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Les médias au banc des accusés

Encore en 2010, les médias sont loin de contribuer à faire avancer la cause des femmes. Plus ça change…

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Depuis quelques années, on assiste à une recrudescence des messages à caractère sexiste dans les médias de masse, particulièrement ceux privilégiés par les jeunes, tels le Web, les magazines et la télévision. Sachant que les jeunes passent environ huit heures par jour à consommer différentes formes de médias, pas surprenant que l’on se demande si les messages qui y sont véhiculés ont une influence significative sur leurs comportements, notamment dans leur rapport à la sexualité. L’égalité entre les sexes risque-t-elle d’en souffrir? Encore en 2010, les médias sont loin de contribuer à faire avancer la cause des femmes. Plus ça change…

Le 20e siècle a été marquant pour l’histoire des femmes. Mais ces gains n’ont pas été acquis sans opposition. Si certains actes misogynes individuels ont marqué l’imaginaire collectif, telle la tuerie de Polytechnique, le ressac antiféministe s’est aussi opéré, mais d’une façon beaucoup plus subtile et perverse : dans les médias. Et le procédé a fonctionné.

En 2010, peu de jeunes femmes se qualifient de féministes par peur d’être perçues comme des lesbiennes frustrées aux allures masculines. Curieusement, quand je demande à mes amies de me donner un seul exemple de féministe répondant à ces critères, aucun nom ne leur vient en tête. D’où provient cette image négative des féministes? On peut facilement avancer que les médias ont leur part de responsabilité dans la fabrication de l’image erronée que beaucoup se sont faite des féministes.

L’un des messages que les médias envoient aux filles est le suivant : plaire aux garçons est l’objectif à atteindre. Et pour réussir, elles doivent être sexy.
L’intelligence est d’ailleurs souvent mise en opposition avec la beauté, la pornographie poussant cette vision dichotomique encore plus loin. Les médias ont un fort pouvoir d’influence et nombreuses sont les jeunes filles à reproduire les images qu’on leur présente. Le producteur des films pornos Girls Gone Wild l’a compris. Plusieurs filles sont prêtes à se dévêtir et à avoir des rapports sexuels devant la caméra, le tout gratuitement, dans le seul but de se voir confirmer leur statut de filles sexy.

Récemment, de nouveaux comportements sexuels ont été observés chez les jeunes. Il serait important de réfléchir aux motifs qui les animent. Par exemple, les filles prennent-elles vraiment plaisir à pratiquer la sodomie ou l’éjaculation faciale ou le font-elles pour plaire? La question se pose.

Évidemment, les médias ne sont pas les seuls outils de transmission des normes et des valeurs culturelles. La famille, l’école, les amis jouent aussi un rôle important. Mais une chose est certaine : les jeunes sont plus enclins à croire et à reproduire le contenu des médias puisqu’ils sont en plein processus de construction de leur identité et qu’ils n’ont pas encore développé pleinement leurs capacités à critiquer et à analyser.

Le plus dommage, c’est que les médias pourraient avoir une influence positive sur les filles. Par exemple, en leur présentant des modèles de femmes indépendantes qui cherchent à combler leurs propres désirs, besoins et aspirations, de même que différents modèles féminins, d’apparence et d’orientation sexuelle diversifiées, sans hiérarchiser ni l’un ni l’autre des modèles. À quand un véritable changement?