. Grâce à la tenue de groupes de parole, elles pouvaient se parler, être écoutées, ce qui leur permettait à la fois de se reconnaître et de tisser des liens. »

Au moment où la Gazette partait sous presse, ces travaux étaient pratiquement terminés et devaient faire l’objet d’échanges avec les femmes élues autochtones du Québec, conformément à la méthode de recherche retenue. Cette rétroaction leur permettra de convenir si elles reconnaissent, à partir du portrait établi par l’équipe de recherche, les propos qu’elles ont tenus et échangés, de même que les recommandations qui en sont tirées. Ensemble, elles exploreront les suites à donner aux travaux afin de déterminer les actions qu’elles pourraient décider d’entreprendre. Dossier que nous suivrons de près !