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Nathalie Brunet PDG fondatrice de brio!, une firme de génie-conseil spécialisée en chaînes d’approvisionnement

Depuis les débuts de sa carrière, la PDG de Brio! a réussi à fracasser, plusieurs fois plutôt qu’une,…

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Depuis les débuts de sa carrière, la PDG de Brio! a réussi à fracasser, plusieurs fois plutôt qu’une, le plafond de verre d’un domaine encore récemment dominé par les hommes : le génie. «Quand j’ai fait mon baccalauréat à Polytechnique à la fin des années 1980, nous étions 6 filles dans une classe de 70 », se rappelle Nathalie Brunet. Sitôt son diplôme obtenu, elle devient gestionnaire de production à l’usine du manufacturier Bionaire. Deux ans plus tard, elle entre à la Société de transport de la Communauté urbaine de Montréal (STCUM, aujourd’hui STM). Elle gravit rapidement les échelons jusqu’à hériter de la responsabilité du chantier de rénovation du métro, de 1995 à 2000. Tous ses collègues, ses supérieurs et ses employés sont des hommes.

« J’ai eu ce poste alors qu’un programme d’accès à l’égalité était en place. Tout le monde a conclu que j’étais là parce que j’étais une femme, ce qui a rendu ma tâche très difficile », confie-t-elle. L’adversité prend plusieurs formes. On doute de ses évaluations techniques et de ses capacités de gestion. Après certaines réunions où elle défend avec enthousiasme ses dossiers, des collègues viennent la voir en privé et lui demandent si elle va bien, sur un ton avec lequel on aborde les gens prêts à craquer. « Quand une femme s’exprime avec ferveur, émotion et passion, on conclut qu’elle est émotivement instable. D’un homme, on dit que c’est un leader »,
analyse-t-elle.

Malgré sa colère vis-à-vis de l’injustice, Nathalie Brunet tient bon. Elle accepte également de se plier à certains compromis pour se protéger. « Pour éviter d’être étiquetée comme provocatrice et sensuelle, j’ai opté pour une tenue vestimentaire conservatrice dominée par les tons foncés. Je refusais aussi d’accompagner mes collègues pour un verre ou un repas au resto après le boulot. » Isolement et compétition : tel fut son lot. « Pour passer à travers, j’ai développé des liens de complicité ailleurs qu’en milieu de travail. »

Cette expérience l’amène à porter un jugement très critique sur les programmes d’accès à l’égalité. « Je me sens ingrate, car c’est sans doute le programme d’accès à l’égalité de la STCUM qui m’a permis de devenir gestionnaire à un si haut niveau. Mais obtenir un poste de cadre dans ce contexte, c’est un cadeau empoisonné.» Selon elle, les femmes bien formées, compétentes et expérimentées devraient occuper les postes de gestion
à parité avec les hommes sans que des mesures semblables soient nécessaires. «Aucune raison, sauf la persistance des préjugés, ne saurait expliquer que les femmes doivent encore faire des preuves dont les hommes sont dispensés », insiste-t-elle.

Après son passage à la STCUM, Mme Brunet devient directrice de la
logistique chez Sobeys, puis vice-présidente, développement des affaires dans une firme de génie. Lorsqu’elle fonde sa première entreprise, en 2008, elle s’entoure d’une équipe qui correspond à sa vision et à ses valeurs. « Je ne suis ni pro-femmes ni pro-hommes. Je suis pour les compétences. L’homogénéité tue la créativité. La diversité apporte l’équilibre », résume-t-elle. La quinzaine d’employés de sa PME compte donc sur l’apport de femmes,mais également sur la contribution de plusieurs personnes d’origines et de cultures diverses. Une belle manière de s’ouvrir au monde.

Selon Nathalie Brunet, les entreprises ont tout à gagner des différentes façons de voir qu’elle observe chez les hommes et les femmes. « Alors que les hommes sont plus terre à terre et préfèrent s’appuyer sur des faits, nous entretenons une relation plus romantique avec l’avenir.Nous écoutons davantage notre instinct. »

La PDG de Brio! ne croit pas pour autant qu’il y ait un style de gestion plus humain parce que féminin. « Plus on grimpe, plus on se déshumanise. Quand on doit congédier quelqu’un, il faut le faire. Le style de gestion est plus lié aux valeurs de l’individu qu’à son sexe. »

Les programmes d’accès à l’égalité ont pour objectif d’éliminer la discrimination systémique dont sont victimes, de façon générale, certains groupes sur le marché du travail : femmes, minorités visibles et culturelles, autochtones et personnes handicapées. Ils accordent temporairement des avantages préférentiels aux groupes ciblés. Par exemple, lors d’un processus d’embauche, un membre d’un de ces groupes sera privilégié s’il a les mêmes compétences que les autres candidats. Ces mesures de redressement s’accompagnent d’une révision du système d’emploi afin d’éliminer les pratiques discriminatoires. C’est la Charte des droits et libertés de la personne qui encadre l’élaboration et l’implantation des programmes d’accès à l’égalité dans les entreprises québécoises.

Pour plus d’information, visité le site web du Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail.